Moscou a lancé hier une contre-offensive diplomatique sur l'Ukraine, promettant aux Occidentaux des propositions pour régler la crise dans l'ex-République soviétique où les russophones de Crimée menacent de faire sécession.
Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov n'a pas détaillé ces propositions, mais a semblé écarter le principe d'un groupe de contact réclamé par la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain Barack Obama. Dans les propositions occidentales, « tout était formulé dans le sens d'un prétendu conflit entre la Russie et l'Ukraine », a déclaré M. Lavrov, insistant à nouveau sur le fait que les nouvelles autorités ukrainiennes étaient issues d'un « coup d'État ».
En Crimée, les autorités séparatistes avancent à marche forcée vers le rattachement à la Russie, encouragées par le président russe Vladimir Poutine qui ignore les mises en garde occidentales. Un référendum y sera organisé le 16 mars et le Premier ministre de la Crimée Serguiï Axionov a annoncé hier préparer l'entrée de la péninsule dans la zone rouble. Agissant comme si elles avaient déjà été reconnues par la communauté internationale, les autorités séparatistes de Crimée ont par ailleurs invité pour le référendum les observateurs de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE). Mais seul un État membre peut faire une demande, a rappelé l'Organisation.
« Test pour l'Europe »
En attendant, le Premier ministre britannique David Cameron, qui avait appelé dimanche M. Poutine pour l'exhorter à réduire la tension en Ukraine, a estimé que « la crise en Crimée était un test pour l'Europe », dans un entretien au quotidien allemand Bild à paraître aujourd'hui. « Oui, nous sommes du côté du peuple ukrainien et de leur droit à décider de leur avenir. Et non, nous n'acceptons pas que la Russie bafoue la souveraineté de l'Ukraine et la piétine. Nous sommes unis, ensemble, pour les droits de l'Ukraine ! Et nous allons imposer de dures sanctions si Moscou ne change pas de cap », a affirmé M. Cameron.
Pour sa part, le président ukrainien Viktor Ianoukovitch destitué, qui s'est réfugié en Russie, s'exprimera aujourd'hui à Rostov-sur-le-Don, dans le sud de la Russie, ont indiqué les agences de presse russes. M. Ianoukovitch avait donné dans cette ville une conférence de presse le 28 février, refusant de reconnaître sa destitution sans toutefois demander une aide militaire de la Russie.
C'est dans ce contexte que la Banque mondiale (BM) a indiqué hier être prête à répondre à « la demande d'aide du gouvernement intérimaire ukrainien » en apportant au pays « jusqu'à 3 milliards de dollars ». Investies fin février après la destitution du président Viktor Ianoukovitch, les nouvelles autorités de Kiev ont déjà demandé l'assistance financière du Fonds monétaire international, dont elles attendent « au moins » 15 milliards de dollars, après avoir affirmé que les caisses de l'État « étaient vides ».
Toujours sur le plan diplomatique, les 15 membres du Conseil de sécurité de l'ONU ont entamé hier après-midi à New York leur cinquième réunion à huis clos sur la crise ukrainienne, une réunion informelle demandée par l'Ukraine dont le représentant à l'ONU Iouri Sergueyev a assisté aux discussions. Les Occidentaux ont cherché à accroître la pression sur la Russie à l'approche du référendum sur l'annexion de la Crimée, mais Moscou est resté inflexible, ont indiqué des diplomates. « Cette réunion était un appel à la Russie à (...) entamer une négociation », a expliqué l'ambassadeur français Gérard Araud à l'issue d'une réunion qui a duré deux heures à peine. Mais malgré la pression occidentale, « les Russes ne montrent aucun signe qu'ils sont prêts à nous écouter ». Lors de la réunion, a-t-il indiqué, l'ambassadeur russe Vitali Tchourine a répété que Moscou « assumerait sa responsabilité historique » envers la Crimée.
Sur le terrain, les forces russes consolident jour après jour leur position en Crimée. Des hommes armés ont notamment coupé le courant de l'état-major de la marine ukrainienne à Sébastopol, qu'ils encerclent depuis plusieurs jours, selon les militaires ukrainiens. Après avoir coupé les chaînes hertziennes ukrainiennes, les séparatistes ont également coupé la radio militaire.
Dans ce contexte tendu, le ministre ukrainien de la Défense Igor Tenioukh a indiqué qu'en conformité avec les instructions du président par intérim Olexandre Tourtchinov, les unités en état d'alerte « avaient rejoint les terrains militaires pour participer aux manœuvres ». « Les gens sont prêts à défendre leur État », a-t-il ajouté.
De son côté, l'Union européenne s'est inquiétée de « l'absence de signes de désescalade ». « Il semble qu'il y ait des signes d'un renforcement militaire de la position russe » en Crimée et d'« un isolement croissant » de la péninsule, a déclaré Maja Kocijancic, la porte-parole de la ministre européenne des Affaires étrangères Catherine Ashton.
(Source : AFP)
commentaires (7)
C'est très sage.. Crimée mise à part bien sur.
Ali Farhat
01 h 49, le 12 mars 2014