« Explosion à Dahié... »
Les gardiens du temple. Ils sont si vieux, qu’on entend déjà le vent siffler à travers les murailles, que leurs yeux sont voilés et leur sourire est froid comme avant de s’éteindre.
Trouver son chemin parmi les herbes, pour voir le soleil se coucher dans l’axe exact du temple de Faqra et se recueillir, terrassé de beauté.
« Afflux de réfugiés syriens... »
Le chat grimpe diligemment les marches de l’escalier comme une main court sur un clavier.
Surplomber, de la route en lacet, le spectacle de la côte opale irisée par l’astre doré qui s’avance vers l’onde comme Vénus en son bain.
« Obus tirés sur Baabda... »
Cueillir la figue laiteuse et gonflée sur la branche, retrouver le goût du jambon frais, au creux du pain au lait, froissé comme un pétale et dédoubler par magie le serpentin de Katol.
Entendre, à la nuit tombée, en étendant son linge, comme un chant mélodieux ruisselant des terrasses, le dialecte natal.
Nada Bejjani RAAD
De l’agent orange au gaz sarin
Le secrétaire d’État John Kerry estime qu’une intervention militaire des États-Unis en Syrie est nécessaire parce qu’il faut donner un avertissement à tous les pays qui seraient tentés d’utiliser les armes chimiques, interdites depuis 1925 : « L’histoire nous jugera avec une sévérité extrême si nous fermons les yeux devant le recours gratuit par un dictateur à des armes de destruction massive... ».
Bien dit, mais l’histoire devra d’abord juger sévèrement les États-Unis pour avoir déversé quelque 80 millions de litres d’un produit chimique surnommé « agent orange » sur le Vietnam, le Laos et le Cambodge, de 1961 à 1971. Il semble qu’entre 2,1 et 4,8 millions de Vietnamiens auraient été exposés à ce poison. En outre, le cinquième des forêts sud-vietnamiennes et 400 000 hectares de terres agricoles auraient été corrompus. La dioxine (une molécule stable qui tend à rester dans l’environnement) présente dans ce défoliant (produit surtout à l’époque par Monsanto et Dow Chemical) cause aujourd’hui encore, quelque 50 années plus tard, des cancers et des malformations à la naissance.
C’est ce qu’on pourrait appeler une arme de destruction massive à effet prolongé, mais les États-Unis ne l’ont jamais reconnu. Dire que John Kerry a fait la guerre du Vietnam...
Sylvio Le BLANC
Montréal (Québec)