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Moyen Orient et Monde - Le point

Demain, la démocratie

« Vous écrivez qu'aucune voix n'est plus forte que la liberté d'expression. Ça veut dire quoi? » Le propos, formulé d'un ton calme, a laissé pantois la vingtaine de journalistes de la presse écrite venus interroger l'ex-maréchal et probable futur président, et qui ont dû écouter, quatre heures durant, un monologue sur l'avenir immédiat de l'Égypte, son économie, les rapports avec le peuple et le sort qui attend les Frères musulmans. La confrérie cessera-t-elle d'exister sous son mandat ? Réponse : un « oui » laconique du tombeur de Mohammad Morsi.


Abdel Fattah el-Sissi, on l'a compris, est un homme d'action qui, pour évoquer les grands thèmes socio-économiques, a des accents quasi churchilliens, parlant d' « efforts à l'échelle nationale », avouant n'avoir pas de remèdes miracles à la pauvreté, au chômage, ni même à l'insécurité, mais n'en attendant pas moins de ses concitoyens des « sacrifices ». Malgré ce programme, bien peu attrayant, le candidat à la présidentielle des 26 et 27 mai est assuré d'être élu dans un fauteuil face à son unique adversaire, Hamdeen Sabbahi, nassérien autoproclamé, dix-sept fois emprisonné sous Sadate puis Moubarak, et poète à ses heures.
En élisant dans deux semaines un militaire, le plus peuplé des pays arabes restera fidèle à ce qui est devenu une tradition : excepté Morsi, ses prédécesseurs sont issus de l'académie militaire sise à Héliopolis. Autre point commun : à un moment ou à un autre de leur mandat, ils ont eu à faire face à des « mouvements divers » fomentés par les héritiers de Hassan el-Banna, réagi en embastillant les trublions, décidément dangereux, sans jamais accepter, officiellement du moins, de composer avec eux. Tôt ou tard, l'hydre finissait par renaître et même par prendre du poids, dans les universités notamment.


C'est sans doute à ce phénomène, qui a essaimé ces dernières années dans le monde arabo-musulman, que le nouveau maître de l'Égypte songeait en déclarant à ses invités, appelés à répandre la bonne parole : « Compte tenu des spécificités de notre pays, il faudrait 20 à 25 ans pour instaurer une démocratie à l'égyptienne. » Avis aux optimistes à tout crin tentés de chausser leurs lunettes roses sous prétexte que le changement, c'est maintenant. La prévision était doublée d'un conseil donné aux journalistes : « Durant les quatre mois à venir, lorsque vous avez une information, un sujet, glissez-en un mot à l'oreille d'un responsable plutôt que d'aller l'exposer en plein jour. »


Cas d'étude pour les candidats à Sciences po : comment parvenir à la démocratie, sachant que celle-ci s'apprend pour ainsi dire sur le tas, quand son exercice vous est interdit ? Mais aussi comment continuer d'admettre comme évidence la prééminence des Frères musulmans devant la montée en puissance, dans un Proche-Orient où le fameux printemps a lamentablement échoué, de mouvements extrémistes tel le salafisme, tant il est vrai que la réislamisation de la société a pris une direction beaucoup plus rigoriste ? Et l'on s'étonnera après ça que l'opinion publique se tourne vers l'armée... Il reste toutefois à se poser la question de savoir si la « grande muette » n'a pas délibérément laissé faire l'extrémisme pour mieux se poser en arbitre puis, dans un second temps, passer du rôle de faiseuse de roi à celui de roi.


Un mois après le coup de force militaire, une organisation non gouvernementale américaine prenait l'initiative de publier sur son site – www.judicialwatch.org – un mémoire de onze pages consacré à l'Égypte. Extraits : « Idéalement, les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire devraient tenir compte, dans l'exercice de leurs fonctions, des croyances islamiques. » Ceci encore : « La démocratie au Moyen-Orient présente peu de ressemblance avec la démocratie occidentale. » Et enfin : « Il existe des raisons valables qui poussent un autocrate à réfléchir par deux fois avant de renoncer à contrôler le droit de vote. » Au nombre desdites raisons : la sécurité interne et externe, mais aussi « la nécessité d'éduquer le peuple ». L'auteur : un certain Abdel Fattah el-Sissi, alors en stage (nous sommes en 2006) à la US Army War College.


Depuis le 8 mai, on sait ce qui occupe les esprits : savoir, à en croire une vidéo dont fait état le quotidien israélien Haaretz sous la plume de Khaled Diab, si la mère du futur chef de l'État est ou non juive. Et pour faire bonne mesure, le commentateur relaie le bobard sur Gamal Abdel Nasser qui aurait passé une partie de son enfance non loin du quartier juif du Caire, jouant à l'occasion avec... Moshé Dayan. Devant des Ikhwan réduits à se battre avec de telles armes de combat, il ne faudrait pas se plaindre si demain le favori du peuple venait à l'emporter.

« Vous écrivez qu'aucune voix n'est plus forte que la liberté d'expression. Ça veut dire quoi? » Le propos, formulé d'un ton calme, a laissé pantois la vingtaine de journalistes de la presse écrite venus interroger l'ex-maréchal et probable futur président, et qui ont dû écouter, quatre heures durant, un monologue sur l'avenir immédiat de l'Égypte, son économie, les rapports avec...
commentaires (1)

Etonnant que cette election qui va voir un candidat elu a 99,9999999999% ne soit pas condamnee par l'occicon et les cervelles endommagees , et etonnant que ces memes cervelles ne parlent pas de 2 faces d'une meme piece entre les ikhwans et les salafistes que combat SiSSi..!! Peut etre parce que l'aimant hezb resistant est inexistant a cet endroit !!!

FRIK-A-FRAK

10 h 43, le 13 mai 2014

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Commentaires (1)

  • Etonnant que cette election qui va voir un candidat elu a 99,9999999999% ne soit pas condamnee par l'occicon et les cervelles endommagees , et etonnant que ces memes cervelles ne parlent pas de 2 faces d'une meme piece entre les ikhwans et les salafistes que combat SiSSi..!! Peut etre parce que l'aimant hezb resistant est inexistant a cet endroit !!!

    FRIK-A-FRAK

    10 h 43, le 13 mai 2014

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