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Liban

Plumbly à « L’OLJ » : La déclaration de Baabda affirme la neutralité du Liban

Plumbly : L’ONU a un rôle énorme à jouer au Liban.

Les répercussions négatives de la crise syrienne au Liban, la détérioration des conditions de sécurité, le flux croissant de réfugiés au Liban devant atteindre 1,6 million de personnes en 2014, selon la Banque mondiale, la neutralité du Liban et la vocation du pays du Cèdre, dans une région menacée de balkanisation : voilà les principaux thèmes de l'entretien que Derek Plumbly, coordonnateur spécial de l'ONU au Liban, a accordé hier à L'Orient-Le Jour au Palais de Verre à New York.
L'instabilité politique au Liban peut-elle être contenue grâce à une contribution encore plus grande des Nations unies ?
« L'ONU a un rôle énorme à jouer. Cette contribution n'est pas liée à la crise syrienne, mais plutôt au conflit de longue date avec Israël », indique Derek Plumbly. « C'est ce qui me semble être un investissement énorme dans la paix et la sécurité de la région, et plus particulièrement dans la paix et la sécurité au Liban », a-t-il ajouté. « Il ne faut pas perdre de vue que c'est un travail de longue haleine effectué jour après jour. La région a été tout récemment mise à l'épreuve par le meurtre d'un soldat israélien en décembre et par la riposte israélienne à des roquettes tirées depuis le sud du Liban vers Israël, le long de la ligne bleue, et aussi par les incidents survenus dans les fermes de Chebaa », rappelle-t-il. « L'ONU tente de mettre un terme à l'escalade, afin de maintenir la paix et la cessation des hostilités », dit-il. « Avec la crise syrienne, l'attention est tournée vers l'impact sécuritaire sur la situation au Liban. La pression prend différentes formes : violations humanitaires, économiques, frontalières et menaces sur l'intégrité territoriale. »
Pour le diplomate de l'ONU, « fournir une aide effective aux réfugiés est une manière de répondre aux préoccupations sécuritaires. Mais les difficultés persistent faute de fonds qui ne sont toujours pas là, et les défis de l'instabilité sont bien plus grands. C'est un fardeau pour le Liban, mais c'est aussi une grande responsabilité pour les Nations unies », note-t-il. « La sécurité et la stabilité du Liban ont été depuis longtemps au cœur des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. La communauté internationale cherche des moyens pour y veiller. C'est la raison pour laquelle nous essayons de mobiliser un soutien international. Le secrétaire général de l'ONU s'est engagé personnellement à soutenir d'abord l'unité internationale du Liban, sa sécurité, sa stabilité et à maintenir les institutions de l'État. Ce qui a été un succès », estime-t-il. « Le maintien de l'unité et la stabilité du Liban sont une des préoccupations importantes du Conseil de sécurité », assure-t-il.

Relocalisation des réfugiés
« Un autre aspect de la contribution de l'ONU au Liban est de mettre en exergue les besoins économiques, de développement, et budgétaires à la lumière de l'impact de la crise syrienne », poursuit Derek Plumbly. « Nous espérons mettre en place un mécanisme pour essayer d'apporter une aide au Liban. C'est un travail de longue haleine. Je viens justement du PNUD où j'ai reçu des messages d'encouragement afin d'aider à atténuer, à long terme, l'impact de la crise syrienne au Liban. Je pense que les choses bougent dans la bonne direction », juge-t-il avec optimisme.
« Nous essayons de mobiliser les donateurs et aussi toutes les parties du système de l'ONU, le PNUD, la Banque mondiale et les agences onusiennes afin qu'elles soutiennent les décisions prises au sujet du programme qui a été discuté entre nous et le Groupe international de soutien », poursuit-il.
Pour alléger le fardeau que pose la présence des réfugiés au Liban, faudrait-il songer à les relocaliser ailleurs et créer des camps à la frontière à l'instar de la Jordanie et la Turquie ?
« Nous partageons ce fardeau de différentes manières tout en aidant à soutenir les réfugiés », assure Derek Plumbly. « Quant à leur implantation ailleurs, c'est une question qui relève de l'ONU, de l'UNHCR, du secrétaire général et du Groupe international de soutien. Ils ont réussi à relocaliser les personnes les plus vulnérables, celles qui sont en état grave ou handicapées. L'objectif cette année est de permettre à 30 000 personnes, en majorité du Liban, d'être relocalisées. Les Allemands l'appellent "Programme d'admission humanitaire" en raison de la crise humanitaire. La relocalisation prend normalement des années, nous essayons d'accélérer les choses. La solution ? Trouver des circonstances sécuritaires favorables pour que les gens puissent retourner chez eux. C'est certainement ce que nous devrions viser pour le Liban », dit-il.
La neutralité du Liban est un concept prôné à l'ONU par notamment Ghassan Tuéni, Amine Gemayel, Michel Sleiman et par le patriarche maronite Raï. À l'instar de la Suisse, le Liban pourrait-il accéder à la neutralité ? L'ONU pourrait-elle aider à atteindre cet objectif ?
« Nous nous félicitons de la politique de dissociation prônée par la déclaration de Baabda. C'est une politique sage dans cette crise », juge le responsable onusien. « Je vois personnellement que cette déclaration affirme la neutralité du pays. L'ONU ne détermine pas la neutralité d'un pays. C'est le pays qui le détermine. Ce concept semble gagner du terrain au Liban et la déclaration de Baabda a toujours été accueillie par le dialogue national. Mais c'est une décision libanaise », appuie-t-il.
Quel danger représente la balkanisation de la région sur l'unité du Liban ? « La plupart des Libanais, tel que je le vois, basé sur l'expérience des trois dernières années, souhaitent voir le Liban rester le même. Non pas comme il est gouverné, ils veulent que le Liban reste le Liban », affirme-t-il. « En fait, ils veulent plus d'État que moins d'État. En réalité, je pense que le peuple libanais a montré son souhait de préserver ce qu'il a. C'est la raison pour laquelle le pays s'est arrangé pour rester vaille que vaille en sécurité. Je pense que nous essayons de spéculer sur le résultat possible. Ce qui est une autre question. Mais ce que vous décrivez est le résultat d'un échec de la communauté internationale de promouvoir une solution. En fin de compte, il y aura une solution. Nous espérons qu'elle viendra plus tôt que plus tard », conclut-il avec conviction.

 

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