Échanges de roquettes entre le Liban et Israël

Alors que le Liban est plongé dans le deuil et la colère suite à l'assassinat de l'ancien ministre Mohammad Chatah, la tension est montée d'un cran hier à la frontière libano-israélienne au Sud. Quatre roquettes ont été tirées à partir du territoire libanais vers 7h30 du matin et l'artillerie israélienne a aussitôt riposté en envoyant une volée d'obus en guise de représailles. L'AFP parle ainsi d'une vingtaine d'obus lancés par l'armée israélienne. Les sources de sécurité libanaises ont confirmé la nouvelle, précisant toutefois que les obus israéliens sont tombés dans des zones inhabitées sans faire de victimes. Selon l'AFP, « l'artillerie israélienne a répliqué en visant le secteur d'où ces engins ont été tirés ».

Ce « coup de chaud » à la frontière intervient après la mort d'un soldat israélien le 16 décembre, tué par un militaire libanais à la frontière. Cet incident grave avait été rapidement circonscrit, une réunion tripartite entre l'armée libanaise, la Finul et l'armée israélienne s'étant tenue et les Israéliens s'étant déclarés convaincus par la version libanaise qui affirme que le soldat a agi de son propre chef.

Hier, l'armée israélienne a réagi assez vivement, sans attendre des explications, ni l'intervention de la Finul. Elle a donc tiré une vingtaine d'obus et le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon a menacé d'une réaction « plus dure en cas de besoin ». Il a déclaré dans ce cadre : « Je ne recommanderai à personne de tester notre patience et notre détermination à défendre la sécurité de la population israélienne. » Le Premier ministre israélien a d'ailleurs immédiatement mis en cause le Hezbollah qui, a-t-il dit, « déploie des milliers de roquettes et de missiles au milieu de la population civile. Il commet ainsi un double crime de guerre sous le patronage du gouvernement libanais et de son armée qui ne font rien ».

Toutefois, l'armée a pris des mesures strictes, quadrillant le secteur, et elle a rapidement trouvé et démantelé quatre rampes de lancement de missiles à partir desquelles les roquettes (qui seraient au nombre de quatre, mais dont une seule seulement a explosé en territoire israélien, selon la radio israélienne) ont été lancées. Ces rampes étaient installées près de Wadi el-Khraybé, dans le caza de Hasbaya. Cette information n'a pas encore été commentée par les Israéliens, mais le commandant en chef de la Finul, le général Paolo Serra, a déclaré que la force intérimaire des Nations unies suit de près les développements et sa priorité est de maintenir le calme dans la région.

Le porte-parole de la Finul Andrea Tenente a précisé que le général Serra entreprend des contacts avec les deux parties pour circonscrire l'incident. De son côté, le général Serra a qualifié ce qui s'est passé « d'incident très grave et de violation claire de la résolution 1701 du Conseil de sécurité, dans le but de mettre en cause la stabilité de la région ». Selon lui, la priorité est de maintenir le calme dans la région et il a donc personnellement pressé les deux parties à faire preuve de retenue. Le général Serra a affirmé que ses interlocuteurs se sont déclarés prêts à coopérer avec la Finul et décidés à respecter les engagements précédents de cesser les actions hostiles. Le général Serra a encore déclaré que la Finul ne ménagera pas ses efforts pour déterminer la partie qui a tiré les roquettes et arrêter les auteurs de cette violation de la résolution 1701.

Mikati condamne
Sur le plan interne, le chef du gouvernement démissionnaire Nagib Mikati a condamné les tirs de roquettes contre Israël et la riposte israélienne, réaffirmant l'engagement de l'État libanais à se conformer aux dispositions de la résolution 1701. M. Mikati a d'autre part reçu un appel téléphonique du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et du secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil Arabi.

Par ailleurs, le député Kassem Hachem, membre du bloc présidé par Nabih Berry, s'est rendu dans la région du Arkoub ciblée par l'artillerie israélienne et a estimé que la volée d'obus israéliens est une violation flagrante de la souveraineté libanaise et vise à ébranler la sécurité dans la région. M. Hachem a aussi dénoncé ce qu'il a qualifié « d'agression flagrante, au vu et au su de la communauté internationale, puisque la Finul a tout vu et entendu ». En même temps, Kassem Hachem a estimé que les roquettes envoyées à partir du Liban sont « suspectes, parce qu'au fond, elles font le jeu de l'ennemi israélien et elles n'ont qu'un seul objectif : ébranler la sécurité, à partir du Sud, en harmonie avec le terrorisme qui a sévi à Beyrouth. Tous ces actes visent à accroître les dissensions internes et à affaiblir la résistance », a-t-il affirmé.

Sur un autre plan, le correspondant de l'ANI à Saïda a rapporté que neuf roquettes de types RPG non munies de détonateurs ont été trouvées sur le bas côté de l'autoroute reliant Saïda à Jezzine, à proximité de la localité de Majdelyoun.

Lire aussi

Sleiman annonce une aide « exceptionnelle » et « sans précédent » de 3 milliards de dollars de Riyad à l'armée

Analyse
Le Liban, microcosme des tensions régionales

Pour mémoire
Kahwagi : La troupe ripostera à toute attaque israélienne