Si un cinéaste hollywoodien s'était piqué de rédiger un scénario catastrophe pour le tourisme libanais, il y aurait inclus une guerre civile dans le pays adjacent et son million et demi de réfugiés, de multiples attentats-suicide, une poignée de kidnappings, un boycott des monarchies du Golfe, des tempêtes slaves, des inondations...
Malheureusement pour le secteur hôtelier, les années 2012 et 2013 ont justement suivi ce scénario à la lettre. Mais, tandis que la première était marquée par la stupeur et le désespoir, la seconde aura été l'année du système D et de la limitation des dégâts, tant bien que mal.
Ainsi, plusieurs hôtels, des cinq étoiles comme des moyens de gamme, ont littéralement « cassé » leurs prix tandis que d'autres tentaient d'attirer les réfugiés syriens, des pratiques jugées « déloyales » en juillet dernier par le président du syndicat des hôteliers du Liban, Pierre Achkar.
« Ne nous leurrons pas, la situation n'est pas bonne. Elle n'a cessé de se dégrader depuis quelques années. Tout ce que nous pouvons faire, c'est de réduire les frais, dégraisser du personnel, baisser nos prix, multiplier les promotions alléchantes, et attendre que la tornade passe », confie à L'Orient-Le Jour une responsable dans un grand établissement, qui tient à préserver son anonymat. Autant dire que beaucoup d'hôteliers libanais seront aux abois, en cette fin d'année 2013...
Triste Noël pour les uns...
« L'absence de touristes en provenance du Golfe se ressent cruellement. Le luxe, l'hôtellerie, la restauration ont été durement touchés », avoue la directrice de l'hôtel Albergo Relais & Châteaux, Jihane Khairallah. Sans donner de chiffres précis, elle parle d'une baisse « notable » observée, en dépit des prix revus à la baisse par l'hôtel « comme partout ailleurs ».
Située dans la région montagneuse de Bécharré, l'Auberge des Cèdres déplore également une légère baisse de régime. « Contrairement à l'an dernier, nous n'avons pas de liste d'attente ;
mais le taux de réservation est bon, en dépit de quelques "creux" », indique une responsable, qui précise que les tarifs et le package du Jour de l'An n'ont pas enregistré de variation.
... bonnes fêtes en perspective pour les autres
« Nous serons complet pour la période de Noël et des fêtes de fin d'année », se félicite pour sa part le directeur général de l'hôtel Mzaar Intercontinental, Joost Komen, interrogé par L'Orient-Le Jour.
Il prévoit également des taux d'occupation de 70 % en janvier, 85 % en février et 60 % en mars. La raison de ce succès réside selon lui dans le fait que la majorité de sa clientèle est plutôt composée d'expatriés libanais et occidentaux, dont un certain nombre travaillent dans les pays du Golfe. « Et la neige, cette fameuse valeur ajoutée, est tombée », ajoute-t-il.
Même son de cloche de la part de la responsable communication de l'hôtel Le Gray, Rita Saad, qui indique que l'établissement est d'ores et déjà complet. « Notre clientèle ? Des ressortissants du Golfe, des Européens et des Libanais expatriés de retour pour les fêtes », indique-t-elle. « Nous avons été indulgents sur le plan des tarifs – nous n'avons rien bradé, évidemment, mais plutôt maintenu des prix habituellement réservés à la basse saison – ; cela a peut-être contribué à encourager les touristes », glisse-t-elle.
En tout état de cause, les hôtels déterminés à traverser une nouvelle année dans la veine de 2012-2013 seront obligés de s'adapter et d'innover pour survivre. Une notion darwinienne qui risque, malheureusement, de faire quelques victimes au passage.
Pour mémoire
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commentaires (3)
SI C'ÉTAIT SEULEMENT LES HÔTELS ! TOUT LE PAYS.... SON ÉCONOMIE... SON INDUSTRIE... SON TOURISME ET MÊME SON AGRICULTURE ET SERVICES... SONT PRIS DANS DES CYCLES FANATIQUES ET MALSAINS, AVANT TOUT LOCAUX ET PUIS RÉGIONAUX...
LA LIBRE EXPRESSION
13 h 13, le 19 décembre 2013