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À La Une - Tunisie

Prison ferme pour deux rappeurs tunisiens jugés... à leur insu

"L'acharnement contre la liberté artistique, la liberté d'expression, continue", accuse l'avocat des artistes.

Ala Yaacoubi, alias "Weld El 15" le 13 juin 2013 à Tunis. Deux rappeurs tunisiens, dont Weld El 15, ont été condamnés à 21 mois de prison après avoir été jugés à leur insu.  AFP/Fethi Belaid.

Deux rappeurs tunisiens ont été condamnés, à l'issue d'un procès dont ils n'avaient pas été prévenus, à 21 mois de prison en raison des paroles de leur chanson pendant un concert, a indiqué leur avocat lundi, dénonçant une nouvelle atteinte à la liberté d'expression.

 

"Ce procès a eu lieu sans que nous ayons reçu de convocation (...) je vais parler à mes clients pour faire opposition à ce jugement mais cette peine de prison ferme montre que l'acharnement contre la liberté artistique, la liberté d'expression, continue", a déclaré Me Ghazi Mrabet.

"C'est un jugement avec exécution immédiate", a-t-il ajouté. Les deux musiciens peuvent dès lors être incarcérés à tout moment.

 

Les rappeurs, Ala Yaacoubi, alias Weld El 15, et Ahmed Ben Ahmed, alias Klay BBJ, ont été condamnés et jugés sans avoir été prévenus du procès, ni informés de leur inculpation pour outrage à des fonctionnaires, atteinte aux bonnes moeurs et diffamation.

L'avocat, qui dénonce des vices de procédures grossiers, a été informé vendredi par des médias citant des sources judiciaires de la condamnation de ses clients, mais a dû attendre lundi pour en avoir la confirmation auprès du tribunal de Hammamet.

Le ministère de la Justice et la magistrature, par principe, refusent systématiquement de commenter les décisions de justice et les procédures employées.

 

Les deux musiciens avaient été interpellés la nuit du 22 août à l'issue d'un concert à Hammamet, une station balnéaire à 60 km de Tunis prisée des touristes étrangers. Les policiers estimaient que leurs textes avaient été offensants envers des fonctionnaires, délit passible de prison en Tunisie.

Lors de cette interpellation, Weld El 15 a été violemment battu par les policiers avant d'être relâché, selon Me Mrabet qui dit disposer d'un certificat médical attestant d'une incapacité de travail de seize jours.

 

Weld El 15 a déjà condamné début juillet pour une chanson insultant la police, des poursuites qui avaient fait scandale. Après avoir écopé de deux ans ferme en première instance, il avait vu début juillet sa peine réduite en appel à six mois avec sursis pour sa chanson "Boulicia Kleb" (Les policiers sont des chiens).

 

 

"Vengeance"

"C'est une vengeance (...) les autorités n'ont pas compris que ces questions doivent susciter un débat public et non des procès et le harcèlement permanent des rappeurs", a dénoncé Thameur Mekki, qui dirige le comité de soutien à ces musiciens. "Nous allons nous organiser, nous allons nous mobiliser avec les organisations de défense des droits de l'homme et de la liberté artistique", a-t-il indiqué.

 

Lors du concert du 22 août, les deux rappeurs n'ont pas interprété "Boulicia Kleb" mais d'autres morceaux, dont certains datant de l'époque du président déchu par la révolution de 2011, Zine El Abidine Ben Ali.

La police était considérée à l'époque comme l'instrument de la répression contre toutes les formes de critiques à l'égard du régime. "Ces morceaux sont critiques et défient les flics", a indiqué M. Mekki.

 

L'opposition accuse désormais régulièrement le ministère de l'Intérieur d'obéir aux islamistes d'Ennahda, qui dirigent le gouvernement.

La justice et le gouvernement sont notamment accusés de chercher à restreindre la liberté d'expression acquise après la chute du régime de Ben Ali, et Ennahda d'orchestrer une islamisation rampante de la société.

 

Outre les poursuites contre des rappeurs, plusieurs affaires ont laissé un goût amer aux défenseurs des droits de l'Homme. Le militant athée Jabbeur Mejri a été condamné en mars 2012 à sept ans et demi de prison pour avoir publié sur sa page Facebook des caricatures du prophète Mahomet. Un autre jeune, Ghazi Beji, condamné à la même peine, a obtenu l'asile politique en France.

Un caméraman, Mourad Meherzi est actuellement en détention provisoire dans l'attente de son procès, pour avoir filmé en août 2013 un artiste, Nasreddine Shili emprisonné lui aussi, jetant un oeuf sur le ministre de la Culture.

 

 

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