« Les jeunes doivent surtout réaliser que les accidents routiers n'arrivent pas qu'aux autres », insiste M. Ziad Akl, le fondateur de la YASA. Les campagnes de prévention menées par l'active association, fondée il y a vingt ans, se multiplient ; des centaines d'activités de sensibilisation sont réalisées chaque mois et de multiples conférences sont organisées dans différents établissements. « L'acceptation du risque chez les jeunes conducteurs – qui résulte du fait que les jeunes ont tendance à accepter des risques supplémentaires par défoulement, comme les excès de vitesse et la conduite en état d'ébriété – est une composante essentielle sur laquelle notre organisation se base dans ses programmes de sensibilisation », explique-t-il.
Les jeunes, premières victimes de la route
« Partout dans le monde, les jeunes sont les plus concernés par les accidents routiers », affirme M. Akl avant de préciser : « En principe, tout le monde l'est : les enfants, les nouveau-nés, les adultes, mais chez les jeunes, le risque est plus élevé. Après 30 ans, on devient plus mûr, plus conscient du danger. » Derrière cette situation, de multiples raisons dont le fait que de nombreux jeunes obtiennent leur permis de conduire sans passer d'examen, ou bien, lorsque leur conduite est évaluée, le test n'est pas très sérieux et « non conforme aux normes internationales des règles de la conduite automobile ». « Rares, ou plutôt inexistants sont les jeunes qui connaissent le code de la
sécurité routière », affirme-t-il.
Dans les universités, la YASA organise des conférences, des activités, des simulations qui visent à faire parvenir son message. « Dans ces établissements, il ne s'agit pas uniquement d'une intervention pédagogique. Très souvent on nous consulte pour travailler sur un aspect particulier, comme la sensibilisation des chauffeurs des autobus scolaires aux facteurs de risques routiers. »
La responsabilisation en matière de sécurité routière se fait également via les réseaux sociaux, très utilisés par les jeunes. « Nous passons sur différentes chaînes télévisées et à la radio, affirme M. Akl. Sans oublier les publicités, les panneaux routiers et les publications que nous distribuons un peu partout au Liban. »
« Tous les moyens sont bons pour essayer d'influencer les jeunes. Nous utilisons les facteurs psychologiques, les messages subliminaux ou directs, des images choquantes, des célébrités, etc. Tout cela dans le but d'arriver à faire une différence dans les comportements des jeunes et de changer l'acceptation du risque. C'est un processus continu. »
Les activités de la YASA ne se limitent pas aux universités. « Nous organisons chaque mois une centaine d'activités, en moyenne 2 à 4 par jour, dans les universités, mais aussi dans les écoles, dans différentes institutions publiques et privées », poursuit Ziad Akl, qui insiste sur l'importance dans les campagnes de sensibilisation du ciblage de toute la société parce que « tout le monde dans ce pays est exposé aux risques des accidents routiers ». Les programmes sont continus et les interventions diffèrent en fonction de chaque âge et de chaque catégorie.
Un code non appliqué
« Après sept ans de travail, nous avons aidé le gouvernement à édicter une nouvelle loi, votée à l'unanimité, théoriquement en vigueur depuis novembre 2012, mais demeurée inappliquée, n'étant pas considérée prioritaire dans la situation actuelle, politique et sécuritaire », déplore-t-il.
Et bien que des accidents se produisent tous les jours et que des gens en meurent, et bien que le taux de mortalité au Liban dans les accidents routiers soit l'un des plus élevés au monde, personne n'accorde de l'importance au code de conduite, déplore M. Akl.
La YASA effectue un très sérieux travail de sensibilisation sur le terrain. « Mais sans l'application du nouveau code de sécurité routière par les personnes qualifiées, notre mission reste incomplète », relève M. Akl, en insistant sur la volonté de l'organisation de « continuer d'exercer une pression sur le gouvernement » afin que soit correctement et efficacement appliqué le code de la route.
Un dernier message aux jeunes ? « Il faut toujours garder en tête que, au volant, chacun de nous est responsable, engagé, et doit se considérer comme personne à risque », insiste le fondateur de la YASA, qui encourage les jeunes et les moins jeunes à observer les préceptes du code de la route : mettre la ceinture de sécurité, ne pas utiliser le téléphone portable en conduisant, ne pas conduire en état d'ivresse, respecter les signalisations, les limites de vitesse. « Il ne faut pas avoir honte d'intervenir, s'il le faut, pour empêcher une personne irresponsable de prendre le volant après avoir bu. Pensez à vos parents et aux gens que vous aimez. Ne prenez pas de risques », conclut-il.