Hommage au Dr César Nasr, l’humaniste

César, tu étais maître de pensée et de déontologie dans un monde alourdi de déceptions mais aspirant à un idéal, le tien, celui de l'humaniste d'une trempe rare, qui était en mesure de poser les questions existentielles sur fond de contingences qui n'affectaient nullement la clarté et la sérénité de ta pensée.
Celle-ci était également exprimée sur une note d'humour qui interpellait l'homme, fût-il ton interlocuteur, que tu séduisais par ta pertinence et ta convivialité, ou tout simplement le personnage de Molière que tu as rencontré à travers un voyage imaginaire – dans ton livre Rencontres fantastiques –, un Molière qui attendait de discuter avec toi de la joie et de la misère de l'humanité du XXIe siècle, celle qui gaspille ses valeurs en se leurrant de mirages kaléidoscopiques de désirs et de consommation.
Il te demanderait aussi si l'homme dans sa condition de misère a conservé sa capacité à rire, tout en gardant intact le premier apanage qui qualifie son humanité : la dignité.
Ton point de vue définitif, nous ne l'aurons plus, alors que tu laisses la question ouverte pour la postérité.