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À La Une - Syrie

Pas d'Aïd Al-Adha pour les petits Syriens affamés en zones assiégées

Un cheikh affirme avoir émis un décret religieux pour permettre aux civils de manger de la viande de chats et de chiens.

A Alep, le 15 octobre 2013, un enfant joue avec un pistolet en plastique. Dnas la banlieue de Damas, à Mouadamiyat al-Cham, des enfants meurent de malnutrition selon des ONG. AFP/KARAM AL-MASRI

Des enfants pris au piège dans les fiefs rebelles assiégées par l'armée syrienne connaissent la faim au quotidien, selon militants et médecins, au moment où le monde musulman célèbre la fête de l'Adha, généralement l'occasion d'un grand festin en famille.

 

Dans certaines banlieues syriennes, comme à Mouadamiyat al-Cham (au sud-ouest de Damas), des enfants sont morts de malnutrition, selon une ONG.

Alors que l'Aïd al-Adha (fête du Sacrifice) est l'occasion d'offrir des cadeaux aux enfants et de partager un repas familial, dans les régions tenues par les rebelles aux portes de Damas, asphyxiées par un long siège et bombardées au quotidien par l'artillerie du régime, il n'y a plus rien à manger, disent les militants.

 

"Bien sûr qu'ici, les enfants ne fêtent pas l'Aïd", lance l'un d'eux se faisant appeler Abou Malek, à Mouadamiyat al-Cham. "Pour eux, ce sera fête quand ils auront devant eux un plat de riz ou de boulghour". "Nous n'avons plus de provisions. Tout le monde plante des graines dans les jardins ou en bord de route", ajoute le jeune homme, joint par l'AFP via Skype.

Mais la récolte s'avère dangereuse, des personnes ayant été tuées dans leur jardin par les obus.

"Les pires cas, ce sont les enfants, car ils ont besoin d'une bonne alimentation. Les adultes peuvent survivre en se mettant n'importe quoi sous la dent!" affirme Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).

 

(Lire aussi : Washington presse l'opposition syrienne d'assister à Genève-2)

 

 

Lait périmé

Fin août, l'OSDH a fait état du décès de deux enfants, l'un de trois ans et l'autre de sept, atteints de "marasme nutritionnel", une maladie qui touche les personnes ayant des carences alimentaires.

Le régime de Bachar el-Assad affirme que ce sont les rebelles qui assiègent les civils contre leur gré. Mais les militants accusent l'armée d'imposer un siège intenable pour remonter la population contre les insurgés.

 

De nombreuses vidéos choquantes ont circulé sur internet, montrant des enfants vraisemblablement atteints de malnutrition. Dans l'une d'elles apparaît un garçon étendu sur un brancard, pâle, les joues et les entrailles saillantes et les yeux cernés. Une autre montre une fillette avec deux bébés, lançant un appel pour leur faire parvenir du lait.

"La route est fermée...qu'allons nous faire? Nous leur donnons du lait périmé", lance la petite fille alors que pleurent les nourrissons.

 

Certains ont eu plus de chance.

La Croix rouge internationale et le Croissant rouge syrien ont évacué 3.500 civils -enfants, femmes et hommes âgés- de Mouadamiyat al-Cham le week-end dernier, avec l'accord du régime. Les humanitaires n'ont pas pu cependant y entrer pour évacuer les blessés. "Il y en a beaucoup plus, y compris des enfants, qui restent à l'intérieur de la ville", selon Magne Barth, chef de la délégation du CICR.

 

 

Frustration

Dans les autres régions assiégées, la situation n'est point meilleure. "A chaque fois que je suis dans une salle d'urgence, quatre patients sur 10 sont des enfants mal nourris", indique Abou Mohammad, un médecin qui travaille dans une clinique de fortune à Marj, à l'est de Damas.

"Beaucoup d'enfants ont une pression artérielle basse, sont atteints d'épuisement, de vertige et le nombre de leurs globules blancs a chuté", ajoute-t-il. "C'est tellement frustrant de ne pas avoir les équipements nécessaires pour les aider".

 

A Yarmouk, le grand camp de réfugiés palestiniens dans le sud de Damas où vivent également des Syriens, "rien, pas même du pain ou de la farine, ne passe à l'intérieur depuis 96 jours", affirme un militant se présentant sous le nom d'Ali Abou Khaled.

Dans un autre secteur de la région, un cheikh, Saleh al-Khatib, affirme à l'AFP qu'un homme au bord du désespoir a même mangé de la viande de chien. "Nous avons lancé une fatwa autorisant les gens à manger de la viande de chats et de chiens, non pas parce que c'est halal (permis) mais parce que la réalité nous l'impose", dit-il à l'AFP.

Depuis neuf jours, il a cessé de manger. "Les gens n'ont rien à donner à manger à leurs enfants et je garde ainsi de la nourriture pour les autres".

 

 

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