Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a concrétisé hier ses menaces contre son ennemi Fethullah Gülen en annonçant une procédure d'extradition contre celui qu'il accuse depuis des mois de comploter contre son régime depuis les États-Unis. « Ce sera lancé », a simplement répondu M. Erdogan aux journalistes qui l'interrogeaient au Parlement après son discours hebdomadaire devant les députés de son parti. Dans un entretien diffusé lundi soir sur la chaîne de télévision américaine PBS, le chef du gouvernement a souhaité que l'administration américaine réponde favorablement à sa requête. « Ils devraient au moins le renvoyer », a-t-il insisté, espérant que son allié se comporterait en « partenaire modèle ».
Un mois à peine après son triomphe aux municipales du 30 mars, M. Erdogan est donc passé aux actes. Au soir de la victoire de son Parti de la justice et du développement (AKP) avec 45 % des suffrages, il avait promis de « faire payer » l'organisation de M. Gülen, au terme de trois mois d'une campagne au couteau marquée par les scandales et les attaques. « La nation nous a donné un mandat pour la liquidation de l'État parallèle. Nous n'aurons pas la moindre hésitation. Nous n'oublierons jamais la trahison », avait martelé M. Erdogan, promettant d'aller chercher ses ennemis jusque « dans leurs cachettes ».
Âgé de 72 ans, M. Gülen vit depuis 1999 en Pennsylvanie, sur la côte est des États-Unis, d'où il dirige un puissant mouvement socioreligieux qui compterait plusieurs millions de membres, très influent dans la police et la magistrature turque. Depuis l'arrivée de l'AKP au pouvoir en 2002, son organisation, connue sous le nom de « hizmet » (service) ou « cemaat » (communauté), a travaillé main dans la main avec M. Erdogan pour lui permettre d'asseoir l'autorité de son parti islamo-conservateur dans tous les rouages d'un État laïque.
Mais les liens entre les deux alliés se sont distendus, notamment lors de la répression de la fronde antigouvernementale de juin 2013, jusqu'à la rupture, provoquée par la décision du gouvernement, à l'automne dernier, de supprimer les « boîtes à bac » privées qui assurent à M. Gülen une bonne partie de sa puissance financière. La guerre est même ouverte depuis la mi-décembre et l'éclatement d'un vaste scandale de corruption qui a fait vaciller le régime.
(Source : AFP)
Moyen Orient et Monde - Turquie
Erdogan veut faire extrader des États-Unis son ennemi Gülen
« La nation nous a donné un mandat pour la liquidation de l'État parallèle », réaffirme le Premier ministre.
OLJ / le 30 avril 2014 à 01h02
IL VEUT L'EMBRASSER SUR LES DEUX JOUES...
18 h 59, le 30 avril 2014