Contrairement aux réunions parlementaires consacrées à l'élection du président de la République, et dont l'issue est connue d'avance à l'ombre du boycott pratiqué par les blocs du Hezbollah et du courant aouniste, le sort de la séance prévue ce matin afin d'approuver le projet de loi sur la grille des salaires demeurait inconnu hier en fin de soirée. Le suspense entretenu sur ce plan est dû principalement à la décision du bloc aouniste de prendre part à la réunion parlementaire et de voter en faveur du projet en question « à condition qu'il ne provoque pas la faillite de l'État », comme l'a souligné l'un des députés du CPL, Nagi Gharios. Le bloc des députés arméniens (qui fait partie du bloc aouniste) a lui aussi décidé de voter en faveur de la grille des salaires.
Est-ce à dire que le projet de loi sera finalement avalisé aujourd'hui ? Tout dépendra sur ce plan du quorum. S'il est atteint, le texte pourrait être voté, compte tenu de la position du bloc aouniste. Encore que le ministre Mohammad Fneiche (Hezbollah) a déclaré hier qu'il ne s'attendait pas à une issue positive à ce propos aujourd'hui. Il a relevé à cet égard que « les chiffres relatifs à la grille des salaires et aux sources de financement ne sont pas précis et ne représentent qu'un point de vue ». En clair, le ministre hezbollahi souligne que le projet de loi n'est pas encore mûr pour être voté.
En tout état de cause, le 14 Mars ainsi que les députés Nagib Mikati et Ahmad Karamé ne seront pas présents aujourd'hui dans l'hémicycle. Quant au bloc démocratique de Walid Joumblatt, il pourrait n'être représenté que par un nombre restreint de députés affiliés au Parti socialiste progressiste. M. Joumblatt lui-même pourrait s'absenter. Dans son éditorial hebdomadaire paru hier dans la revue de son parti al-Anba', il s'est montré d'ailleurs particulièrement critique à l'égard de la mouture actuelle du projet de loi sur la grille des salaires, dénonçant la surenchère « populiste » engagée sur ce plan et mettant en garde contre les retombées catastrophiques que pourraient avoir sur l'économie nationale l'approbation de l'échelle des salaires dans sa forme actuelle (voir par ailleurs).
Le bloc du courant du Futur a adopté hier soir une position similaire à celle de M. Joumblatt, affirmant, à l'issue d'une réunion présidée par M. Fouad Siniora, que le vote du projet de loi en question conduirait le pays à « l'effondrement économique » (voir par ailleurs).
Il reste que le Comité de coordination syndicale a décidé d'accroître la pression en appelant à un vaste rassemblement ce matin, à partir de 10 heures, devant le siège du ministère de l'Éducation. Le lieu fixé pour cette manifestation n'est sans doute pas fortuit dans la mesure où le CCS accuse le ministre de l'Éducation, Élias Bou Saab, de chercher à briser le mouvement de protestation des enseignants, dont les syndicats, rappelle-t-on, font partie du CCS. Le ministre a en effet affirmé hier que les examens officiels auront lieu bel et bien à partir de jeudi prochain, en dépit de la menace des enseignants de boycotter la tenue et la correction des épreuves. M. Bou Saab a ainsi invité les élèves à se rendre comme prévu dans les centres d'examen, à partir de jeudi, affirmant que les épreuves auront lieu conformément au calendrier rendu public par le ministère.
Liban
Grille des salaires : le flou persiste
OLJ / le 10 juin 2014 à 00h00
commentaires (3)
CORRECTION ! Merci : ".... quand même avec sa fabuleuse pseudo-démocratie conSensuelle, son pathétique Pacte National et son pseudo-droit institutionnel bancal est déjà sûrement profondément atteinte de simple parlementarisme banal...."
ANTOINE-SERGE KARAMAOUN
11 h 00, le 12 juin 2014