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À La Une - Syrie

"Comme en Europe, on reconstruira après la guerre"

La campagne présidentielle débute dimanche dans les secteurs contrôlés par le régime.

Une femme pleure sur la tombe du jésuite néerlandais Frans Van der Lugt assassiné début avril devant sa maison dans la vieille ville de Homs, où il était resté malgré la faim et les bombardements. Khaled al-Hariri/Reuters

Des milliers de civils syriens sont retournés samedi dans les ruines de la vieille ville de Homs, tentant de sauver le peu qui reste dans leurs maisons détruites par deux ans de combats féroces entre rebelles et soldats.

Ce retour a été rendu possible par la conclusion d'un accord inédit entre les belligérants au terme duquel près de 2.000 rebelles exsangues ont été évacués du Vieux Homs assiégé et bombardé quasi-quotidiennement par les troupes du régime pendant plus de 24 mois.
L'armée, qui contrôlait déjà 80% de la ville (centre), a pu entrer vendredi dans l'ex-bastion rebelle. Les insurgés ne contrôlent plus que le quartier de Waer à Homs, et des négociations pour leur retrait sont en cours. Avec cette prise de la quasi-totalité de la troisième ville du pays en guerre, le régime se targue d'une "victoire" à l'approche de l'élection présidentielle controversée du 3 juin que le président Bachar el-Assad remportera sauf surprise.
La campagne électorale débute dimanche dans les seuls secteurs contrôlés par le régime, le scrutin étant qualifié de "farce" par l'opposition et ses alliés occidentaux.

Après la proclamation par le gouverneur Talal al-Barazi que le Vieux Homs est désormais "sûr et totalement libéré des hommes armés", des milliers de civils -hommes, femmes et enfants- y sont entrés pour inspecter ce qui reste de leurs logements ou commerces.

"Laissez-moi tranquille"

A vélo ou à motos, certains emportaient ce qu'ils ont pu trouver comme vêtements et autres affaires, abandonnés lors de leur fuite il y a deux ans, selon une journaliste de l'AFP sur place.
"Mon mari a retrouvé notre maison détruite. Nous sommes revenus prendre nos affaires", affirme à l'AFP Rima Battah, 37 ans, en emportant cinq sacs.

Beaucoup d'habitants ont refusé de parler à la presse. "Laissez-moi tranquille", a lancé un homme au bord des larmes, en poussant une carriole avec des pièces de sa voiture endommagée.

 



Nawal al-Masri, 51 ans, a, elle, perdu son atelier de couture. "Tout est détruit, toutes les machines à coudre ont été volées, même le réfrigérateur et le générateur ont disparu", se lamente-t-elle. "Je n'ai retrouvé que mes ciseaux".

Alors que la plupart des logements sont inhabitables, la Chambre de commerce de Homs a créé un "fonds de secours" de l'ordre de près de 600.000 dollars en vue de reconstruire le centre-ville, appelant des donateurs à y contribuer.
"S'il y a de bonnes intentions le Vieux Homs sera reconstruit dans un an", lance Abou Rami Abaibo, un commerçant. "Comme au Vietnam, au Japon, en Europe, on reconstruira après la guerre. C'est comme s'il y avait eu un tremblement de terre et maintenant c'est fini".

Exode et eau coupée

Des images de la ville diffusées par la télévision d'Etat montrent des slogans peints sur les murs comme "A bas Bachar el-Assad" ou encore "les jours sont comptés, la fin approche".
C'est à Homs, surnommée "capitale de la révolution", qu'a été lancée l'insurrection armée après la répression du mouvement de contestation pacifique lancé en mars 2011 contre le régime.

Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), les rebelles qui ont été évacués de mercredi à vendredi du Vieux Homs ont remis leur armes lourdes et moyennes et emporté leurs armes légères.
La prise de la ville est cruciale car elle relie Damas au littoral ouest, de même que le nord au sud du pays, ce qui facilite les déplacements des renforts militaires.
Le conflit entre rebelles et régime en Syrie a fait plus de 150.000 morts, 6,5 millions de déplacés et quelque 2,6 millions de réfugiés depuis mars 2011. Il est néanmoins devenu plus complexe avec des combats entre groupes jihadistes rivaux venus de l'étranger pour aider les rebelles syriens à combattre le régime.

Dans la province de Deir Ezzor (est), plus de 100.000 civils ont fui leurs villages depuis le 30 avril en raison des combats entre le Front Al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, et l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) qui a poursuivi ses avancées en prenant samedi la cité industrielle à l'entrée nord.

