Dans l’attente d’une décision finale d’intervention occidentale en Syrie, la quasi-totalité des Bourses a fini dans le rouge.
« Beaucoup ont été convaincus que les risques étaient plus importants que d’éventuels gains sur les marchés en raison de l’incertitude occasionnée par la possible intervention militaire en Syrie, la situation politique en Italie et le calendrier de la réduction des interventions de la Fed », relevait Michael Hewson, analyste de CMC Markets.
Ces craintes ont relégué au second plan la hausse inattendue du moral des ménages en août aux États-Unis, qui a fait peu réagir les investisseurs.
L’Eurostoxx 50 a perdu 2,56 %. L’indice CAC 40 de la Bourse de Paris a terminé en forte baisse (-2,42 %) à 3 968,73 points, passant sous les 4 000 points pour la première fois depuis le 1er août, dans un volume d’échanges modéré de 3,2 milliards d’euros.
Parmi les valeurs, Accor a terminé en baisse de 1,51 % à 28,79 euros, malgré l’arrivée à la tête du groupe hôtelier de Sébastien Bazin, patron de la branche européenne du fonds d’investissement Colony Capital.
De leur côté, Total (-0,65 % à 41,72 euros), Maurel et Prom (-0,36 % à 12,48 euros) et Bourbon (+0,12 % à 21,71 euros) ont limité la casse, profitant notamment de la hausse des cours du pétrole.
Les valeurs les plus dépendantes de la conjoncture ont souffert, à l’image de Renault (-4,74 % à 56,45 euros) et Lafarge (-3,55 % à 46,37 euros).
Les banques ont terminé en forte baisse, comme BNP Paribas (-3,53 % à 47,76 euros), Crédit agricole (-4,24 % à 7,70 euros) et Société générale (-4,65 % à 32,80 euros).
À Londres, fermé la veille pour cause de jour férié, l’indice FTSE-100 reculait de 0,79 % à 6 440,97 points.
Côté valeurs, le groupe aérien International Airlines Group – maison mère de British Airways et Iberia – perdait 4,84 % à 300,5 pence.
Le secteur bancaire était aussi sous pression : Royal Bank of Scotland (RBS) cédait 4,12 % à 430,1 pence, Standard Chartered 3,69 % à 1 437,5 pence et Lloyds Banking Group 2,89 % à 72,63 pence.
Le Dax, indice vedette de la Bourse de Francfort, a, lui, clôturé en baisse de plus de 2,28 % à 8 242,56 points.
Presque la totalité des trente valeurs du Dax a reculé. Seul le fabricant d’engrais K+S, qui avait déjà eu le vent en poupe la veille, a progressé de 0,42 % à 19,34 euros et le chimiste Lanxess a pris 0,15 % à 49,08 euros.
Madrid s’est enfoncée dans le rouge, l’indice Ibex-35 plongeant de 2,96 % à 8 394 points après avoir passé la barre des 3 % peu avant la fin de séance.
Les valeurs bancaires accusaient le coup : Santander perdait 3,68 % à 5,413 euros, BBVA 3,73 % à 7,248 euros, Banco Popular 7,68 % à 3,665 euros et Banco Sabadell 6,36 % à 1,766 euro.
La Bourse suisse a également fait les frais de la nervosité des marchés sur la Syrie, l’indice SMI cédant 1,70 % à 7 886,07 points.
Les valeurs bancaires étaient sous pression, Credit Suisse lâchant 3,29 % à 27,59 francs suisses tandis que sa rivale UBS reculait de 2,67 % à 18,26 francs suisses.
Richemont, le numéro deux mondial du luxe, a également terminé en bas du tableau, chutant de 3,27 % à 90,15 francs suisses. L’horloger Swatch Group perdait 2,89 % à 554,50 francs suisses.
La Bourse de Lisbonne a chuté de 1,93 % à 5 861,80 points, plombée par les bancaires.
La banque BES a subi la plus forte baisse, dévissant de 6,11 % à 0,83 euro, suivie de la BCP, en recul de 1,98 % à 0,10 euro et la BPI, en baisse de 1,82 % à 0,97 euro.
