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« L’autoritarisme en Turquie n’est pas mort, il a juste été restructuré » - Forum

La Convention des maires à Istanbul, un vecteur de changement ?

Les autorités locales et régionales s'engagent à améliorer leur efficacité énergétique pour réduire leurs émissions de CO2 de 20 % d'ici à 2020, en collaboration avec l'UE et selon les objectifs fixés par celle-ci.

Photo de famille lors de la Convention des maires à Kadiköy.

À l'heure où les réunions sur l'environnement se succèdent mais sans résultat concret ou satisfaisant, les conditions climatiques ne cessent de s'aggraver. Le dernier exemple en date n'est autre que celui des Philippines, touchées par le typhon Huyan, qui aurait fait plus de 4 000 morts et déplacé plus d'un million de personnes.
La situation devient donc de plus en plus urgente, et le grand défi résidera dans le grand accord sur les réductions d'émissions à effet de serre qui devrait être conclu en 2015 en France, futur pays hôte de la conférence sur le climat. En attendant, des initiatives à petite ou moyenne échelle sont prises et mises en place tant bien que mal. C'est là qu'entre en jeu la Convention des maires.
Créée en 2008, la convention est un mouvement unique en son genre, réunissant les autorités locales et régionales, et qui s'engagent à respecter et même à dépasser l'objectif de l'Union européenne (UE) de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 20 % d'ici à 2020. Forte de plus de 5 000 signataires, la convention rassemble des centaines de municipalités et de villes, notamment européennes. Et aujourd'hui, de nombreuses localités du Machreq comme du Maghreb désirent appartenir à ce mouvement et participer à la réalisation de ses objectifs, participant pour ce faire aux projets du CES-Med (Cleaner Energy Saving Mediterranean Cities), un projet mis en place et financé par l'Union européenne (voir encadré).
C'est ainsi que la municipalité de Kadiköy à Istanbul a accueilli à la mi-novembre un forum organisé par le CES-Med et la Ciudad (Cooperation in Urban Development and Dialogue), rassemblant des représentants des pays signataires – ou désireux de l'être – de la Convention des maires. Il s'agissait en effet de motiver les maires de pays partenaires de la PEV (politique européenne de voisinage), dont par exemple le Liban, l'Algérie, la Jordanie ou encore la Tunisie, à rejoindre la convention et à participer à la mise en place d'un « plan d'action en faveur de l'énergie durable » (PAED), concernant l'utilisation de sources d'énergie renouvelables dans leurs pays respectifs.

Implication régionale immédiate
En ce qui concerne plus particulièrement le Moyen-Orient (Liban – jusque-là 13 municipalités ont demandé à participer au programme, dont celles de Beyrouth, Baakline et Qob Élias – territoires palestiniens,...), le CES-Med est actuellement en train de mettre en place son propre programme en plusieurs étapes pour pousser les municipalités du Machreq à participer activement à l'action de la convention, avant même d'en faire partie. La première étape consistera à réunir les groupes nationaux de coordination (GNC), réunion qui permettra de connaître en détail les démarches à suivre. Ensuite, chaque municipalité devra préparer une fiche descriptive et un rapport détaillé sur son statut actuel en termes d'utilisation (ou pas) d'énergies renouvelables, de pollution, etc. Ce rapport, qui permettra d'évaluer de manière détaillée les besoins en énergie et en financement, devra être fourni par des experts sur le sujet avant d'être approuvé. Un premier atelier présentera ultérieurement les avantages que présente l'adhésion à la convention, avec des exemples de PAED, des détails sur les possibilités de financements et la préparation d'un « plan de oromotion de la sensibilisation du citoyen » (organisation de Journées de l'énergie durable, activités scolaires, campagnes médiatiques de sensibilisation,...). Un second atelier consistera à préparer les lignes directrices du PAED grâce à une collaboration étroite entre des consultants et les participants, qui auront près de deux ans et demi pour préparer et présenter leur PAED définitif avant d'adhérer à la convention.