Enfin à Alep (nord), l'eau est coupée depuis une semaine, le Front Al-Nosra ayant stoppé la principale station de pompage de la ville, selon l'OSDH. L'intention est de priver les quartiers pro-régime mais les coupures affectent également les quartiers rebelles.

 

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commentaires (7)

Tableau triste dans un monde arabe ou la violence et la mort sont devenus un pain au quotidien .

Sabbagha Antoine

13 h 06, le 11 mai 2014

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Commentaires (7)

  • Tableau triste dans un monde arabe ou la violence et la mort sont devenus un pain au quotidien .

    Sabbagha Antoine

    13 h 06, le 11 mai 2014

  • DES ÉLECTIONS VRAIMENT DÉMODESPOTOCRATIQUES... MAIS VIENDRA L'ÉJECTION !

    LA LIBRE EXPRESSION

    10 h 40, le 11 mai 2014

  • La blague -du plus mauvais goût- du week-end : Le petit Hitler de Syrie "débute sa campagne présidentielle dimanche". Il promet qu'il respectera en priorité les voix des 200.000 citoyens syriens morts, des 400.000 prisonniers sous la torture, des 100.000 disparus, des 6.5 millions de déplacés, des 3 millions de réfugiés dans les pays voisins etc. Tous ces citoyens syriens auront leurs voix déposées dans les urnes. Le monde entier verra que le peuple syrien tout entier, à 99.99999999999999999999999 % veut "al-Assad lil'abad" comme le crient les chabbiha lorsqu'ils égorgent les "terroristes" qui disent qu'ils veulent "la liberté". Pas de Syrie sans Assad ! Vive la Syrie d'Assad !!

    Halim Abou Chacra

    05 h 04, le 11 mai 2014

  • Pourquoi l'evacuation des derniers terroristes s'est faite avec des vitres fumes , et on dit que certains n'avaient pas l'air amaigri . Pourquoi cette evacuation a t elle etait discutee a geneve 2 et pas pour les autres cites , pourquoi l'onu a insiste pour que la ville de Homs soit evacuee et a mis de grands moyens pour y aboutir , pourquoi a la sortie des trous a rat les salafowahabite qui ont prie ne l'ont pas fait tous ensemble mais divise en 3 groupes ????? Quand on disait que les mercenaires envoyes par l'occicon et les pays arabes etaient des agents du sionisme , on etait tres pres de la realite .

    FRIK-A-FRAK

    18 h 44, le 10 mai 2014

  • Enfin un acte positif, mais il ne faut pas oublier que les morts s'élèvent à plus de 150.000 morts. Toute la ville est détruite. Les rebelles n'ont pas d'armes lourdes et il ne faut pas oublier les barils d'explosifs, les tirs continus de canons gros calibre, bombardement aériens, etc... A ma connaissance je ne crois pas que les rebelles disposent de tels armements que je viens de citer. Par ailleurs je ne suis pas d'accord avec votre article qui prétend que cette ville a été prise par l'armée de Bachar le Chimiste. Il y a eu accord entre les deux parties pour laisser entrer l'armée des assassins du peuple syrien. C'est une bonne chose et les civils qui entrent dans leur ville ont intérêt à réfléchir à deux fois avant de donner leur confiance à Bachar le chimiste. Il est certain que les rebelles ont commis quelques exactions. C'est une guerre civile et on ne peut pas éviter la folie de certains hommes. Les rebelles ont raison de se regrouper pour les combats futurs. Ils sont actuellement trop dispersés et ils manquent de cohésion.

    FAKHOURI

    17 h 25, le 10 mai 2014

  • Khâïï ! Comme ça, ils comprendront enfin ce que les Libanais avaient dû enduré, pendant qu'eux les regardaient sans broncher ; et même en rigolaient !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    17 h 06, le 10 mai 2014

  • Si ca avait ete les mercenaires qui avaient accompagne les civils dans Homs liberee , qu'aurait on lu ? que la ville a ete liberee par la rebellion et que l'ampleur des degats auraient ete mis sur le cmpte des legitimistes . Ce qui n'est pas le cas , la ville liberee des griffes des mercenaires a la solde des salafowahabites binsaosud a ete detruite par leurs sauvageries a vouloir croire que l'occicon allait les mettrait en place a la place de la legitimite . Ce retour qui ne sera pas de courte duree ni provisoire ressemble au rush des Libanais du sud après le lache bombardement de notre pays par les usurpateurs de terre en 2006 . Tout sera reconstruit a l'identique , sinon mieux . SVp ne me censurez pas , je ne dis que la verite en toute simplicite . Merci !

    FRIK-A-FRAK

    16 h 58, le 10 mai 2014

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