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Culture - Expo-performance

« L'OLJ » pour faire oeuvre d'art

Invitée par le Kulturzentrum à passer deux semaines en résidence au Liban, Ida-Marie Corell, jeune artiste berlinoise, expose chez Artlab*, jusqu'au 15 mars, une quinzaine de dessins et collages issus de son expérience beyrouthine. Et des pages de « L'Orient-Le Jour » !

Ida-Marie Corell en concert-performance chez Artlab à Beyrouth.

Mi-Allemande, mi-Scandinave, Ida-Marie Corell fait partie de la scène émergente berlinoise, où cette artiste multimédium jouit d'une certaine notoriété due à ses nombreux prix, sa performance à la Biennale d'architecture de Venise en 2010 et, sans doute aussi, à ses « chansons agressives ». C'est ainsi qu'elle a labellisé son style musical. « Il s'agit en réalité de musique mélodique, sur laquelle je pose des textes très émotionnels, qui font s'entrechoquer les mots, à la manière d'un mélange aigre-doux », explique cette grande rousse de 29 ans, au rouge à lèvres vif-écarlate, à la tenue entièrement noire rehaussée d'un collier de... bonbons gélifiés Haribo. C'est, d'ailleurs, par un bouquet de ses compositions interprétées en concert « performatif », guitare et clavier à l'appui, qu'elle a inauguré son vernissage beyrouthin. Voilà pour le côté fun du personnage.

 

Sacs en plastique, symbole de consumérisme
Car l'autre facette d'Ida-Marie Corell est plus subtile. La jeune femme, doublement diplômée des Arts appliqués de Vienne et de l'École supérieure des beaux-arts d'Oslo, poursuit en réalité, depuis 2010, une sorte de radiographie artistique de son époque.
Développant les thèmes – «omniprésents dans la culture actuelle» – du consumérisme (dont le symbole est, à ses yeux, le sac plastique, auquel elle a d'ailleurs consacré un très sérieux ouvrage), du tourisme, de l'identité, de l'architecture et de l'image, l'artiste germanique puise dans ses nombreuses résidences artistiques à l'étranger l'essence de son travail. Et c'est sur place, avec des matériaux récupérés localement, qu'elle réalise des œuvres (dessins, collages, objets, installations ou performance) exprimant son ressenti du lieu ou du pays.


Ainsi, de son court passage au Liban, elle a tiré deux séries picturales distinctes. Et complémentaires. La première consistant en dessins instantanés, croqués d'un trait aussi fin que sûr, au fil de ses pérégrinations (à Gemmayzé, dans un café à Hamra; à dîner chez les Adaïmi qui l'hébergeaient...) et reproduisant la «réalité» de son vécu. La seconde, composée de collages de photos et illustrations tirées de la presse libanaise et, principalement, de L'Orient-Le Jour (la preuve que votre journal préféré vaut de l'art!), transcrit au moyen «d'images manipulées», sur un mode proche du surréalisme et non dénué d'ironie, sa perception de ce pays. Une série assez intéressante qui – par le biais de figures récurrentes de militaires, d'hommes en costume trônant au-dessus des colonnes de Baalbeck ou encore de routes embouteillées, mais aussi de yeux éparpillés un peu partout (symbolisant son propre regard) – met l'accent sur ses impressions premières du pays du Cèdre. À savoir «une terre antique marquée par la guerre, mais qui dégage un multiculturalisme vital et où le sport est très populaire», dit-elle. Cette dernière affirmation peut susciter l'étonnement. Toujours est-il que ces deux séries, réunies sous l'intitulé «Lidanon Project» (contraction de son prénom et de Lebanon), résument l'expérience libanaise de cette artiste berlinoise. Qui lui aura permis de désamorcer «l'image tragique véhiculée par la presse internationale», soutient-elle. Tout en composant, par ailleurs, une sorte de miroir réfléchissant aux Libanais une image – qu'on vous laisse interpréter – de leur pays tel que perçu par un regard étranger.

 

*Rue Gouraud, impasse face au bureau de Poste. Horaires d'ouverture : de mardi à samedi, de 10h à 13h et de 15h à 19h. Tél. : 03/244577.

 

Mi-Allemande, mi-Scandinave, Ida-Marie Corell fait partie de la scène émergente berlinoise, où cette artiste multimédium jouit d'une certaine notoriété due à ses nombreux prix, sa performance à la Biennale d'architecture de Venise en 2010 et, sans doute aussi, à ses « chansons agressives ». C'est ainsi qu'elle a labellisé son style musical. « Il s'agit en réalité de...

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