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Moyen Orient et Monde - Syrie

Divisés et impuissants, les dirigeants arabes plaident pour un règlement politique du conflit syrien

Les combats font rage dans la province de Lattaquié où les insurgés sont parvenus à prendre la localité de Kassab.

Camouflés et armés, ces combattants rebelles participent à un entraînement dans la ville de Deir Ezzor avec pour credo « combattre jusqu’à la victoire... ou la mort ». Ahmad Aboud/AFP

Les dirigeants arabes, divisés et impuissants face à la crise en Syrie, ont plaidé hier à l'issue de leur sommet au Koweït pour un règlement politique du conflit, tout en critiquant le régime de Damas.
Dans leur déclaration finale, les participants au sommet ont ainsi appelé à « une solution politique à la crise syrienne sur la base de la déclaration de Genève 1 », prévoyant l'instauration d'un pouvoir transitoire en Syrie. Cette position douche cependant les espoirs de l'opposition syrienne, dont le chef Ahmad Jabra avait imploré la veille les participants au sommet à « faire pression sur la communauté internationale afin qu'elle fournisse des armes sophistiquées aux combattants » rebelles. Un appel que l'Arabie saoudite, principal soutien de l'opposition, avait appuyé. Le prince héritier Salmane ben Abdel Aziz avait estimé que « pour sortir de l'impasse en Syrie, il faut favoriser un changement des rapports de force sur le terrain, en apportant le soutien que mérite l'opposition », dénonçant par la même l'indifférence de la communauté internationale face au drame syrien.
Les participants ont néanmoins condamné « les massacres » perpétrés par le régime de Damas, l'appelant à « cesser immédiatement toutes (ses) opérations militaires », tout en réaffirmant que la Coalition de l'opposition est « un représentant légitime » du peuple syrien.

 

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Toutefois, au sein de la Ligue arabe, des pays comme l'Irak et l'Algérie s'opposent à un renversement du régime de Bachar el-Assad. Après l'échec cuisant de la conférence internationale dite de Genève 2 qui avait réuni pour la première fois des représentants du régime et de l'opposition en février, le sommet de Koweït s'en est donc remis au Conseil de sécurité de l'ONU pour l'inviter à « assumer ses responsabilités face à l'impasse dans les négociations » et a chargé le chef de la Ligue arabe, Nabil al-Arabi, d'œuvrer avec le médiateur international pour la Syrie Lakhdar Brahimi en vue d'un règlement « négocié » en Syrie.


Signe des divergences arabes, l'opposition n'a pu occuper durant le sommet de Koweït le siège de la Syrie, resté vacant depuis la suspension du régime en 2011 de la Ligue arabe. « C'est un message au régime de (Bachar) el-Assad, l'encourageant à continuer à tuer les Syriens », a déploré M. Jabra.


Le régime syrien a, quant à lui, dénoncé hier la déclaration finale du sommet arabe à Koweït, assurant que ses troupes n'arrêteront pas leur guerre contre les rebelles. L'agence officielle syrienne SANA a accusé les participants au sommet de « ne pas agir (...) pour arrêter l'envoi des mercenaires terroristes (en Syrie) et faire cesser le soutien financier et logistique apporté par l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie ».
« L'appel du sommet arabe à l'armée syrienne pour qu'elle arrête tous les actes militaires (...) n'est que l'écho des appels au secours lancés par les mercenaires (rebelles) (...) qui ont essuyé de nombreux échecs ces derniers mois », a enfin conclu SANA. Elle faisait référence aux revers subis par les insurgés au cours des dernières semaines dans la région du Qalamoun, près de Damas, où ils ont perdu des bastions qu'ils tenaient depuis près de deux ans.

 

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Les jeunes volontaires
Pendant ce temps, sur le terrain, le régime syrien a mobilisé des milliers de combattants dans son fief de Lattaquié, région côtière de l'ouest du pays, afin de tenter de reprendre des positions-clés prises par les rebelles au cours des derniers jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Les combats faisaient rage hier dans cette province où les insurgés sont parvenus à prendre depuis vendredi la localité de Kassab, frontalière de la Turquie, la colline stratégique dite « Observatoire 45 » et la localité de Samra, qui donne aux rebelles une ouverture sur la mer.


« Le régime a mobilisé des milliers de soldats et de combattants de la Défense nationale pour reprendre ces zones », a expliqué Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH. « Mais il y a aussi de nombreux jeunes partisans du régime, en majorité des alaouites, qui se sont portés volontaires et participent aux combats contre les rebelles », ajoute-t-il. « Le régime ne s'attendait pas à cette offensive surprise dans son fief, mais il ne va certainement pas laisser les rebelles garder le contrôle », a indiqué M. Abdel Rahmane, notant que lors de la prise de l'« Observatoire 45 », cinq officiers avaient été tués.

 

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Les troupes du régime font face notamment aux combattants de l'influent Front al-Nosra, branche d'el-Qaëda en Syrie, ainsi qu'à des brigades islamistes. C'est ainsi qu'hier, « l'armée bombardait violemment Kassab avec ses chars et ses avions », a indiqué Omar el-Jeblaoui, un militant sur place via Internet.
« La bataille est féroce », a affirmé de son côté sous le couvert de l'anonymat un rebelle prenant part aux combats. « Il y a des milliers de rebelles prêts à repousser la contre-offensive de l'armée. Nous combattrons jusqu'à la victoire ou la mort.


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De son côté, la Turquie s'est dit prête à recourir à toutes les mesures nécessaires, y compris à des opérations militaires au-delà de sa frontière, pour répondre aux menaces à sa sécurité en provenance de Syrie, a assuré hier son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. D'ailleurs dans la bataille de Lattaquié, Damas a accusé la Turquie de venir en aide aux insurgés en ouvrant le feu sur l'armée syrienne.

 

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