L'exemple européen
L'un des points principaux évoqués lors de ce forum était également les moyens d'impliquer davantage les citoyens et les entreprises, européens ou pas, dans les projets de la convention. Parmi les quelques exemples les plus créatifs – et surtout faciles à imiter – qui ont été présentés et se doivent donc d'être retenus, la campagne Engage qui prouve que l'utilisation des médias et moyens de communication reste le manière la plus efficace d'éveiller la conscience écologique des jeunes notamment et des citoyens, et changer leur comportement environnemental. Ces derniers sont poussés à créer des posters personnalisés affichés à travers leurs villes respectives qui permettent de mobiliser et encouragent à faire de réelles économies d'énergie, comme la consommation intelligente de l'électricité, l'utilisation régulière du vélo au lieu de la voiture ou encore le recyclage. Cette campagne participative impliquant jusqu'ici près de 70 villes européennes a été lancée par Energy Cities, l'association européenne des autorités locales impliquées dans la promotion de l'utilisation des énergies renouvelables. En cinq étapes (planifier, impliquer, créer, activer et améliorer), Engage a prouvé que l'implication des autorités locales et des citoyens est non seulement possible, mais aussi aisément applicable à de nombreuses villes.
Un autre moyen de pousser les citoyens et les entreprises à s'engager consiste à les faire participer à des compétitions mises en place par l'Association de promotion des énergies renouvelables (APER), basée en Belgique. Le championnat d'utilisation d'énergie renouvelable et l'Energizair, qui consiste à informer sur ces énergies renouvelables lors du segment météo durant le journal télévisé, font partie des programmes de l'APER. Mais, surtout, il y a le « Trophée énergie ». Lancé il y a cinq ans, ce « trophée » est surtout destiné aux ménages. Entre trois et dix d'entre eux sont choisis pour prendre part à un challenge d'un an environ. Des équipes sont créées, formées, accompagnées activement par un « capitaine » d'équipe ; ces groupes utilisent également un site Web leur permettant de sauvegarder et suivre leurs progrès tout au long de la compétition. Celle en cours actuellement est supposée prendre fin dans quelque quatre mois. Lors du dernier concours, une réduction de la consommation énergétique par les ménages impliqués a été observée : dans les pays européens participants, elle a été de 10,85 % ; en Belgique même, elle a été de 13 %.

Moyens de financement
Malgré ces débuts prometteurs, les observateurs les plus pessimistes pourraient objecter qu'un obstacle majeur se dresse devant de telles initiatives : leur financement. En effet, de tels programmes requièrent la création de nouveaux emplois, mais aussi et surtout des investissements budgétaires importants. Toutefois, des représentants de l'Agence française de développement (AFD), de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque européenne d'investissement (BEI) et de la Banque mondiale étaient présents pour rassurer en quelque sorte les maires et autres responsables participant au forum sur ce point. Par exemple, l'AFD devrait à elle seule investir plus de huit milliards d'euros dans des projets de développement urbain portant en particulier sur l'environnement et les énergies durables. L'agence intervient de manière directe dans le financement des collectivités locales, sans garantie(s) de l'État et sous forme de prêt ; si l'emprunt est difficile pour la collectivité concernée pour diverses raisons, selon la législation de son pays ou sa situation financière, des prêts souverains à l'État qui seront rétrocédés sont possibles. Une coordination et une assistance techniques sont également mises à la disposition des collectivités désirant renforcer leur politique énergétique et leur gestion financière des projets à mettre en place. Toute ville peut bénéficier de l'aide de l'AFD, qui a ainsi contribué à de nombreux projets en Turquie, au Maroc, au Vietnam, en Afrique du Sud, au Brésil ou encore en Colombie. La BERD, de son côté, est plus particulièrement tournées vers les pays d'Europe occidentale et orientale. La BEI, elle, est la branche financière de l'Union européenne, et 90 % de ses prêts se font au sein même de l'UE, bien qu'elle soit de plus en plus en train de se tourner vers de pays hors UE. Insistant notamment sur le fait que les fonds nécessaires aux projets environnementaux sont là et sont disponibles, la BEI comme la Banque mondiale encouragent les projets qui sont assez bons pour être mis en place et suivis, notamment grâce à l'initiative Elena (European Local Energy Assistance) de la BEI. Cette dernière relève toutefois que peu de projets sont qualifiés pour bénéficier de ces fonds.

À l'heure où les réunions sur l'environnement se succèdent mais sans résultat concret ou satisfaisant, les conditions climatiques ne cessent de s'aggraver. Le dernier exemple en date n'est autre que celui des Philippines, touchées par le typhon Huyan, qui aurait fait plus de 4 000 morts et déplacé plus d'un million de personnes.La situation devient donc de plus en plus urgente, et le...