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Moyen Orient et Monde - Égypte

Projet constitutionnel : le retour de l’État autoritaire dénoncé

Le projet de nouvelle Constitution qui doit encore être soumis à référendum en Égypte consolide la toute-puissance de l'armée dans le processus de « transition démocratique » qu'elle avait promis en destituant le président islamiste Mohammad Morsi il y a cinq mois. Selon ce texte adopté dimanche, l'armée qui a mis fin à la monarchie en 1952, pris le pouvoir à la suite de Hosni Moubarak chassé par une révolte début 2011, et destitué son successeur, Morsi, le premier président égyptien élu démocratiquement, voit non seulement ses privilèges vieux de six décennies maintenus mais également son poids sur la vie politique égyptienne renforcé. Près de trois ans après la révolte populaire lancée dans le tumulte du printemps arabe, les défenseurs des droits de l'homme dénoncent ainsi un retour de l'État autoritaire de l'ère Moubarak alors que la répression des partisans de M. Morsi a fait plus d'un millier de morts et que des militants laïcs fer de lance de la « révolution » sont arrêtés et violemment dispersés en vertu d'une récente loi interdisant tout rassemblement non autorisé par le ministère de l'Intérieur.
C'est dans cette Égypte en crise que les militaires ont réussi à préserver « une indépendance totale, leurs intérêts économiques et leur immunité légale », estime James Dorsey, spécialiste du Moyen-Orient de l'École d'études internationales S. Rajaratnam de Singapour. Ainsi, le budget de l'armée reste à l'abri de tout droit de regard du Parlement et du gouvernement et ses tribunaux peuvent juger des civils qui s'en seraient pris à son personnel ou à ses équipements. L'armée accapare en outre une des attributions de l'exécutif en obligeant le gouvernement à obtenir son aval pour la nomination du ministre de la Défense, obligatoirement un militaire. Le projet, qui sera soumis à un vote populaire au plus tard en janvier, limite toutefois cette disposition à deux mandats présidentiels, soit huit ans. Pour certains experts, ce projet constitutionnel reflète les rapports de force politiques actuels dans le pays.

Les grands gagnants
Le politologue Hassan Nafaa voit dans cette disposition « un sujet d'inquiétude », notamment si le général Abdel Fattah al-Sissi, commandant en chef de l'armée, actuel ministre de la Défense, vice-Premier ministre et véritable homme fort du pays, décide de ne pas se présenter à l'élection présidentielle. « Quelle sera alors la relation entre le président élu et le Premier ministre, d'une part, et leur ministre de la Défense, d'autre part, qui ne se sentira pas subordonné à leur autorité », s'interroge M. Nafaa, craignant un « pouvoir à trois têtes vecteur d'instabilité ».
La commission constituante a en revanche rejeté un article prévoyant la tenue d'élections législatives avant une élection présidentielle dans les mois suivants le référendum sur la Constitution. Le calendrier finalement adopté ne précise plus quelle élection interviendra avant l'autre, laissant au président par intérim Adly Mansour le soin de trancher sur cette question qui pourrait modifier en profondeur la « feuille de route » pour la « transition démocratique » imposée par l'armée aux autorités intérimaires.
Pour les experts, ce calendrier pourrait en fait être un moyen de paver la route de la présidentielle au général Sissi, qui jusqu'ici s'est refusé à écarter toute option. La coalition pro-Morsi chapeautée par les Frères musulmans, de son côté, accusait hier dans un communiqué le général Sissi, nommé au gouvernement par M. Morsi, « de travailler, depuis sa nomination à démolir ou saper les gains de la révolution de 2011 ».
(Source : AFP)

Le projet de nouvelle Constitution qui doit encore être soumis à référendum en Égypte consolide la toute-puissance de l'armée dans le processus de « transition démocratique » qu'elle avait promis en destituant le président islamiste Mohammad Morsi il y a cinq mois. Selon ce texte adopté dimanche, l'armée qui a mis fin à la monarchie en 1952, pris le pouvoir à la suite de Hosni...

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