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Culture - Cimaises

« La condition humaine » au Beirut Exhibition Center à travers les œuvres de Paul Guiragossian

Pour marquer le 20e anniversaire de la disparition de Paul Guiragossian, une rétrospective de son œuvre a lieu au BEC jusqu'au 6 janvier. Elle est organisée à l'initiative de la fondation Paul Guiragossian par les curateurs Sam Bardawil et Till Fellrath (Art reoriented) avec le soutien de Solidere.

« Le cycle de la vie. »

Cette exposition, qui s'étale sur tout l'espace du Beirut Exhibition Center et intitulée à juste titre « The Human condition » (La condition humaine), constitue jusqu'à présent la rétrospective la plus compréhensive de l'artiste Paul Guiragossian disparu en novembre 1993. C'est la vision de l'artiste, son esprit le plus authentique qui transparaît non seulement à travers ses œuvres, mais également par cette scénographie intelligente qui met l'accent sur les thèmes récurrents du corps d'œuvre ainsi que la quête incessante de cet artiste épris d'absolu.


Une vidéo de deux minutes à l'entrée présente déjà au visiteur (pour ceux qui ne connaissent la pensée de l'artiste) ce travail qui s'est articulé sur une vision unique : Guiragossian dans les rues de Bourj Hammoud, Guiragossian allant vers l'Université libanaise où il enseigne, ou tout simplement dans son atelier. Par ces quelques mots, il résume toute une vie : « Chaque toile est un pas vers Dieu. On touche le divin avec son art », et, plus loin, « je me sens encore débutant ». L'homme n'est donc pas seulement un pionnier de l'art dans le monde arabe, mais il est au-delà de cela un artiste universel, modeste, sondant l'être humain, son frère, et par conséquent lui-même. À ce journaliste qui l'interroge également dans cette vidéo, il répond : « Ma principale source d'inspiration, je la puise dans la famille, les enfants et le quartier. »


C'est dans cette optique et pour mettre en évidence la pensée sur laquelle s'est articulé ce travail que l'espace a été compartimenté non selon un ordre chronologique, mais d'après les thèmes-clés de la vie de l'artiste.
Les curateurs Sam Bardawil et Till Fellrath appartiennent à cette plateforme curatoriale multidisciplinaire (Art reoriented) basée à Munich et à New York depuis 2009. Enseignant entre autres à la London School of Economics et à la Tisch School of the Arts à l'Université de New York, ils collaborent régulièrement à des publications comme Flash Art, Art Info ou Huffington Post, ainsi qu'avec des musées internationaux. Pour cet événement particulier qui regroupe des travaux inédits, des œuvres appartenant à des collections, des archives ainsi que des vidéos montrant l'artiste à l'œuvre, il était essentiel d'assurer une lecture
contemporaine de l'exposition. Ils ont ainsi positionné l'artiste parmi les peintres de sa génération en indiquant leur influence sur lui ainsi que la libération de ce dernier pour atteindre une dimension tout autre. « Paul Guiragossian a passé sa vie à explorer la condition humaine sous toutes ses facettes, disent-ils. Vingt ans après, cette exposition offre un message d'espoir en présentant la philosophie visionnaire de l'artiste qui a contribué à la modernité de l'art dans le monde arabe, mais aussi sa foi en l'être humain. »

 

Une foi infinie en l'homme
En longeant la première galerie des autoportraits de l'artiste baptisée « Self », on le retrouve à travers différentes périodes de sa vie. Plus loin, ce sont des visages des membres de la famille à travers les générations qui occupent les lieux. Ainsi, pour la femme et la maternité (« Woman and motherhood »), une grande place est réservée à ce thème qui a hanté l'esprit de l'artiste. Trois autres sujets auxquels Guiragossian a consacré des efforts se déploient dans les galeries contiguës : l'exil, les travailleurs, la vie de la rue ainsi que la foi. Autant de pivots de son existence qui reflètent l'intimité, mais également l'universalité de cette figure de proue de l'art contemporain.


Un théâtre est dressé au centre du BEC. Dans un arc de cercle, des visages encadrent une toile de très grande dimension. L'art n'était-il pas le théâtre de la vie de l'artiste ? Pour expliquer leur démarche « hors temps », les curateurs indiquent : « Paul Guiragossian croyait que l'art dépassait la dimension de temps. Et c'est à partir de là que l'exposition a été élaborée. »


Sous les coups de pinceau ou de brosse ainsi que dans les couleurs adjacentes, jamais imbriquées l'une dans l'autre, les personnages s'impriment sur la toile, isolés, confinés dans une solitude. À ceux qui affirmaient à Guiragossian que la peinture était destinée à égayer l'humanité tout comme le travail de Matisse ou Renoir, l'artiste répondait qu'il y avait chez ces peintres une innocence qu'il ne pourra jamais avoir. « J'ai probablement trop souffert pour être capable de réjouir les autres et je suis jaloux de ce ceux qui peuvent le faire. »

Cette exposition, qui s'étale sur tout l'espace du Beirut Exhibition Center et intitulée à juste titre « The Human condition » (La condition humaine), constitue jusqu'à présent la rétrospective la plus compréhensive de l'artiste Paul Guiragossian disparu en novembre 1993. C'est la vision de l'artiste, son esprit le plus authentique qui transparaît non seulement à travers...

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