La Bourse de Bruxelles, gagnée par les inquiétudes sur la Syrie, a reculé de 2,58 % à 2 698,33 points.
Aucune des valeurs vedettes du Bel 20 n’a résisté à la baisse générale, qui a surtout affecté le secteur de l’assurance. Ainsi, KBC a perdu 5,07 % à 32,80 euros, Delta Lloyd 3,85 % à 14,50 euros et Ageas 3,76 % à 30,56 euros.
L’indice FTSE Mib de la Bourse de Milan a terminé sur un recul de 2,34 % à 16 580 points.
Les valeurs bancaires ont payé un lourd tribut à la nette remontée du « spread », initiée lundi en raison des nouvelles turbulences politiques qui affectent la péninsule. Unicredit a chuté de 4,17 % à 4,232 euros et Intesa Sanpaolo de 4,37 % à 1,445 euro. Le constructeur Fiat a reculé pour sa part de 3,67 % à 5,78 euros.
L’indice AEX de la Bourse d’Amsterdam a rétrogradé de 2,31 % à 364,87 points.
Les baisses les plus importantes ont été enregistrées par le groupe franco-néerlandais Air France-KLM, qui a cédé 5,42 % à 5,92 euros, suivi par le bancassureur ING, qui perdait 5,14 % à 8,22 euros.
Seule valeur en hausse, le producteur d’hydrocarbures anglo-néerlandais Shell progressait de 0,64 % à 24,29 euros.
Parallèlement, Les Bourses dans les pays arabes sont celles qui ont le plus tremblé face aux tensions en Syrie.
Dubaï a perdu plus de 7 %, sa plus forte perte quotidienne depuis la crise financière de 2009 qui avait profondément affecté l’économie de l’émirat. La Bourse d’Arabie saoudite, le plus grand marché du monde arabe, a plongé de 4,12 %.
Vers 16h00 GMT, le principal indice de Wall Street, le DJIA, perdait 0,74 % et le Nasdaq, qui regroupe les valeurs technologiques, reculait de 1,37 %.
« Le risque géopolitique est de retour, cela inquiète les investisseurs financiers », a résumé Paul Donovan, analyste chez UBS.
Le pétrole grimpe à un plus haut en 6 mois à Londres
Les cours du pétrole grimpaient nettement mardi en fin d’échanges européens, les cours du Brent londonien atteignant même un sommet en 6 mois, portés par un regain d’inquiétude concernant la situation en Syrie, où les États-Unis pourraient intervenir militairement.
Vers 16h00 GMT (18h00 à Paris), le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en octobre valait 113,98 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 3,25 dollars par rapport à la clôture de lundi. Le cours du baril de Brent est monté mardi à 114,17 dollars, son niveau le plus élevé depuis fin février.
Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « light sweet crude » (WTI) pour la même échéance gagnait 3,03 dollars, à 108,95 dollars, après avoir atteint 109,32 dollars, son plus haut niveau en cinq semaines.
« Pendant que les investisseurs londoniens étaient absents lundi (en raison d’un jour férié, NDLR), une intervention militaire en Syrie monopolisait les flux d’information », commentait David Hufton, analyste chez PVM.
En effet, le secrétaire d’État américain John Kerry a déclaré lundi que le régime syrien devrait rendre des comptes pour avoir eu « recours aux armes les plus atroces contre les populations les plus vulnérables de la planète ».
« Si la probabilité d’une réponse militaire américaine s’accroît, ça va attiser la tension au Moyen-Orient et affecter la stabilité de cette région-clé pour la production de pétrole, provoquant une hausse des cours », expliquaient les analystes de Phillip Futures.
Comme le faisait remarquer Michael Hewson, analyste chez CMC Markets, « des prix qui s’installeraient à ces niveaux élevés risqueraient de provoquer une destruction de la demande et de devenir un risque pour la reprise économique récemment observée en Europe ».
(Source : AFP)