Rechercher
Rechercher

Moyen Orient et Monde - Tension

L’État égyptien se militarise

Le projet de nouvelle Constitution fait la part belle à l'armée, qui pourra juger des civils.

Chars et barbelés... Au Caire, le régime militaire reprend le dessus. Khaled Desouki/AFP

Le projet de nouvelle Constitution en Égypte conférera à l'armée, qui a destitué le président islamiste Mohammad Morsi, des pouvoirs importants relevant d'ordinaire de l'exécutif, du législatif et du judiciaire. Finalisé hier dans la nuit, le projet adopté à la majorité des voix d'une commission constituante de 50 personnalités, nommées par le gouvernement dirigé de facto par l'armée, devra être soumis au chef de l'État par intérim Adly Mansour, puis au suffrage populaire probablement fin décembre ou début janvier.
Trois articles du projet de Constitution prévoient que ni le Parlement ni le gouvernement n'auront de droit de regard sur le budget de l'armée, comme c'est déjà le cas depuis une quarantaine d'années. Des tribunaux militaires pourront juger des civils qui s'en seraient pris à leur institution. Enfin, la nomination du ministre de la Défense devra se faire durant huit ans avec l'accord du Conseil suprême des forces armées (CSFA). L'actuel ministre de la Défense, le général Abdel Fattah al-Sissi, commandant en chef de l'armée et vice-Premier ministre, est le véritable homme fort de l'Égypte.
Ces articles – les deux premiers étant déjà inscrits dans la Constitution adoptée sous la présidence de M. Morsi en 2012 – ont déclenché ces derniers jours des manifestations hostiles à l'armée, de mouvements libéraux et laïcs comme islamistes, et inquiètent les organisations de défense des droits de l'homme qui les jugent « liberticides ». Hier encore, les blindés de l'armée et de la police ont dispersé plus de 2 000 étudiants pro-Morsi sur l'emblématique place Tahrir. Le plus polémique des articles autorise donc les militaires à juger des civils « en cas d'attaque directe contre les forces armées » et leurs « équipements », alors que la fin des procès de civils devant des tribunaux militaires était au cœur des revendications de la révolte de 2011, qui a poussé le président Hosni Moubarak à quitter le pouvoir, dans la lignée du printemps arabe.

Le vrai test
Ahmad Abd Rabbo, qui enseigne les sciences politiques à l'Université du Caire, estime que ces articles « ne donnent aucune garantie contre la militarisation de l'État ». Pour son collègue Hassan Nafaa, la vraie question se posera au moment du référendum, car « il est toujours difficile d'obtenir une large majorité dans un pays divisé ». « Les gens ne voteront pas en fonction de leur opinion sur le texte, mais plutôt en fonction du camp auquel ils appartiennent », dit-il. Et les articles
concernant l'armée « alimenteront le débat parmi les laïcs que la loi sur les manifestations a déjà mis en colère ».
En outre, Human Rights Watch a accusé hier l'armée d'être responsable de la « disparition forcée » de cinq membres de la garde
rapprochée de M. Morsi, détenus au secret depuis sa destitution il y a près de cinq mois. Le président déchu lui-même est jugé notamment pour « incitation au meurtre » de manifestants et accusé de « trahison ».
(Source : AFP)

Le projet de nouvelle Constitution en Égypte conférera à l'armée, qui a destitué le président islamiste Mohammad Morsi, des pouvoirs importants relevant d'ordinaire de l'exécutif, du législatif et du judiciaire. Finalisé hier dans la nuit, le projet adopté à la majorité des voix d'une commission constituante de 50 personnalités, nommées par le gouvernement dirigé de facto par...
commentaires (0)

Commentaires (0)

Retour en haut