Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Turquie

La guerre déclarée par Erdogan à Internet provoque l’indignation

Gül a dénoncé explicitement le blocage du réseau Twitter.

Les premiers manifestants prennent position à Ankara, dénonçant avec des pancartes un régime autoritaire. Adem Altan/AFP

Le blocage du réseau Twitter décrété par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en Turquie à neuf jours d'un scrutin municipal crucial pour son régime a suscité un concert mondial de protestations contre la « censure », y compris de la part du président turc.
Sur ordre du gouvernement, l'autorité des télécommunications (TIB) a purement et simplement interdit jeudi soir l'accès au site de microblogging, coupable d'avoir diffusé des enregistrements de conversations téléphoniques piratées qui mettent en cause M. Erdogan dans un vaste scandale de corruption. En Turquie, de nombreuses voix ont vu dans cette décision une confirmation de la dérive autoritaire du Premier ministre, au pouvoir depuis 2002. La principale confédération du patronat turc (Tüsiad) a ainsi dénoncé une « interdiction disproportionnée, controversée et contraire aux libertés ». « La véritable démocratie ne peut être assurée qu'en garantissant le libre accès à l'information », a-t-elle ajouté.
De leur côté, le principal parti d'opposition, le Parti républicain du peuple (CHP), et le président de l'Association des barreaux de Turquie (TBB), Metin Feyzioglu, ont annoncé hier avoir saisi la justice pour obtenir la levée de l'interdiction. « C'est une violation incroyable des droits fondamentaux et des libertés », s'est indigné le député du CHP Aykan Erdemir, « la Turquie fait désormais partie des pays les plus autoritaires en matière de liberté sur le net ».
Et au milieu de cette avalanche de critiques, le chef de l'État turc Abdullah Gül a dénoncé explicitement la mesure prise par le chef du gouvernement. « J'espère que cette situation ne durera pas longtemps », a-t-il écrit sur son compte Twitter. Réputé plus modéré, M. Gül a multiplié les prises de distance publiques avec les positions intransigeantes de M. Erdogan, un de ses compagnons de route politiques.

Rapidement contournée
La décision de la TIB a été motivée par des plaintes en justice déposées à Istanbul mais le bureau du procureur de la ville a affirmé hier, dans un communiqué, n'avoir rendu « aucune décision » d'interdiction. Cette décision a par ailleurs été justifiée par le ministre des Télécommunications Lutfi Elvan. « C'est une décision juridique et pas politique, a-t-il plaidé, la Turquie n'est pas un pays interdisant Internet mais ces plate-formes doivent se conformer aux lois. »
Sitôt matérialisée, la décision des autorités a été rapidement contournée par les internautes qui ont pu accéder au réseau via d'autres serveurs. Loin de diminuer, le nombre de tweets turcs a même augmenté de 138 %, selon l'étude réalisée par la société d'analyse des médias sociaux Brandwatch. En outre, plusieurs sites Internet turcs ont pu à nouveau diffuser hier les extraits d'écoutes téléphoniques que le pouvoir turc voulait précisément empêcher.
Même vidée d'une partie de son effet, la décision du gouvernement a provoqué de nombreuses réactions outrées à l'étranger. « Très inquiet », le commissaire européen à l'Élargissement Stefan Füle a rappelé à Ankara, candidat depuis longtemps à l'adhésion à l'UE, que « l'usage des réseaux sociaux est une liberté fondamentale de l'Union européenne ».
À Paris, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères a dénoncé une mesure « choquante » et « contraire aux libertés d'expression et de communication ». Son homologue du gouvernement allemand a rappelé que « dans une société libre, le choix des moyens utilisés pour communiquer appartient aux citoyens, pas à l'État ».
Même son de cloche à Washington où le département d'État a dénoncé hier le blocage de Twitter, jugeant qu'une telle décision était « contraire au désir de la Turquie d'être un modèle de démocratie ».
Amnesty International a également critiqué Ankara, l'appelant à « immédiatement » revenir sur sa décision jugée comme « une attaque sans précédent contre la liberté d'expression et d'Internet en Turquie ».
Des célébrités du monde du cinéma comme Mia Farrow et Russell Crowe ont également envoyé des tweets en guise de soutien aux internautes turcs.
M. Erdogan n'a, par contre, pas évoqué cette controverse lors de deux discours électoraux dans le nord-est du pays. Des appels à manifester hier ont commencé à apparaître sur les réseaux sociaux à Ankara, Istanbul et Izmir, les trois plus grandes villes du pays.

(Source : AFP)

Le blocage du réseau Twitter décrété par le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan en Turquie à neuf jours d'un scrutin municipal crucial pour son régime a suscité un concert mondial de protestations contre la « censure », y compris de la part du président turc.Sur ordre du gouvernement, l'autorité des télécommunications (TIB) a purement et simplement interdit jeudi soir...

commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut