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Moyen Orient et Monde - Le point

De l’eau européenne dans le gaz russe

« Bien sûr, vous avez le droit de choisir votre voie. Mais, dans ce cas, nous serions obligés d'augmenter les droits de douane à l'exportation » : la petite phrase prononcée par le ministre russe de l'Économie, Alexeï Oulioukaev, dans le cadre d'une interview au quotidien allemand Handelsblatt, a résonné comme un coup de semonce, prélude sans doute à une de ces offensives dont, à l'image de l'Armée rouge, la politique du Kremlin a le secret. Contre le coup de Jarnac représenté par la révolution de Maïdan, le Kremlin s'apprêterait donc à sortir sa botte de Nevers, soit une panoplie de mesures économiques sans doute mais peut-être aussi politiques, diplomatiques et militaires. Il est clair que sur les rives de la Moskova on n'a pas digéré l'affront représenté par le déboulonnage de Viktor Ianoukovitch.


Tout semble perdu pour la supertsar Vladimir Poutine alors que viennent de s'éteindre les derniers lampions et de se taire les derniers flonflons de la grand-messe de Sotchi. Tout, c'est d'abord le rêve de voir naître une Union eurasienne – reprenant l'idée maîtresse de la défunte Union soviétique – qui engloberait, sous l'ombre tutélaire du grand frère, le Belarus, le Kazakhstan et ces traîtres d'Ukrainiens hier encore qualifiés de « frères ». Faux frères, oui, et qui viennent de se vendre au moins offrant – en contrepartie de quoi, on vous le demande ?
Car il faut se dire que la situation du pays qui vient de se payer une pinte de glasnost est tout sauf reluisante. Placée depuis longtemps sous perfusion, l'économie traîne les pieds, ne parvenant à subsister ces derniers temps que grâce aux deux milliards de dollars généreusement octroyés hier par Moscou couplés à la promesse de porter le total de l'aide à quelque 15 milliards, mais seulement – certes la condition ne figure pas dans l'accord mais elle a été clairement signifiée aux émissaires venus le mois dernier à Canossa parapher le document d'entente. En outre, il est impossible aux Ukrainiens de se passer du gaz assuré par le puissant fournisseur, lequel absorbe obligeamment plus du quart du commerce de son protégé en échange, entre autres, de l'hospitalité consentie à la flotte russe de la mer Noire, capable du coup d'accéder à la Méditerranée. Lundi, Iouri Kolobov, ministre p.i. des Finances, faisait savoir que ce n'est pas 15 milliards mais 35 milliards de dollars qu'il faut pour faire redémarrer une machine économique passablement déglinguée à cause de la crise mondiale, de la gabegie et de la corruption au niveau de l'État, enfin des dépenses somptuaires d'un président qui se voyait en roi des rois.


Mais il n'y a pas que le portefeuille. Il y a aussi la parade électorale qui pourrait voir demain la victoire à domicile du camp de l'est et du sud russophone et russophile, à moins que ces deux régions, dont les attaches les reliant à Moscou remontent à Pierre le Grand, ne choisissent de boycotter le scrutin, ce qui serait tout aussi lourd de conséquences. Une aventure militaire reste du domaine du possible, encore qu'à l'heure actuelle une réédition du scénario géorgien de 2008 soit difficilement envisageable. Poutine pourrait alors se rabattre sur un raidissement à l'égard de l'Europe et plus encore des États-Unis. Quelle que soit la réaction envisagée, on voit mal les Russes démarrer sur les chapeaux de roue, la plus élémentaire sagesse exigeant que l'on temporise en attendant des jours meilleurs ou encore que l'on botte en touche, dans l'espoir de voir la crise faire son effet pervers, avec son combat des chefs et sa course au service de la patrie (ben voyons...).


D'ores et déjà, on peut considérer Ianoukovitch comme « out », provisoirement en tout cas, sa piteuse fuite trahissant à la fois une succession de mauvais choix faits au mauvais moments autant qu'un lâchage auquel il ne s'attendait pas de la part de la police et des forces armées, sagement demeurées à l'écart. On a vu le président accumuler les erreurs : brutal rejet de l'alliance avec l'Union européenne, démission du Premier ministre et offre (aussitôt refusée) du poste vacant à un des leaders de l'opposition, interdiction des manifestations, enfin sanglante répression de la révolte populaire, qui a achevé de couper le dernier pont encore en place avec le peuple. Le processus avait été observé lors de l'enchaînement d'événements qui avaient conduit à la chute de la maison Ceaucescu puis plus tard à celle de Hosni Moubarak.
Il y aurait là de quoi s'interroger sur l'entêtement des tyrans à vouloir « entrer dans l'histoire à reculons », comme disait Paul Valéry.

« Bien sûr, vous avez le droit de choisir votre voie. Mais, dans ce cas, nous serions obligés d'augmenter les droits de douane à l'exportation » : la petite phrase prononcée par le ministre russe de l'Économie, Alexeï Oulioukaev, dans le cadre d'une interview au quotidien allemand Handelsblatt, a résonné comme un coup de semonce, prélude sans doute à une de ces offensives dont, à...
commentaires (4)

CE N'EST PAS DE L'EAU ! C'EST DU " PIPI " À PROFUSION... ET çA RISQUE, EN S'Y MËLANT, DE FAIRE EXPLOSER LE GAZ DANS LES LIGNES RUSSES AVANT SON ARRIVÉE EN UKRAINE ! ET TOUT AUTOUR !

LA LIBRE EXPRESSION

19 h 01, le 25 février 2014

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Commentaires (4)

  • CE N'EST PAS DE L'EAU ! C'EST DU " PIPI " À PROFUSION... ET çA RISQUE, EN S'Y MËLANT, DE FAIRE EXPLOSER LE GAZ DANS LES LIGNES RUSSES AVANT SON ARRIVÉE EN UKRAINE ! ET TOUT AUTOUR !

    LA LIBRE EXPRESSION

    19 h 01, le 25 février 2014

  • Et, par ricochet, ce sera incessamment au tour des Nains, Gnomes et Nabots poutiniens d'être "Out" !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    14 h 04, le 25 février 2014

  • Quelle "eau" ? Ni eau ni Rien !

    ANTOINE-SERGE KARAMAOUN

    10 h 01, le 25 février 2014

  • LE MAL UKRAINIEN EST INFECTUEUX !

    LA LIBRE EXPRESSION

    06 h 46, le 25 février 2014

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