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Culture - Festival al-Bustan

Éblouissant Sergej Krylov !

Pour la fin de la semaine, l'événement musical était du côté du Bustan. Avec l'éblouissant violon de Sergej Krilov et l'Orchestre symphonique opératique de Tbilissi dirigé par maestro Gianluca Marciano.

En soliste, le violoniste Sergej Krylov donnant la réplique à l’orchestre. Photo Roland Ragi

Par-delà les diverses partitions, on retient surtout l'exceptionnelle prestation d'un violoniste hors pair.
Entre vibratos de l'archet de la boîte magique et arpèges perlés des cordes, entre pianissimos à couper le souffle et fortissimos déchaînés, le monde est reconstitué en une saisissante et impalpable bulle de notes.
Cheveux sur le front, vêtu de noir, le violon niché au creux du cou, Sergej Krilov, violoniste russe de 44 ans, a subjugué l'auditoire. Par un jeu aux harmoniques d'une déconcertante énergie et précision. Pour une performance fougueuse et mémorable.
Mais tout d'abord, en premières mesures, l'«ouverture» du légendaire William Tell de Rossini, interprétée avec allant et vivacité par l'Orchestre symphonique opératique de Tbilissi placé sous la direction de Gianluca Marciano. Jamais la pomme à percer d'une flèche, posée sur la tête d'un enfant, n'aura eu autant de remous pour des images sonores aussi remuantes, chargées des rutilances des cuivres et bardées du rythme trépidant d'une cavalcade folle...
Pour prendre le relais, en un fil conduisant des battements du cœur aux scintillements d'une certaine féerie, place à des extraits du Barbier de Séville et de Cendrillon, toujours de Rossini. Mélodies et narrations orchestrales fluides, soyeuses et enchanteresses.
Pour conclure, dramatique, sombre, tendu, menaçant, un Orage selon Tchaïkovski, pour une saison hivernale chez nous cruellement privée de manifestations naturelles intempestives où pluie, éclairs et vents ont des conjugaisons irrégulières et actuellement à tendance d'oubli...
Après l'entracte, le violoniste Sergej Krylov est dans la flaque de lumière. En soliste donnant la réplique à l'orchestre dans l'un des plus beaux concertos du répertoire classique. Celui de Tchaïkovski. Et on nomme l'opus 35 du Concerto en ré majeur. Brillant et virtuose.
Trois mouvements (allegro moderato, canzonetta: andante, finale: allegro vivacissimo) d'une œuvre envoûtante, d'un lyrisme décapant, livrant les secrets des tristesses de l'enfant de Votkinsk. Mais aussi les bouffées d'espoir et les exaltations d'un musicien qui a touché avec un génie incomparable plus d'une expression musicale. Pour fouiller et sonder le cœur et les sentiments humains.
Le violon pour les dire: en chromatismes accélérés, en cadences alertes ou mélancoliques, en mesures d'une chanson ensoleillée, en tentative d'oublier un mariage désastreux, en emballement de lumière qui traverse l'esprit et le corps, les prunelles et les articulations, en longs sanglots ou cascades de rires, en élans chargés d'élévation et en abattements d'une grisâtre morosité. En pizzicati joyeux, en glissandos adroits, en coups d'âpres cravaches ou de tendres effleurements, le violon a des éclatements inattendus et s'illumine de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel sur un horizon boréal... C'est l'étourdissante palette de nuances, aux contrastes soulignés comme une toile fauviste, qui s'échappe d'un instrument, à la fois angélique et démoniaque, charnel et désincarné, totalement habité, possédé.
Une œuvre périlleuse, qui met à nu un bouquet de sentiments entre pudeur et cri, entre désespoir et renaissance. Une version aux frémissements domptés, donnée ici de main de maître. Sans oublier de mentionner les interprétations d'Oistrakh, Vedim et Heifetz qui ont fait date dans les annales d'un opus aux revirements d'audience un peu surprenants.
Une prestation au-dessus de tout éloge. Magnétique. Une interprétation sans faille, longuement applaudie par un public littéralement médusé.
Standing ovation d'une salle archicomble jusqu'aux dernières rangées. Deux bis, en solo absolu, généreusement accordés. La Toccata de Bach transcrite pour violon et un Caprice de Paganini, morceaux de bravoure par excellence, pour une technique vertigineuse et une sensibilité à fleur de peau, ne sont pas arrivés à étancher la soif du public. Une prestation comme celle-là, on s'en souviendra encore très
longtemps...

Par-delà les diverses partitions, on retient surtout l'exceptionnelle prestation d'un violoniste hors pair.Entre vibratos de l'archet de la boîte magique et arpèges perlés des cordes, entre pianissimos à couper le souffle et fortissimos déchaînés, le monde est reconstitué en une saisissante et impalpable bulle de notes.Cheveux sur le front, vêtu de noir, le violon niché au...

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