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À l’UL, une feuille de route pour les médias de service public

La faculté d'information et de documentation section 2 de l'UL (FID2) a organisé, le mercredi 11 décembre, sous le patronage du ministre de l'Information, Walid Daouk, une conférence autour des médias de service public au Liban.

Le Dr Ibrahim Chaker, directeur de la FID2, le Dr Georges Kallas, recteur de la faculté d’information, le ministre de l’Information Walid Daouk et le journaliste Camille Menassa (de gauche à doite).

La conférence, intitulée « Des médias publics aux médias de service public », a comporté de nombreuses réflexions sur l'état des médias officiels libanais, la notion de médias de service public, leur histoire et le rôle qu'ils pourraient jouer dans un pays aussi diversifié que le Liban.
Le Dr Georges Kallas, doyen de la faculté d'information, représentant le Dr Adnane el-Sayyed Hussein, recteur de l'UL, a précisé dans son intervention que « la valeur de cette conférence réside dans l'attention qu'elle porte pour vivifier les médias officiels en crise depuis des années. » Pour sa part, M. Daouk a affirmé : « Au Liban, les médias officiels n'ont jamais été canalisés par le gouvernement comme dans les pays totalitaires. L'enjeu est de ne pas les cantonner dans la couverture des activités officielles, de les diriger vers les questions qui préoccupent le peuple, de les transformer donc en médias de service public. » Selon le Dr Ibrahim Chaker, directeur de la FID2, ces médias prôneront des valeurs collectives et favoriseront la citoyenneté, l'ouverture vers l'autre et la conservation d'une mémoire commune.

Les médias officiels en décadence
« Depuis que chaque parti au Liban a établi sa propre chaîne de télévision – tout en refusant de payer une redevance à Télé-Liban (TL) –, la chaîne officielle s'en est trouvée affaiblie », précise le journaliste Camille Menassa, avant de poursuivre : « Aujourd'hui, TL a besoin de plusieurs milliards de dollars pour pouvoir concurrencer les autres chaînes. » Le statut actuel de Radio-Liban n'est pas plus encourageant que celui de TL. La docteure en sciences de l'information et de la communication (SIC) Oussama Nasrallah explique : « Bien que la radio officielle libanaise dispose des meilleurs studios dans la région, elle couvre uniquement 30 % du territoire libanais. »
Les deux médias ont en commun la richesse et la rareté de leurs archives, qui comprennent les années soixante et soixante-dix, époques d'or du pays du Cèdre. Mais ces archives sont menacées de copiage et d'anéantissement. La docteure en éducation et spécialiste en information Gladys Saadé avertit : « Par manque de matériel, depuis 12 ans, TL n'archive plus ses émissions. Aujourd'hui, n'importe quel incident peut détruire les archives de la chaîne officielle. Il faut donc les numériser. Elles pourront alors représenter une source de revenus si on vend les matières rares qu'elles comprennent. »
Le ministre de l'Information a précisé qu'il aspire à ressusciter les médias publics, surtout TL, et à les faire progresser. En vue d'aider à établir une feuille de route, le parcours des médias de service public français et britanniques a été évoqué au cours de la conférence. Il s'est avéré que ce que ces chaînes ont en commun, c'est la variété et la qualité de leurs programmes. Malheureusement, ces chaînes souffrent de la situation actuelle. « Pour les médias de service public français, le problème réside dans l'influence dominatrice que la publicité exerce sur eux », précise la docteure en SIC Betty Sleiman. Alors qu'en Grande-Bretagne, ils font face à la concurrence du numérique, selon le Dr Mahmoud Tarabay, professeur à l'UL.

Vers des médias de service public au Liban
« Un média officiel élargit l'espace de ce qu'il ne faut pas dire et élimine ce qu'on souhaite dire, alors qu'un média privé agit inversement », assure M. Menassa. La solution ? Un média de service public qui pourra équilibrer et gérer ce qui est diffusé. Comment ? « Ce moyen de communication indépendant des pouvoirs politique et financier agit comme un miroir de la société et couvre des causes bénéfiques à la société et à la démocratie en respectant les diverses opinions », affirme le docteur en communication Georges Sadaka qui annonce, pour l'établissement des médias de service public au Liban, une feuille de route basée sur une étude publiée par l'Institut Panos Paris et l'Observatoire méditerranéen de la communication. Parmi les étapes mentionnées, « promulguer une loi qui régit la direction et le financement de ces médias, la direction devant être séparée du service de rédaction et le financement devant être transparent ; envisager une grille d'émissions diversifiées qui permet la participation du public ; embaucher des journalistes expérimentés dans le service public ». Mais ce qui manque pour réaliser cela, « c'est une décision politique », assure le Dr Sadaka, avant de conclure : « Quand le journaliste s'arme de liberté et d'éthique, il pourra prendre le relais et éviter des dégâts supplémentaires aux moyens d'information. »
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Du côté des étudiants
« Cette table ronde nous a permis d'acquérir de nouvelles connaissances sur un sujet crucial pour nous en tant que futurs journalistes. Par contre, on ne peut rien faire pour développer le projet de médias de service public au Liban, c'est une affaire politique », affirme Marie-Josée Azzi, étudiante en 2e année de journalisme, qui dit avoir apprécié la conférence. Jessy Abi Ramia, également étudiante en journalisme, n'est pas d'accord. « Si on arrête de se moquer des chaînes officielles, si on lance une campagne de sensibilisation où chacun de nous partage, dans un blog ou sur un site Internet, son avis sur l'importance des chaînes de service public au Liban, on contribuera à la promotion de ce projet. »
Le Dr Ibrahim Chaker a révélé à Campus que si cette conférence suscitait l'intérêt des étudiants, elle serait suivie par d'autres. Les conférences seraient par la suite regroupées dans un livre et distribuées aux étudiants.

Arzé NAKHLÉ

La conférence, intitulée « Des médias publics aux médias de service public », a comporté de nombreuses réflexions sur l'état des médias officiels libanais, la notion de médias de service public, leur histoire et le rôle qu'ils pourraient jouer dans un pays aussi diversifié que le Liban.Le Dr Georges Kallas, doyen de la faculté d'information, représentant le Dr Adnane el-Sayyed...
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