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Moyen Orient et Monde - Le point

Le dialogue, malgré tout

Sans doute est-il trop tôt pour parler de normalisation. Mais le risque paraît s'estomper d'une poursuite du stérile bras de fer que subit la région depuis de longues années. En trois membres de phrase dont chaque mot a été soigneusement pesé, le chef de la diplomatie saoudienne vient d'inviter à Riyad son homologue iranien, précisant : « Nous allons négocier en espérant que nos divergences, si elles existent, seront aplanies. » À Téhéran, c'est à un vice-ministre, Hossein Amir Abdollahian (en charge des Affaires arabes et africaines), qu'a échu le soin d'accueillir « favorablement » l'idée, même si « elle n'a pas été formulée par écrit ». Il n'empêche : la blogosphère n'a pas tardé à s'enflammer, échafaudant des supputations sur l'ère de calme et de prospérité qui attend ce Moyen-Orient si hautement inflammable (l'excès de pétrole est nuisible à la santé des peuples).


On n'en est pas là, pas encore, tant il est vrai que la République islamique et le royaume wahhabite avancent à pas comptés, soucieux qu'ils sont de ne pas commettre d'impair. On ne manquera pas de souligner toutefois que pareille démarche ne s'improvise pas, qu'il est de notoriété publique que des contacts étaient en cours depuis quelque temps, que le secrétaire d'État John Kerry s'est dépêché de bénir le projet, et surtout que la coïncidence avec la présence depuis hier dans la capitale du royaume wahhabite du secrétaire américain à la Défense Chuck Hagel n'est pas fortuite.


Les premier contact entre le président Hassan Rohani et le roi Abdallah ben Abdel Aziz remontent à l'année 2005, quand le premier n'avait pas encore succédé à Mahmoud Ahmadinejad et que le second attendait d'accéder au trône. Au lendemain de la présidentielle de juin 2003, un lien plutôt ténu avait été noué mais sans aller plus loin qu'un échange de messages. Depuis, la situation régionale s'est aggravée au point de devenir explosive en plusieurs points, Bahreïn, Irak, et Syrie en particulier, avant de paraître se calmer quelque peu, sans doute sous l'effet d'un état des lieux qui pousse les deux camps à faire preuve de retenue dans leur humeur guerrière et qui pourrait se résumer ainsi : plutôt que de s'entêter à suivre une politique qui en fait deux perdants, mieux vaudrait procéder à une révision qui ferait d'eux des gagnants. C'est ainsi que, comme par magie, un gouvernement a vu le jour au Liban, Manama a retrouvé le calme, des arrangements sont concoctés en Syrie dans le même temps que l'Iran – les petits pas dans les négociations sur le nucléaire ayant fait leurs preuves – récupère progressivement un semblant de légitimité aux yeux du monde dit libre.
La rencontre Saoud el-Fayçal-Mohammad Javad Zarif sera la première à ce niveau entre les deux poids lourds proche-orientaux depuis l'avènement de ce que l'on s'obstine à qualifier, plutôt pompeusement, de « printemps arabe ». Reconnaissons que, depuis la « révolution du jasmin » en Tunisie, l'euphorie a fait place à de sanglantes guéguerres entre bandes rivales, ponctuées de razzias, nourries de rapines et observées – avec une anxiété que l'on peut imaginer – par un Occident menacé par le retour au bercail de bien étranges « combattants d'Allah ».


Comment parler de package deal quand les plaies demeurent ouvertes ici et là? Où s'arrêtera la course aux armements qui grève les budgets et fait l'affaire des seuls marchands européens, russes et surtout américains ? À titre d'exemples, une fois réglée la question du programme nucléaire de la République islamique, il restera celle des missiles balistiques de ce pays. Il restera aussi, s'agissant de l'Arabie saoudite, les marchés conclus avec une inquiétante régularité, le dernier en date représentant pour une ardoise de 86 milliards de dollars des avions et des hélicoptères de combat, des bombes et un système de défense ultrasophistiqué. Il restera enfin, pour la Syrie, l'Irak, le Yémen et quelques autres, un immense chantier de reconstruction dont la réalisation nécessitera des années.


Abdallah el-Askar, président de la commission des Affaires étrangères du Conseil saoudien de la Choura : « Nous ne pouvons ignorer que l'Iran est une nation voisine ; on ne combat pas la géographie même si cela ne veut pas dire que nous approuvons la ligne de conduite suivie par ce pays. » Il aurait pu ajouter : « C'est pour cela d'ailleurs que nous choisissons de dialoguer. » Sur le papier, les chiffres de l'économie sont éloquents. Les réserves en devises étrangères de l'Arabie saoudite se montent à 538 milliards de dollars contre 105 milliards à l'Iran ; le PIB de la première est de 567 milliards contre 500 et une population de moins de 30 millions pour l'une, d'un peu moins de 80 millions pour l'autre.
Conclusion : négocions...

 

Sans doute est-il trop tôt pour parler de normalisation. Mais le risque paraît s'estomper d'une poursuite du stérile bras de fer que subit la région depuis de longues années. En trois membres de phrase dont chaque mot a été soigneusement pesé, le chef de la diplomatie saoudienne vient d'inviter à Riyad son homologue iranien, précisant : « Nous allons négocier en espérant...

commentaires (1)

Il faut que je vous l'avoue M. Merville , vous ecrivez bien , pas de parti vraiment pris , du type aimant hezbo pour les salafistes , ni nous dire que le rechauffement climatique provient d'une intensification des activites des gardiens de la revolution au Sud Liban . On a envi d'apporter notre pierre a votre edification epistolaire ( je fais du Ziad Makhoul !) , pour dire que le feu vert est donne par le commanditaire yanky a son vassal binsaoud et comme on ne discute pas les ordres du boss , la binsaoudie est en plein remaniement ministerielle, ( faisons semblant de croire qu'ils ont des ministres !!) après le limogeage de bandar la crapule , suite a des defaites repetitives en Irak , Syrie et Liban ( on va pas s'oublier ) . Le PIB que vous nous donnez est une decouverte et sa signification donne un sens au niveau de corruption dans chaque etat , et comme vous le dites si bien en conclusions : negocions , pour se renflouer un peu , après un etat des lieues .Merci Christian, si vous permettez !

FRIK-A-FRAK

11 h 42, le 15 mai 2014

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Commentaires (1)

  • Il faut que je vous l'avoue M. Merville , vous ecrivez bien , pas de parti vraiment pris , du type aimant hezbo pour les salafistes , ni nous dire que le rechauffement climatique provient d'une intensification des activites des gardiens de la revolution au Sud Liban . On a envi d'apporter notre pierre a votre edification epistolaire ( je fais du Ziad Makhoul !) , pour dire que le feu vert est donne par le commanditaire yanky a son vassal binsaoud et comme on ne discute pas les ordres du boss , la binsaoudie est en plein remaniement ministerielle, ( faisons semblant de croire qu'ils ont des ministres !!) après le limogeage de bandar la crapule , suite a des defaites repetitives en Irak , Syrie et Liban ( on va pas s'oublier ) . Le PIB que vous nous donnez est une decouverte et sa signification donne un sens au niveau de corruption dans chaque etat , et comme vous le dites si bien en conclusions : negocions , pour se renflouer un peu , après un etat des lieues .Merci Christian, si vous permettez !

    FRIK-A-FRAK

    11 h 42, le 15 mai 2014

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