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Liban - Société

Le droit des femmes à l’Université arabe de Beyrouth

Le débat a eu lieu dans le cadre d'une série de conférences organisées par la délégation de l'Union européenne sur les droits de l'homme et la démocratie.

Vue du public.

« Droits des femmes, défis et opportunités pour l'égalité des genres au Liban », c'est sur ce thème que le débat aborde des sujets tels que la violence contre les femmes, la transmission de la nationalité et la participation des femmes à la vie politique. L'événement a vu la participation de la chef de la délégation de l'UE, l'ambassadrice Angelina Eichhorst, de l'ambassadrice d'Autriche, Ursula Fahringer, du recteur de l'Université arabe de Beyrouth (UAB), le professeur Amr Galal el-Adawi, du directeur du Centre des droits de l'homme à l'UAB, le Dr Omar Houri, et de la représentante de Kafa, l'avocate Leila Awada.
Dans son mot de bienvenue, le Pr Adawi insiste sur la place qu'occupent les droits de l'homme au sein de l'UAB. Une place de choix, véhiculée non seulement par le Centre des droits de l'homme, mais aussi par les cours sur les droits de l'homme que chaque
étudiant est tenu de suivre, quelle que soit son cursus universitaire. « Plus de 11 000 étudiants ont déjà suivi ces cours », révèle le recteur avec fierté.

De nombreux défis à relever
« Les jeunes d'aujourd'hui sont les leaders de demain. C'est pourquoi il est impératif de les impliquer dans le débat sur l'avenir du Liban. » Angelina Eichhorst explique l'objectif des débats organisés par l'UE au sein des universités libanaises. Elle insiste sur le rôle de l'UE dans la promotion de la paix, de la réconciliation, de la démocratie et des droits de l'homme. Un rôle qui dépasse les frontières de l'Europe et qu'elle joue auprès de ses partenaires, parmi lesquels le Liban. « L'UE encourage le développement d'une profonde démocratie basée sur le respect des lois, de la liberté d'expression, de l'indépendance et de l'impartialité des administrations judiciaires », souligne Mme Eichhorst. Nombre de droits sont certes respectés au Liban, mais de « nombreux défis sont encore à relever », note-t-elle, parmi lesquels la lutte contre la violence et la discrimination basée sur le genre, la participation des femmes à la vie politique, la transmission de la nationalité...
« Un processus en cours », c'est ainsi que l'ambassadrice d'Autriche qualifie pour sa part les droits des femmes dans son pays, tout en faisant partager ce processus aux étudiants. Ursula Fahringer évoque les étapes-clés des progrès réalisés pour l'obtention par les femmes autrichiennes de leurs droits, depuis la création de la première association féministe en 1848, sous la monarchie, jusqu'à la politique actuelle du gouvernement qui consiste à promouvoir activement l'égalité des sexes à tous les niveaux politiques et dans toutes les phases de prise de décision. Pratiquement, cela implique la mise en place de programmes et de mesures pour permettre aux femmes d'être représentées dans des professions traditionnellement réservées aux hommes, parmi lesquels des formations permettant aux femmes d'améliorer leurs qualifications, la création de structures de prise en charge des enfants et la protection des femmes contre la violence.
« Mais les déficiences persistent en Autriche », constate la diplomate, indiquant que dans le secteur privé, les femmes peuvent encore percevoir des salaires inférieurs de 23,7 % aux hommes, pour un même travail. De plus, aucune femme n'a jamais été présidente fédérale ou Premier ministre.

