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Moyen Orient et Monde - Proche-Orient

Un pèlerinage politique et semé d’embûches pour François en Terre sainte

À l'approche de la visite du pape dans le berceau du christianisme, de nouvelles inscriptions antichrétiennes et racistes ont été découvertes hier à Jérusalem.

Le pape François a réaffirmé hier devant le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon et les responsables des agences des Nations unies l’opposition radicale de l’Église à l’avortement. Osservatore Romano/AFP

Le pape François entreprend dans deux semaines, du 24 au 26 mai, un bref voyage en Terre sainte qui, dans un climat tendu par des actes de vandalisme, sera fort politique et plein d'embûches.

Le vendredi à Amman en Jordanie, le samedi quelques heures à Bethléem dans l'État de Palestine que le Saint-Siège a reconnu, puis à Jérusalem... Vingt étapes, quinze discours, un marathon dans un dédale politique et religieux, au milieu de mesures de sécurité maximales pour empêcher tout risque d'attentat contre un pape qui aime le contact avec les foules. C'est entouré d'un rabbin et d'un professeur musulman, Abraham Skorka et Omar Abboud, vieux amis de Buenos Aires, que le pape, le quatrième à se rendre en Terre sainte, va dans le berceau du christianisme : un symbole de l'importance du dialogue religieux pour ce souverain pontife qui espère que la compréhension entre les trois religions monothéistes peut rapprocher les politiques. Le Vatican a déjà indiqué que le moment le plus fort devait être dimanche sur le lieu du tombeau du Christ à Jérusalem : une prière entre le pape et les patriarches des Églises catholiques et orthodoxes d'Orient.

(Lire aussi : Raï ne fait pas partie de la délégation officielle qui se rend en Terre sainte, rappelle le Vatican)

Alors que des Églises de Jérusalem lui auraient conseillé de différer son voyage, François a choisi l'année 2014 pour relancer l'élan œcuménique insufflé il y a cinquante ans par Paul VI et le patriarche de Constantinople Athénagoras qui s'étaient rendus ensemble à Jérusalem. Il devrait être accompagné par le successeur d'Athénagoras, le patriarche Bartholomée.

Pourquoi si pressé ?
Sur le terrain, l'échec prévisible des négociations israélo-palestiniennes parrainées par les États-Unis laisse peu d'espoir d'un règlement prochain. Le pape ne peut qu'appeler à leur reprise. Les Palestiniens, y compris chrétiens, seront aussi attentifs à ce que ce pape très social dira sur le mur de séparation en Cisjordanie, les colonies de peuplement ou le sort de leurs réfugiés.

Côté israélien, on est déçu par la brièveté du séjour. La visite se déroulera sous haute sécurité dans la Vieille Ville de Jérusalem, où le pape circulera à l'écart des foules : un format qu'il n'aime pas. Peut-être qu'Israël ne verra pas d'un bon œil que François arrive de Amman à Bethléem en hélicoptère sans passer par l'aéroport de Tel-Aviv, ou que sa principale messe ait lieu à Bethléem, en zone autonome palestinienne. Le temps dévolu à Jérusalem, 28 heures, est relativement important, mais en grande partie consacré à des rencontres religieuses et aux lieux saints, chrétiens mais aussi musulmans. Une étape au Mur des lamentations est prévue, et une visite au mémorial de l'Holocauste au Yad Vashem a été rajoutée. Le pape rencontrera brièvement le Premier ministre Benjamin Netanyahu et le président Shimon Peres, comme auparavant le roi Abdallah de Jordanie et le président palestinien Mahmoud Abbas.

(Pour mémoire : En Terre sainte, le pape priera avec le patriarche Bartholomée au Saint-Sépulcre)



Significativement, François, attentif aux plus marginalisés, rencontrera deux fois en trois jours des réfugiés : syriens en Jordanie et palestiniens à côté de Bethléem. Au bord du Jourdain, le premier soir en Jordanie, il devrait lancer un appel pour les victimes de la guerre en Syrie. Cette première étape permettra au pape de mettre l'accent sur la dimension régionale et interreligieuse. Les souverains hachémites sont de solides défenseurs des chrétiens en difficulté dans la région, se félicite-t-on au Vatican. Selon des sources informées, cette visite avait pour but d'apaiser un certain mécontentement de la maison royale, déçue que François n'ait pas le temps d'un déjeuner avec les souverains.

Un voyage trop rapide donc : chacun le déplore, à commencer par les Arabes chrétiens de Nazareth, ville de l'enfance du Christ en Galilée, que François ne visitera pas, au contraire de ses prédécesseurs. Pourquoi François semble-t-il si pressé? « Au Vatican, ils ont pris le parti de mécontenter tout le monde pour éviter toute récupération », estime sous le couvert de l'anonymat une source proche du dossier.

(Pour mémoire: Le printemps de l'Église est en marche !)

« Le roi David pour les juifs »
À l'approche de la visite du pape en Terre sainte, de nouvelles inscriptions antichrétiennes et racistes ont été découvertes hier à Jérusalem, où la police a augmenté la surveillance des sites religieux sensibles. « Le prix à payer, le roi David pour les juifs, Jésus est une ordure », a été tagué sur le mur de l'église roumaine Saint-Georges, près d'un quartier juif orthodoxe de Jérusalem, a constaté un photographe de l'AFP. L'inscription « Mort aux Arabes » a été peinte sur une maison de la Vieille Ville de Jérusalem, et des svastikas, la croix gammée nazie, ont été dessinées sur les murs d'un appartement dans Jérusalem-Ouest, la partie israélienne de la Ville sainte.

Et en attendant cette tournée au Proche-Orient, le pape François a réaffirmé hier devant le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon et les responsables des agences des Nations unies l'opposition radicale de l'Église à l'avortement, en jugeant « inviolable la vie de la conception à son terme naturel », ce qui soulève un vieux sujet de désaccord avec l'ONU.


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