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Liban - Interview

Fouad Chéhab, les grandes lignes d’un mandat « exemplaire », 50 ans plus tard

  « Il a institutionnalisé et modernisé l'État », confie le président de la Fondation Fouad Chéhab, Chafic Mouharram, à « L'Orient-Le Jour ».


Il y a 50 ans, Fouad Chéhab quittait ses fonctions en tant que 8e président de la République libanaise, laissant derrière lui un État largement réformé par ses efforts. En cette année 1964, le président Chéhab refusait catégoriquement tout amendement de la Constitution pour renouveler son mandat, laissant libre cours à la démocratie et à l'élection de son successeur, Charles Hélou. Et cela n'est pas sans nous rappeler, aujourd'hui, les positions de Michel Sleiman, le seul président à suivre l'exemple de Fouad Chéhab sur ce plan depuis plus de 15 ans. Si l'on se permet cette comparaison, c'est qu'il serait bon, voire nécessaire, de s'adonner à un exercice de mémoire à la veille de l'échéance présidentielle tant attendue, pour repenser le profil idéal de ce nouveau chef de l'État, à la lumière de la performance de ses prédécesseurs, entre réussites et échecs.
Le mandat Fouad Chéhab servirait en tout cas à donner plus d'une leçon en ce sens. C'est ce qu'a affirmé à L'Orient-Le Jour hier le président de la Fondation Fouad Chéhab, Chafic Mouharram. « Le point le plus marquant du mandat Chéhab reste l'attachement du président aux institutions, explique-t-il. Fouad Chéhab en a fondé plus d'une. Nombre d'entre elles ont réussi et quelques-unes n'ont pas eu cette chance. Pour en citer quelques-unes, il s'agit en premier lieu de la Banque du Liban, qui a fêté il y a quelques jours, le premier avril, ses 50 ans. C'est une institution fondée par Chéhab, qui a globalement réussi, même si la performance du gouverneur actuel y est pour beaucoup. » Et de poursuivre : « Au temps de Fouad Chéhab, le Conseil de la Fonction publique a également été créé, ainsi que l'Inspection centrale. Si ces institutions ne sont pas très performantes aujourd'hui, elles l'étaient au temps du président Chéhab, où il n'y avait pas de poste vacant dans les administrations. Malheureusement, les cabinets successifs ne se sont pas occupés de ces établissements comme il se devait. C'est aussi le cas de la Foire internationale de Tripoli. En gros, c'est la modernisation de l'État et l'attachement à la démocratie qui ont marqué cette période du Liban, laquelle a en outre témoigné d'un plan de développement exhaustif et à tous les niveaux. »

Distanciation et transparence
Au niveau de la politique étrangère, Fouad Chéhab serait l'un des premiers à avoir consacré la distanciation de la politique des axes, comme l'explique Chafic Mouharram, qui a côtoyé le président pendant plus de 6 ans. « Fouad Chéhab est devenu président à une époque où le pays était profondément divisé entre chrétiens et musulmans, surtout après la conclusion du pacte de Bagdad », dit-il, estimant que le prochain président libanais devrait avoir de nombreuses caractéristiques du général Chéhab, « celles de la transparence, du sens du devoir, de la force de personnalité et de l'acharnement au travail jour et nuit pour le pays, sans oublier le fait que le président Chéhab s'était entouré d'une équipe de conseillers objectifs et intelligents ».
Attaché aux principes du général, Chafic Mouharram affirme que la fondation qu'il préside est soucieuse de transmettre cet héritage aux générations futures depuis 1998. Par ailleurs, l'association a œuvré pour la transformation de la maison du président en musée public, afin de pérenniser sa mémoire. « Nous avons proposé l'idée en 2010 et avons obtenu un décret d'expropriation de la résidence en 2010 au profit de la municipalité de Jounieh, avant que le décret ne soit modifié au profit de l'État, explique Chafic Mouharram. Mais nous avons dû rebrousser chemin car nous n'avions pas les moyens financiers pour mener à bien ce projet, évalué à plus de trois millions de dollars. C'est finalement l'Ordre maronite libanais qui s'en est chargé, achetant la résidence qui sera ouverte au grand public dans quelque six mois. » Et M. Mouharram de conclure : « La vie modeste de Fouad Chéhab devrait être un exemple pour tout président de la République. Et nous espérons avoir un nouveau chef de l'État bientôt. La situation du pays était beaucoup plus critique en 1958. Cela n'a pas empêché l'élection de Fouad Chéhab. » Et si à l'époque, rien n'empêchait, constitutionnellement, qu'un fonctionnaire de première catégorie soit élu président, la route de Baabda ne sera pas aussi facile pour un commandant de l'armée aujourd'hui...

Il y a 50 ans, Fouad Chéhab quittait ses fonctions en tant que 8e président de la République libanaise, laissant derrière lui un État largement réformé par ses efforts. En cette année 1964, le président Chéhab refusait catégoriquement tout amendement de la Constitution pour renouveler son mandat, laissant libre cours à la démocratie et à l'élection de son successeur, Charles...

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