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À La Une - Liban

L’armée se déploie gentiment à Tripoli... sans convaincre

La capitale du Liban-Nord a connu un week-end sanglant avec quatre morts et plus de seize blessés entre samedi soir et
dimanche matin.

L’armée déployée dans les différents quartiers de Tripoli. Photo Naïm Assafiri

Après la flambée de violence de samedi soir, Tripoli a connu une trêve précaire hier dans la journée, suivie d’une reprise des affrontements en soirée. La capitale du Liban-Nord évolue donc dans un terrible cycle de violence, malgré le déploiement de l’armée dans les différentes rues de Jabal Mohsen et de Bab el-Tebbaneh, qui s’inscrit dans le cadre du plan sécuritaire établi pour la ville.


Ce plan sécuritaire suscite plus de réserves qu’il n’a convaincu de personnes jusque-là. Ainsi, une source politique anonyme a affirmé à NowLebanon hier que « le plan sécuritaire ne donnera pas de résultats puisque le problème central est celui des armes abondantes qui sont entre les mains des citoyens sur tout le territoire, en commençant par les armes du Hezbollah ». Selon cette source, « Jabal Mohsen bénéficie de la couverture du Hezbollah et du régime syrien ». « La solution serait donc de s’attaquer aux causes profondes du conflit, et non pas d’administrer à la ville des calmants – en d’autres termes le plan sécuritaire – qui ne donneront aucun résultat, ce que les autorités sécuritaires et militaires savent très bien », poursuit la source.


Dans ce climat tendu, une malle suspecte a semé la panique hier après-midi au niveau du rond-point Abou Ali. Des témoins avaient vu un inconnu dans une Range Rover jeter la malle sur le rond-point. Une patrouille de l’armée est arrivée juste après pour boucler le secteur et inspecter l’objet suspect. Toutefois, l’expert en explosifs dépêché sur les lieux a conclu que la malle ne contenait aucune matière explosive.


Quoi qu’il en soit, le déploiement de l’armée était visible hier dans la ville, notamment à la faveur d’un redéploiement de la troupe, dans l’après-midi, à Jabal Mohsen et le long de la rue de Syrie (qui sépare les deux quartiers ennemis).
Les francs-tireurs embusqués continuaient de sévir toutefois dans les rues de Syrie, de Barad, de Bissar, de Souk el-Qameh, de Haret Baranieh, des Américains et dans Jabal Mohsen, causant la mort de Moussa Ahmad Masri et Mohieddine Abdel Latif dans le quartier alaouite. Deux hommes de Bab el-Tebbaneh ont également été abattus, l’un d’eux nommé Mohammad Joundi, qui a succombé à ses blessures après son hospitalisation. Il y a eu aussi 16 blessés.
Samedi soir et pendant une grande partie de la nuit, les affrontements à l’arme lourde se sont étendus à plusieurs axes de la ville, notamment Haret Baranieh, Starco, Bakar et Rifa. Des bombes ont été lancées de part et d’autre. Par ailleurs, une voiture appartenant à la chaîne LBC a été touchée par des francs-tireurs à Bab el-Tebbaneh. L’incident n’a pas fait de victimes.
Le bilan de la semaine entière de confrontation armée est lourd : quelque quinze tués et plus de 80 blessés.

 


« Tous les jihadistes viendront défendre Tripoli... »
Les affrontements de Tripoli suscitent certaines réactions violentes. Ainsi, hier, le président du comité des ulémas musulmans, cheikh Salem Rafeï, a démenti au quotidien an-Nahar être impliqué dans la bataille sur le terrain entre les sunnites et les alaouites de Tripoli. Il a également démenti l’implication de jihadistes de l’État islamique en Irak et au Levant (EIIL) et du Front al-Nosra (engagés dans les combats contre le régime syrien). Cheikh Rafeï a néanmoins mis en garde : « Si l’attaque menée par le Parti arabe démocrate (alaouite de Rifaat Eid) contre Tripoli se poursuit et que des innocents sont tués, la voie sera ouverte à tous les jihadistes du monde, dont l’EIIL et al-Nosra, pour venir défendre Tripoli. » Et de poursuivre : « Cela aura des conséquences qui ne sont de l’intérêt de personne. »
Le cheikh sunnite a en outre dénoncé la passivité de l’État « qui regarde, impuissant, les agressions du Hezbollah et du PAD et ne fait rien pour prévenir l’explosion à Tripoli ».


Samedi, le mufti de Tripoli et du Liban-Nord, Malek Chaar, a appelé, lors d’une conférence de presse, les responsables sécuritaires à rester vigilants et à ramener le calme dans la capitale du Liban-Nord. « Il est inacceptable que le sang de Tripoli et du Nord coule (...), la solution est entre les mains des responsables de la sécurité », a estimé le mufti Chaar. « Nous demandons, au nom de tous, que les criminels soient arrêtés et traduits en justice (...) », a-t-il ajouté.

 

 

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