C'est un réquisitoire en règle que le brigadier Issam Abou Jamra a dressé hier contre le général Michel Aoun, son ancien camarade d'armes, en l'accusant d'avoir dénaturé la cause qu'il avait naguère défendue, et d'avoir transformé « en un mouvement informe sans queue ni tête » le Courant patriotique libre.
« Les gens ne sont ni ignorants ni oublieux, a affirmé Issam Abou Jamra, en réponse à des critiques adressées par Michel Aoun à l'opinion publique. C'est vous qui avez divisé l'opinion en partis et c'est pour cela qu'aujourd'hui la majorité de vos partisans ont quitté les rangs d'un courant que vous avez transformé en une chose informe sans queue ni tête... »
L'ex-officier a accusé son ancien supérieur d'avoir « jeté à la corbeille les règlements du courant et ses principes », et de les avoir remplacés « par des méthodes autocratiques en vertu desquelles il a accaparé l'autorité et l'argent à son profit et à celui de sa famille, et dont il dispose sans comptes à rendre et sans aucun contrôle ».
« Nombreux sont ceux qui vous ont lâché pour une attitude de neutralité, ou qui ont délaissé le courant pour sauvegarder leur dignité, après avoir été accusés d'incompétence ; nombreux sont les intellectuels qui ont refusé de vous suivre, pour avoir conduit le pays là où il se trouve, et que vous accusez aujourd'hui d'ignorance », a poursuivi un Issam Abou Jamra déchaîné.
Et d'attirer l'attention de Michel Aoun sur « les allégeances des chefs de parti à des États étrangers auxquels ils se sont inféodés pour en avoir reçu de l'argent et des armes, et qui ont été à la source de bien des difficultés pour ceux qui assumaient la première présidence... La paralysie des institutions en a été l'une des conséquences, elle s'est produite par la volonté d'États étrangers... Il va donc de soi que le chef de l'État devra choisir parmi les modérés et les neutres des personnes intègres pour leur confier les rênes de l'exécutif. Où donc est-il dans son tort, quand les trois quarts des Libanais appuient sa politique ? ».
« À 80 ans, l'esprit ralenti par la capacité de synthèse diminuée, il vaut mieux se taire que parler à tort et à travers! » a-t-il conclu, à l'adresse de celui qui fut, en 1988, le Premier ministre d'un cabinet de militaires improvisé par le président Amine Gemayel, pour empêcher sa présidence de sombrer.
Liban
Abou Jamra accuse Aoun d’avoir « accaparé à son profit le pouvoir et l’argent » du CPL
OLJ / le 10 janvier 2014 à 00h00
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20 h 50, le 11 septembre 2014