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Campus - La parole aux jeunes

Si j’étais président de la République...

Faute de quorum, de consensus, de bonne volonté nationale, de candidats dont l'intégrité n'est pas contestée, etc., beaucoup d'écueils se dressent sur la voie de l'élection présidentielle au Liban. Qu'en pensent les jeunes ? Et si l'un d'eux était président ? Que ferait-il ?

Des étudiants à l’Université de La Sagesse en plein débat politique.

Campus a fait le tour des universités pour dresser un état des lieux en cette période où, en principe, devrait être élu un nouveau président de la République. Un pays sur le gril engendre des générations qui appréhendent la moindre échéance constitutionnelle. Les jeunes ont déposé les armes tout en ayant la conviction que la réforme, l'État de droit, la laïcité, les droits de la femme, la vraie démocratie non monnayée à tout bout de champ, etc., restent des titres d'une mouvance citoyenne qui demeure stérile. Le système politique décati n'est plus populaire parmi les jeunes. Ceux-ci sont unanimes à dénoncer le confessionnalisme, le clientélisme, la féodalité, la corruption et la bureaucratie.


Toutefois, certains d'entre eux se positionnent en bretteurs, prêts à défendre l'honneur d'un homme politique lambda, comme si cet honneur dépendait de la sienne. Un universitaire de la faculté de sciences de l'UL à Fanar s'est même emballé, en voulant garder l'anonymat : « Si je reste au Liban, c'est parce que je crois à cet homme politique! Il est l'espoir de notre patrie et le symbole de la résistance.» Déclaration qui s'oppose à celle de Nadim Abillama, étudiant en business à l'AUB, qui affirme : « Il faut prendre l'initiative, en tant que jeunes, d'œuvrer pour l'établissement d'un programme de réforme loin des luttes partisanes. » Angéla Saïd, 20 ans, étudiante à la faculté des lettres de l'USEK, croit en la nécessité de donner un coup de balai à tous les partis politiques qui sont présents actuellement sur la scène.

 

Fidélité ou liberté ?
Entre appartenance inconditionnelle et fidélité aux partis, acteurs incontournables sur la scène politique libanaise, et affranchissement de toute allégeance politique, féodale ou confessionnelle, les aspirations des jeunes sont partagées. Mais, s'il leur était possible d'être président de la République, ne serait-ce que pour un jour, que feraient-ils ?


Sarah Kmeir, 20 ans, étudiante en 2e année à la faculté d'agronomie de l'USEK, confie : « Si j'étais présidente de la République j'aurais essayé de faire bouger les choses au Parlement, parce que nombreuses sont les lois qui moisissent depuis longtemps dans les tiroirs de la Chambre. » Marianne Younès, étudiante à la faculté de gestion de l'Université de La Sagesse, assume : « La présidence est devenue une instance honoraire. Le président de la République libanaise est prisonnier des forces régionales et internationales. Toutefois, s'il m'était donné d'être présidente, je bannirais toute arme illégale sur le territoire libanais et fais voter une loi parfaite qui protège la femme de la violence domestique. » Élie Harran, 20 ans, étudiant à l'USJ, aimerait établir l'égalité entre les Libanais en comblant le fossé qui existe entre eux, et que les confessions et les différences sociales ne cessent de creuser. Cyril Badaoui, 22 ans, étudiant en droit à l'Université de La Sagesse, déclare : « Dans une république qui ne respecte pas les droits de l'homme, où il n'y a ni Sécurité sociale ni garanties pour les retraités, où les droits de la femme sont ignorés et où la femme est maltraitée publiquement, où le mariage civil est un mirage, je commencerais par m'attaquer à toutes ces lacunes afin de redorer le blason de l'État libanais ; afin aussi d'inventer un nouvel État ! »
Sami I., architecte de 26 ans, aimerait épurer la mémoire libanaise des relents de la guerre en commençant par la réconciliation entre les différentes tranches du peuple. Sur une note (tragi)-comique, Julio Eid, étudiant à la faculté de gestion de l'USEK, confie : « J'aurais légalisé la culture du cannabis après avoir lancé une bombe atomique sur l'ensemble des hommes politiques au Liban ! »


Nos jeunes ont peut-être perdu le nord. Cela ne les empêche pas, au contraire, d'avoir beaucoup de projets, malgré les rêves qui ne se sont jamais concrétisés... À quand leur intégration dans la vie politique? Seraient-ils en train de s'adresser à des dirigeants qui ne les écoutent même pas? Ou jouiraient-ils, un jour, d'un État qui serait à la hauteur de leurs aspirations ?

Campus a fait le tour des universités pour dresser un état des lieux en cette période où, en principe, devrait être élu un nouveau président de la République. Un pays sur le gril engendre des générations qui appréhendent la moindre échéance constitutionnelle. Les jeunes ont déposé les armes tout en ayant la conviction que la réforme, l'État de droit, la laïcité, les droits de...

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