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Culture - Exposition

David Kramer, fils de pub, rêve toujours de belle vie façon Malibu !

« Malibu On the Mediterranean » à la galerie Tanit*, ou les élucubrations picturales humoristico-désenchantées d’un « postpop artist ».

"Dinosaur in the Park", huile sur toile (163*147 cm, 2013)

Exposition alcoolisée? C’est un peu l’impression que dégagent les peintures de David Kramer accrochées à la galerie Tanit (Kettaneh-Kunigk) de Beyrouth jusqu’au 30 octobre.
Un ensemble d’œuvres sur papier, entre gouaches et collages, ponctuées de quelques huiles, qui revisitent l’imagerie publicitaire à forte teneur en alcools, bouteilles de whisky et autres cocktails des seventies.
Au centre de l’espace d’accrochage, une «installation» bar à spiritueux contribue à accentuer cette impression. Composée d’une table roulante en bois torsadé surmontée d’une «voile» en métal (gravée du sigle ultrareconnaissable de l’homme qui marche) qui lui donne l’allure d’un voilier de plaisance, elle fait immédiatement ressurgir à l’esprit des images et films publicitaires célébrant des marques de whisky.
Railleur, l’artiste a accompagné ce bar-voilier – chargé d’autant de bouteilles que de promesses de bonheur – d’un banc en lattes de bois brut surmonté d’une plaque VIP. Et il a ceint l’ensemble de piquets à cordages en velours rouge, du genre qu’on place dans les musées ou les carrés réservés aux invités importants des foires et autres Salons d’art, entre autres.
Tout est dit! Alcool et publicité vont de pair pour griser, enivrer, étourdir les masses de fallacieuses promesses de bien-être. De l’impact subliminal de la publicité sur les esprits, David Kramer en sait quelque chose. Lui qui, fils de New-Yorkais moyens, a grandi dans les années 70 bercé par les rêves de bonheur, de plaisir, de sensualité débridée véhiculés par les médias, les affiches et les spots publicitaires. Des images de «belle vie» style Malibu, se déroulant sous le soleil, en décapotable rutilante, sur un bateau entre amis réunis autour d’un drink et où des hommes virils sont toujours accompagnés de femmes glamour et langoureuses.

Fantasmes, ironie et (auto)dérision
Ce sont ces fantasmes-là qu’il revisite dans ses toiles largement inspirées – vous l’aurez deviné – des images de magazine. D’un pinceau que certains qualifieront de bâclé – dans la lignée de la «Bad Painting» des années 70 justement! –, Kramer réutilise donc les clichés consuméristes pour livrer «sa» version à l’ironie mordante du rêve américain. Une peinture d’autant plus satirique que les scènes qu’elle représente sont toujours accompagnées de petites phrases énonçant les pensées de l’artiste. Lequel, en ex-copywriter, sait parfaitement allier le texte à l’image pour délivrer, même au moyen de mots d’une banalité apparente, un message, une impression, un clin d’œil plein de sous-entendus, de dérision et d’autodérision surtout. Car finalement, ce n’est pas tant le miroir aux alouettes de la publicité et du consumérisme qu’il dénonce dans ses œuvres, mais « ce sentiment qu’au fond de moi je suis resté cet enfant qui attend la réalisation de ces désirs-là induits par les promesses publicitaires», confie-t-il avec humour.
Et si, finalement, sous le style postpop art affiché nous avions-là un travail introspectif, voire intimiste qui fait pénétrer le spectateur dans les fantasmes et les (dé)illusions du peintre?
Du coup, on ne manquera pas de faire le parallèle entre lui et la nymphette dénudée chevauchant un dinosaure en plastique dans un parc public qu’il représente accompagnée de cette phrase: «I hate when I have to act my age»!

*Beyrouth, Mar Mikhaël, rue d’Arménie, après l’EDL. Rez-de-chaussée de l’immeuble East Village. Tél. : 76/557662.
Exposition alcoolisée? C’est un peu l’impression que dégagent les peintures de David Kramer accrochées à la galerie Tanit (Kettaneh-Kunigk) de Beyrouth jusqu’au 30 octobre. Un ensemble d’œuvres sur papier, entre gouaches et collages, ponctuées de quelques huiles, qui revisitent l’imagerie publicitaire à forte teneur en alcools, bouteilles de whisky et autres cocktails des...

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