La police a violemment dispersé, vendredi à Addis Abeba, une centaine de manifestants qui protestaient contre la mort début novembre de trois immigrés clandestins éthiopiens en Arabie Saoudite, et a procédé à de nombreuses arrestations, ont affirmé les organisateurs.
"La police est arrivée et nous a frappés", a affirmé Getaneh Balcha, un haut responsable du Parti Semayawi ("Parti Bleu" en amharique), précisant que le président et le vice-président de cette formation d'opposition récemment créée figuraient parmi les manifestants interpellés.
Les autorités éthiopiennes ont qualifié le rassemblement d'"illégal" car dépourvu d'autorisation et ont confirmé des arrestations, sans en préciser le nombre.
"C'était une manifestation illégale, ils n'avaient pas le permis du service approprié", a déclaré à l'AFP le porte-parole du gouvernement éthiopien, Shimeles Kemal, "la manifestation était illicite, donc la police a pris des mesures et a appréhendé certains manifestants".
Trois immigrés illégaux éthiopiens ont été tués dimanche dans des affrontements entre policiers et clandestins en Arabie Saoudite, où les autorités ont lancé début novembre une campagne d'expulsion massive de travailleurs illégaux.
De très nombreux Ethiopiens migrent chaque année vers l'étranger, particulièrement vers le Moyen-Orient où ils sont couramment victimes de violences physiques et mentales, de conditions de travail indignes, de salaires dérisoires et de discriminations, selon l'Organisation internationale du Travail (OIT).
Le gouvernement éthiopien avait annoncé en octobre interdire aux jeunes hommes et jeunes emmes de migrer vers le Moyen-Orient, en raison des nombreuses informations sur des violences généralisées à leur égard.
Selon M. Getaneh, la manifestation visait à "dire au gouvernement saoudien de cesser de violer les droits de nos citoyens". De son côté, M. Shimeles a accusé les manifestants "d'alimenter les sentiments anti-arabes parmi les Ethiopiens".
Le Parti bleu a organisé ces derniers mois plusieurs manifestations pour réclamer notamment la libération de journalistes et opposants incarcérés aux termes d'une loi controversée sur le terrorisme et des réformes politiques à grande échelle.
Les manifestations de ce type sont rares en Ethiopie, où l'opposition ne détient qu'un seul des 547 sièges au Parlement, les autres étant aux mains de la tout-puissante coalition du Front démocratique révolutionnaire du Peuple éthiopien (EPRDF), au pouvoir depuis 1991.
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