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À La Une - transition

L'Egypte interdit les "activités" des Frères musulmans

La confrérie, dont est issu Mohamed Morsi, dénonce une décision "politique".

Un membre des Frères musulmans lors d'un rassemblement près du ministère de l'Intérieur au Caire le 20 septembre 2013. REUTERS/Amr Abdallah Dalsh

La justice égyptienne a interdit lundi les activités des Frères musulmans et confisqué leurs biens, nouveau signe de la volonté des autorités d'éradiquer l'influente confrérie de la scène politique après l'éviction par l'armée du président issu de ses rangs.

 
Le jugement rendu lundi par un tribunal du Caire réuni en urgence est le dernier épisode de la série de mesures prises par les autorités mises en place par l'armée pour remplacer le président islamiste Mohamed Morsi, destitué et arrêté par les militaires le 3 juillet.

Lundi après-midi, les Frères musulmans ont qualifié via leur compte twitter cette décision de "politique et entaché de corruption", et promis de rester "présents sur le terrain".

Il y a une semaine, un tribunal gelait les avoirs des principaux dirigeants de l'organisation vieille de 85 ans, dont la plupart sont derrière les barreaux et actuellement jugés pour "incitation au meurtre" ou "meurtre" de manifestants anti-Morsi.


L'implacable répression visant les Frères musulmans et les partisans de M. Morsi avait auparavant connu son paroxysme le 14 août, lorsque l'armée et la police avaient détruit deux campements où des milliers d'islamistes réclamaient le retour au pouvoir du premier président élu démocratiquement du pays.

Dans ces violences et durant la semaine qui a suivi, plus d'un millier de personnes ont péri, en grande majorité des manifestants pro-Morsi. Dans le même temps, plus de 2.000 membres des Frères musulmans ont été arrêtés.

 

L'interdiction des "activités" prononcée lundi s'applique à la confrérie -qui n'a aucune existence juridique - ainsi qu'à l'Association des Frères musulmans, une ONG créée sous la présidence Morsi et accusée de servir de façade aux Frères. Elle concerne aussi aussi "toute organisation qui en émane ou est financée par eux".


(Lire aussi : La candidature du général Sissi à la présidentielle sur toutes les lèvres) 

Parmi ces organisations satellites figure notamment le parti de la Liberté et de la Justice, bras politique des Frères musulmans, qui pourrait être interdit après avoir confortablement remporté les premières législatives libres fin 2011, quelques mois après la chute de Hosni Moubarak, emporté par une révolte populaire dans le tumulte du Printemps arabe.


La création de ce parti avait été le signe de la sortie de la clandestinité de la confrérie née en 1928 et depuis lors interdite mais tolérée entre des épisodes de violente répression. Elle pourrait désormais faire un retour complet à cette clandestinité qui a fait sa force durant des décennies.

L'Alliance contre le coup d'Etat, l'organisation pro-Morsi qui anime la contestation contre les nouvelles autorités et appelle régulièrement à manifester pour son retour au pouvoir, pourrait également être visée par la justice.

 

"Aucun espace" pour les Frères

Alors que les nouvelles autorités répètent à l'envi mener une "bataille contre le terrorisme", le texte du jugement, diffusé par l'agence officielle Mena, accuse la confrérie de "s'être drapée dans l'islam pur pour ses activités qui contredisent le véritable islam et violent la loi".

 

Ce jugement peut faire l'objet d'un appel et une source judiciaire a affirmé à l'AFP qu'un comité gouvernemental serait mis sur pied pour organiser la saisie des avoirs de la confrérie, notamment ses biens immobiliers, dont ses nombreux sièges à travers le pays.

 

Mais pour Michael Hanna, spécialiste de l'Egypte au sein du think tank New Century, cette décision judiciaire est l'illustration d'une "approche brutale qui ne prévoit aucun espace pour la confrérie dans la vie politique et sociale" alors même qu'à l'étranger, les plaidoyers pour une réconciliation nationale se multiplient.

