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Moyen Orient et Monde - Crise

Après l’offensive dans l’est ukrainien, les prorusses en appellent à Poutine

Inquiets, les Occidentaux condamnent les violences tandis que l'UE élargit ses sanctions contre la Russie.

Des manifestants prorusses ont brandi hier des icônes et des croix orthodoxes lors de rassemblements en faveur d’un référendum pour le rattachement à la Russie de l’est ukrainien russophone. Dimitar Dilkoff/AFP

Confrontée à des assauts, visiblement coordonnés, menés depuis samedi par des activistes prorusses mais aussi des groupes d'hommes armés aux uniformes sans identification, l'Ukraine apparaissait hier plus que jamais menacée d'éclatement entre l'est russophone et le centre et l'ouest tournés vers l'Europe.
Les insurgés prorusses sont ainsi repassés à l'offensive hier. Des manifestants armés de gourdins et de pierres ont attaqué et pris les sièges de la police et de la municipalité à Gorlivka, dans la province de Donetsk. Kiev avait pourtant annoncé une « opération antiterroriste de grande envergure » pour reprendre la main face aux prorusses qui tiennent des bâtiments publics dans une demi-douzaine de villes de l'Est. Toutefois, aucune activité militaire loyaliste n'a été constatée dans la région, hormis quelques survols d'aéronefs.


À Slaviansk, ville symbole des dernières tensions où des groupes armés se sont emparés samedi des bâtiments de la police, des services de sécurité et de la municipalité, la situation était fermement sous le contrôle des insurgés. « Nous demandons à la Russie de nous protéger et de ne pas permettre un génocide de la population du Donbass. Nous demandons au président Poutine de nous aider », a lancé un de leurs chefs, Viatcheslav Ponomarev. Devant le siège de l'administration municipale, se tenait une dizaine d'hommes puissamment armés, portant le même uniforme et l'air très professionnel. D'autres, se déplaçant en camion militaire, renforçaient les défenses autour de la localité, avec des équipements antiaériens et antichars. Dans le centre-ville, un millier d'habitants promettaient de rester sur place jusqu'à l'organisation d'un référendum sur le rattachement à la Russie.

 

 


Le Kremlin a confirmé que le président russe Vladimir Poutine recevait de « nombreuses demandes » d'aide des régions de l'Est ukrainien et suivait la situation avec « beaucoup d'inquiétude ». Des déclarations qui renforcent les craintes d'intervention, la Russie ayant massé jusqu'à 40 000 hommes à la frontière, selon l'OTAN et l'ONU. M. Poutine a de longue date dit qu'il assurerait « à tout prix » la sécurité des populations russophones de l'ex-URSS.

 

Appel à l'ONU
À Kiev, pour la première fois, le président intérimaire Olexandre Tourtchinov a esquissé une ouverture, évoquant un possible référendum en même temps que la présidentielle anticipée prévue pour le 25 mai. Il s'est dit certain que « la majorité des Ukrainiens se prononceraient pour une Ukraine indivisible, indépendante, démocratique et unie ». Mais il évoque un référendum national, alors que les insurgés veulent des scrutins locaux, où le rapport de forces leur serait plus favorable.

M. Tourtchinov en a également appelé à l'ONU, estimant dans un entretien téléphonique avec son secrétaire général, Ban Ki-moon, que la présence sur le terrain de « professionnels » et « d'observateurs » pourrait « attester de la légitimité de nos actions ». Appel qui a peu de chance d'être suivi d'effet, la Russie disposant d'un droit de veto aux Nations unies.


Signe de tension, Washington a dénoncé une provocation contre un de ses navires en mer Noire par un chasseur-bombardier russe. Et les présidents américain Barack Obama et français François Hollande ont exprimé leur « inquiétude face aux événements violents » en cours. Auparavant, M. Hollande et le Premier ministre britannique David Cameron avaient « condamné très fermement » les violences en Ukraine. Washington a par ailleurs dû admettre que le chef de la CIA, John Brennan, s'était rendu à Kiev ce week-end, visite prévue assure la Maison-Blanche, alors que Moscou dénonce une collusion avec les autorités ukrainiennes.

 

Incertitudes diplomatiques
Ce regain de tension fait peser une incertitude sur des pourparlers prévus jeudi à Genève afin de tenter de régler la pire crise Est-Ouest depuis la fin de la guerre froide. Selon l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, la réunion serait « menacée si les opérations militaires commençaient dans l'est de l'Ukraine ». Les ministres européens des Affaires étrangères ont, quant à eux, mis en cause la Russie dans « l'escalade » et décidé hier d'allonger la liste des personnalités russes et ukrainiennes prorusses sous le coup de sanctions. Ils ont donné leur feu vert à un prêt d'environ un milliard d'euros à Kiev, au bord de l'asphyxie financière, qui a également obtenu une garantie de crédit des États-Unis d'un milliard de dollars.


En réaction, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a dénoncé « l'hypocrisie (des Occidentaux qui) dépasse les bornes ». « Nous demandons depuis longtemps (...) une réaction adéquate. Nous avons clairement dit que le recours à la force (...) remettrait sérieusement en question les perspectives de coopération dans le règlement de la crise. Nous n'entendons aucune réaction. Nous n'entendons que des appels à la Russie pour qu'elle cesse de s'ingérer », a-t-il déclaré. « On peut se souvenir que la violence sur le Maïdan, qui s'est soldée par des dizaines et des dizaines de morts, était qualifiée de démocratie, alors qu'on parle de terrorisme à propos des manifestations pacifiques qui ont lieu maintenant dans le Sud-Est », a ajouté M. Lavrov.
Plus tard dans la soirée, M. Poutine a également dénoncé comme des « spéculations basées sur des informations infondées » les accusations d'ingérence de Moscou dans l'est de l'Ukraine, lors d'un entretien téléphonique avec M. Obama, a indiqué le Kremlin.

 

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