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Réduits à la misère, des réfugiés syriens au Liban vendent leurs organes

« De nombreux médecins pratiquent ce genre d’interventions sans passer par nous, et ce même dans de grands hôpitaux libanais », accuse une responsable du Comité national pour le don d’organes.

Image d’illustration. Archives/AFP

Alors que la guerre n’en finit plus de faire rage dans leur pays, de plus en plus de réfugiés syriens au Liban sombrent dans la misère. Pour s’en sortir, certains vendent un organe. Un phénomène qui prend de plus en plus d’ampleur, rapporte Der Spiegel dans un reportage daté de Beyrouth, alors que près d’un million de Syriens ont trouvé refuge au Liban depuis l’éclatement du conflit en mars 2011.


Le quotidien allemand en ligne rapporte l’histoire d’un jeune Syrien se faisant appeler Raïd, qui a fui la ville d’Alep il y a sept mois avec ses parents, et ses six sœurs et frères. Mais à Beyrouth, la famille se retrouve rapidement dans le besoin. Un proche indique alors à Raïd qu’une solution serait de vendre un organe, et ce d’autant plus que le jeune homme, qui est en forme et ne fume pas, est un « client » idéal. Raïd se laisse convaincre, raconte la journaliste Ulrike Putz, et rencontre Abou Hussein.


Ce dernier affirme travailler pour une bande spécialisée « dans le commerce d’organes humains, et précisément dans les reins », indique Der Spiegel, qui précise que leur affaire connaît un essor fulgurant. « Concernant les reins, nous avons à présent beaucoup plus de vendeurs que d’acheteurs », affirme Abou Hussein. En tout, le groupe aurait vendu 150 reins au cours des 12 derniers mois. Pour son rein, Raïd a reçu 7 000 dollars des intermédiaires, une somme qui permettra à sa famille de passer l’hiver. Son rein sera vendu 15 000 dollars à un acheteur, précise Der Spiegel. Quant à Abou Hussein, il perçoit entre 600 et 700 dollars pour chaque vente.


Interrogée par lorientlejour.com, Haïfa Younane, chargée des relations publiques au Comité national libanais pour le don et la greffe des organes et des tissus (NOOTDT), confirme qu’un grand nombre de réfugiés syriens ont recours à la vente d’organes pour survivre.
« En théorie, si un individu veut recevoir une transplantation d’organe d’un autre être vivant, il doit impérativement passer par nous. Son dossier sera soumis à deux comités : un comité médical et un comité éthique. S’ensuit une étude approfondie du dossier à l’issue de laquelle la demande est autorisée ou rejetée », précise Mme Younane.


Si Der Spiegel note que les opérations de greffes illégales ont lieu dans des « cliniques clandestines », Mme Younane indique qu’ « avec la situation au Liban, le laisser-aller et le laxisme des autorités, de nombreux médecins pratiquent ce genre d’interventions sans passer par notre comité, et ce même dans de grands hôpitaux libanais ». « Il s’agit d’un marché lucratif, un organe peut valoir des milliers de dollars », ajoute-t-elle.


Chaque année, des dizaines de milliers de ressortissants arabes viennent à Beyrouth pour se faire traiter dans les hôpitaux reconnus internationalement, note Der Spiegel, qui ajoute que les autorités ne vérifient pas si certains d’entre eux repartent avec un nouveau rein.

 

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