 

Des dirigeants des Frères musulmans, qui peuvent toujours se prévaloir d'une importante base populaire, ont affirmé à l'AFP être prêts à renoncer au retour de M. Morsi à son poste, à condition d'obtenir la garantie que leurs membres emprisonnés seraient libérés et leurs dirigeants autorisés à poursuivre leurs activités.

 

Mais les experts estiment que le gouvernement intérimaire semble peu enclin à inclure la confrérie dans la transition qui doit doter l'Egypte d'une nouvelle Constitution et prévoit des élections générales en 2014.

 

Fin juin, des manifestations monstres avaient visé M. Morsi et la confrérie, à qui nombre d'Egyptiens reprochaient d'avoir "islamisé" la Constitution, accaparé tous les pouvoirs au profit des Frères musulmans et achevé de ruiner une économie déjà exsangue.

 

S'appuyant sur cette mobilisation, le chef de la toute-puissante armée, Abdel Fattah el-Sissi, a annoncé le 3 juillet à la télévision la destitution de M. Morsi, toujours détenu au secret.
L'armée conserve toujours la haute main sur les affaires du pays où elle assure mener une "bataille contre le terrorisme" dont elle accuse les pro-Morsi d'être responsables.

Face à ces violences, en hausse dans le Sinaï, péninsule de longue date instable, et qui ont récemment gagné le Caire avec un attentat le 5 septembre contre le ministre de l'Intérieur, l'état d'urgence -devenu la norme durant la présidence Moubarak et dont la levée avait été un des acquis du Printemps arabe- a été prolongé jusqu'à mi-novembre. Le couvre-feu nocturne en vigueur dans la moitié des provinces du pays a également été prolongé.

 

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La justice égyptienne a interdit lundi les activités des Frères musulmans et confisqué leurs biens, nouveau signe de la volonté des autorités d'éradiquer l'influente confrérie de la scène politique après l'éviction par l'armée du président issu de ses rangs.
 Le jugement rendu lundi par un tribunal du Caire réuni en urgence est le dernier épisode de la série de mesures...

commentaires (4)

Comme en Algérie....

Antoine-Serge KARAMAOUN

10 h 04, le 24 septembre 2013

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Commentaires (4)

  • Comme en Algérie....

    Antoine-Serge KARAMAOUN

    10 h 04, le 24 septembre 2013

  • je ne sais pas qui a écrit cet article et je préfère ne pas le savoir...mais quels que soient ses auteurs,on sent leur rage impuissante,semblable à celle de ce thinktanker Hanna...rage impuissante de ceux qui auraient voulu voir l'Egypte sombrer dans le néant islamiste,et qui ne se remettent pas de la réaction du peuple et de l'armée egyptiens...l'Egypte a fait ce que les allemands n'avaient pas osé faire avec les nazis...elle a dit merde.Et nous disons tous merde avec elle à ces voyous islamistes qui croyaient pouvoir mettre la terre des pharaons sous leur coupe. Vive l'Egypte!

    GEDEON Christian

    01 h 21, le 24 septembre 2013

  • Behh...Conséquence logique de cet espèce d'étrange coup d'état soutenu par une majorité d'Egyptiens. Je ne sais pas si c'est bien de les mettre sur la touche.. mais il faut dire qu'ils sont tellement têtus et inflexibles... En plus ils font dans la violence et ont des mauvaises fréquentations tels que le qatar, les américains et les turco-islamistes, des branches locales de alqaeda etc... J'espère qu'au moins ennahda en Tunisie en tire profit de ce qui s'est passé en Egypte et arrondisse les angles afin de faire partie de la vie politique sans pour autant chercher à imposer la loi islamique (charia) à toute la communauté. On peut être un courant islamique non violent, voire sainement moralisateur (tous les peuples en ont besoin) et contribuer sainement à la vie politique en acceptant les autres et leurs différences, l'alternance du pouvoir et les défaites.

    Ali Farhat

    00 h 24, le 24 septembre 2013

  • Le peuple égyptien atteindra ses objectifs. L'Egypte est la seule note optimiste qui émerge de tout ce marasme moyen-oriental et nord-africain. Un exemple à suivre.

    Robert Malek

    17 h 55, le 23 septembre 2013

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