Transmettre sa nationalité, un droit naturel
C'est sur l'épineux dossier de la transmission de la nationalité que s'exprime l'assistant du doyen de la faculté de droit et de sciences politiques, Omar Houri. « Environ 18 000 Libanaises ayant épousé des étrangers ne peuvent transmettre leur nationalité à leur famille », note l'avocat, qui énumère les conséquences négatives de cette interdiction pour leurs enfants. Il explique que, selon la loi libanaise, toute personne née d'un père libanais a droit à la nationalité libanaise. De même, les étrangères ayant épousé des Libanais ont droit à la nationalité libanaise au bout d'un an de mariage. « Empêcher la femme libanaise de transmettre sa nationalité à sa famille est une injustice et un des points fondamentaux de l'inégalité entre l'homme et la femme »,
estime-t-il, faisant état de « raisons politiques ».
« La Constitution libanaise affirme pourtant que tous les Libanais sont égaux »,
observe-t-il. De plus, le Liban est signataire de nombreuses conventions internationales parmi lesquelles la Cedaw, Convention contre toute forme de discrimination à l'égard des femmes, avec toutefois certaines réserves. Le Dr Houri est formel : « Le Liban a le devoir d'amender ces lois » en vue d'appliquer les conventions internationales qu'il a signées, car « le droit des femmes est une chose naturelle ». « Une décision courageuse est nécessaire », conclut-il.

Kafa mène campagne auprès des FSI
Place ensuite à la campagne menée par l'association Kafa auprès des Forces de sécurité intérieure, baptisée « Nous avons une mission ». Une campagne menée de front avec les Nations unies, dans le cadre de la campagne internationale pour la lutte contre la violence envers les femmes qui se déroule depuis le 25 novembre et se poursuivra jusqu'au 10 décembre 2013. Face à la grande frilosité des autorités libanaises à accorder aux femmes l'égalité des droits, l'association Kafa « a revu ses ambitions à la baisse », déplore l'avocate Leila Awada. « Nos ambitions se limitent aujourd'hui à protéger les femmes de la violence domestique, à empêcher qu'elles ne meurent sous les coups de leurs proches », affirme-t-elle.
Alors, dans l'attente que le projet de loi approuvé en commission soit voté au Parlement, l'association « refuse de rester les bras croisés ». C'est auprès des Forces de sécurité intérieure qu'elle travaille
désormais pour leur apprendre à traiter avec les femmes victimes de violence. Et ce par le biais de formations adressées aux éléments des FSI, mais aussi par la mise en place d'une charte que s'engage à respecter l'institution sécuritaire. « Car ces femmes ont droit à être traitées de manière adéquate par les FSI », note l'avocate. Au-delà de cette formation, Kafa ne se détourne pas de son objectif à long terme : « Institutionnaliser la lutte contre la violence faite aux femmes et mettre en place une politique nationale de lutte contre la violence domestique. »
La parole est alors donnée aux étudiants qui commentent les interventions et posent quelques questions sur le sujet. « Pour ma part, chaque jour devrait être consacré à la protection des femmes contre la violence », lance un étudiant. Un autre, par contre, craint que l'acquisition par les femmes de l'égalité des droits « ne porte préjudice aux hommes, au niveau de l'emploi ou dans le partage des tâches au sein du foyer ». Une troisième étudiante constate l'absence de possibilités pour les femmes d'accéder à la vie politique ; le sujet du crime d'honneur est aussi abordé...
Les questions fusent. La participation des étudiants, des enseignants ou des responsables universitaires est active. La discussion s'exporte en Syrie et en Égypte, avec passion, voire virulence. Le débat est ouvert. Il reste à espérer qu'il ne s'arrêtera pas en si bon chemin, mais s'étendra progressivement à l'ensemble de la société.
Une seule ombre au tableau, l'absence remarquée du ministre des Affaires sociales ou du moindre représentant officiel. C'est dire l'importance qu'occupe le droit des femmes auprès des autorités officielles.

« Droits des femmes, défis et opportunités pour l'égalité des genres au Liban », c'est sur ce thème que le débat aborde des sujets tels que la violence contre les femmes, la transmission de la nationalité et la participation des femmes à la vie politique. L'événement a vu la participation de la chef de la délégation de l'UE, l'ambassadrice Angelina Eichhorst, de l'ambassadrice...

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