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Nos Lecteurs ont la Parole - Hiba KANSO

Au secours !

Réveillez-vous !
Oui, toi particulièrement, Libanais qui lis ces mots,
réveille-toi ! C'est inadmissible ce qui se passe aujourd'hui, insupportable, dégoûtant ! C'est inacceptable de laisser quelques personnes, ceux qu'on nomme politiciens, influencer nos pensées, nos opinions, nos actions et ainsi limiter nos ambitions. 8 Mars ou 14 Mars, quelle différence ?
Chacun de son côté accusera l'autre. Ça suffit !
Le Liban souffre et il n'y a là rien de nouveau ! Les propos des politiciens n'ont pas changé. Au contraire même : ils aggravent la situation alors qu'ils sont censés la calmer. Ce qui mène le Liban à l'anarchie, c'est moi, c'est vous et tous les autres. On est tous coupables, on n'est pas des victimes innocentes.
Qui écoute les politiciens ? Qui vote à chaque consultation populaire pour eux ? Vous voulez la paix, vous voulez la sécurité, l'indépendance, vivre en commun et être unis ? La paix, c'est avant tout aimer le prochain, l'accepter tel qu'il est, différent dans ses pensées, d'une opinion différente, avec sa culture et ses croyances à lui. C'est ainsi qu'on vivra en sécurité.
Être indépendant, c'est reconnaître les erreurs du 8 Mars même si on le soutient ; c'est reconnaître les points positifs dans le discours du 14 Mars même si on est contre eux. L'erreur est humaine. Ce n'est pas honteux d'avouer que Samy Gemayel s'est trompé lorsqu'il a dit que « cette université est celle de Béchir et elle le restera ». Le fait est que cette université est à tous les Libanais, sans aucune exception. Ce n'est pas honteux non plus d'avouer que le Hezbollah s'est trompé lorsqu'il s'est impliqué dans les combats en Syrie et a mené le Liban vers une sorte d'anarchie, même s'« il n'avait pas le choix ». C'est ça être indépendant, avoir le courage de s'exprimer pour un seul but : dire la vérité et, au Liban, pour changer les choses.
Ce qui fait le plus mal, c'est de voir les jeunes d'aujourd'hui s'engager sur la voie tracée par nos anciens, avec les mêmes idées, les mêmes mots, comme si ne leur avaient pas suffi les ravages et les ruines qui ont eu lieu jusqu'à ce jour. Si on ne change pas, qui va le faire ? En rectifiant les erreurs des politiciens d'aujourd'hui, nous-mêmes nous risquons de nous tromper. Ce que la génération qui viendra après la nôtre s'emploiera à rectifier. La vie continue, et on ne donne même pas au Liban la chance de suivre ce développement ; on est en train de détruire ce pays, jour après jour, année après année, depuis 75 ans.
Que voulez-vous donc, des millions de Mohammad Chaar pour vous rendre compte de ce qui se passe ?
Il y a eu plusieurs victimes, des explosions dans la banlieue sud, à Tripoli et maintenant dans le centre-ville. Mais lui, c'est une autre histoire. Il était heureux, plein d'espoir, prenait une photo avec les amis, ne pensait qu'aux beaux moments à passer, il était libre, il avait confiance en sa ville, sa chère Beyrouth, il avait confiance en son pays, censé lui garantir l'avenir brillant dont il rêvait et dont nous rêvions tous. Et c'est en moins d'une minute que tout cela se termine...
Ses parents l'attendaient, comme nos parents nous attendent lorsque nous sortons. Ç'aurait pu être moi, vous, des amis, de n'importe lequel d'entre nous. Ça pouvait être mon histoire. Mohammad Chaar nous représente tous, il représentait les lendemains de ce pays. Mais il a laissé derrière lui l'image d'un pays horrible. Aujourd'hui, Beyrouth ne représente que le sang des jeunes innocents, toujours victimes des problèmes de ceux qui gouvernent, victimes de leur choix, victimes de leur égoïsme.
Je ne vois plus en Beyrouth la ville que j'aime, dans laquelle je me sentais libre, folle de joie. Je ne vois plus clairement mes rêves, pas d'avenir. Je sens plus que jamais l'insécurité, je sens en moi l'envie de tuer de mes propres mains tous les politiciens qui prétendent vouloir la paix, la sécurité. Si vous ne respectez pas les opinions des autres, la religion d'autrui, où donc est votre humanité ? Vous êtes en train de tuer votre frère !
Et c'est toujours la même question : jusqu'à quand ?
Jusqu'à ce qu'on se réveille. Le Liban est un pays démocratique, le premier et dernier mot nous revient, nous les Libanais. Lorsque nous aurons le courage de dire : c'est notre faute. Lorsque nous cesserons de voter pour le 14 ou le 8 Mars, nous aurons fait le premier pas vers le changement.
Mohammad, nous allons poursuivre le chemin, le tien, nous allons contribuer à sauver ce pays, à sauver Beyrouth qui nous implore de voler à son secours, nous les jeunes, musulmans, chrétiens, tes représentants ; nous allons, pour toi et pour les victimes innocentes, être unis, faire de l'humanité notre seule religion, pour en finir avec les politiciens, regagner le Liban, notre chère Beyrouth. Nous n'allons pas perdre espoir, nous n'allons pas te pleurer, toi qui n'aurais jamais perdu l'espoir ni le sourire.
Il faut détruire ces barrières qui nous éloignent les uns des autres et nous empêchent de vivre ensemble en paix.
Il faut s'aimer avant d'aimer le Liban.

Hiba KANSO
Étudiante, 1re année droit

Réveillez-vous !Oui, toi particulièrement, Libanais qui lis ces mots,réveille-toi ! C'est inadmissible ce qui se passe aujourd'hui, insupportable, dégoûtant ! C'est inacceptable de laisser quelques personnes, ceux qu'on nomme politiciens, influencer nos pensées, nos opinions, nos actions et ainsi limiter nos ambitions. 8 Mars ou 14 Mars, quelle différence ?Chacun de son côté accusera...

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