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À La Une - Crise

Tunisie : l'opposition veut mobiliser la rue

Le président tunisien appelle à un gouvernement d'union nationale.

Des opposants lors d'une manifestation contre le gouvernement à Tunis le 11 août 2013. AFP/FETHI BELAID

L'opposition tunisienne a revendiqué la mobilisation de dizaines de milliers de personnes mardi soir à Tunis en pleine crise politique, leur camp cherchant à arracher la démission du gouvernement dominé par les islamistes.

Le parti de centre droit Nidaa Tounès a estimé à "plusieurs dizaines de milliers" le nombre de manifestants sur sa page officielle Facebook.

Deux députés de la Constituante interrogés par l'AFP, Khemaïs Ksila et Iyed Dahmani, ont même estimé la foule à 150.000 personnes, alors que la police n'avait pas donné d'estimation vers 19H00 GMT (20H00 locale) deux heures après le début de la manifestation.

Un responsable policier sur place a cependant indiqué à l'AFP que les manifestants étaient "au minimum 15.000".

Les manifestants, rassemblés à l'appel de partis d'opposition, d'associations et de syndicats, ont défilé d'une porte de la Medina à la place du Bardo, face à la Constituante et centre de la contestation depuis le 25 juillet, date de l'assassinat d'un député Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste.

La foule scandait à la fois des slogans pour les droits de la femme et contre le parti Ennahda, tel "La Tunisienne est libre, les frères musulmans dehors" ou encore "la Tunisienne est musulmane mais pas islamiste".


Le 13 août est une date symbolique en Tunisie marquant l'adoption en 1956 d'une législation accordant aux femmes des droits sans pareil dans le monde arabe. Les islamistes d'Ennahda sont cesse accusés de vouloir revenir sur ces acquis.

 

Plus tôt dans la journée, le Front de salut national qui regroupe une kyrielle de partis allant de l'extrême gauche au centre-droit a annoncé dans un communiqué le début d'une campagne "Dégage", slogan phare de la révolution de janvier 2011, pour obtenir le départ des responsables régionaux nommés par Ennahda.

Cette coalition prépare aussi "une mobilisation générale pour la semaine du départ (du gouvernement) à partir du le 24 août", sans plus de précisions.

Elle réclame aussi toujours la dissolution de la Constituante et la mise en place d'un gouvernement composé d'indépendants.


(Lire aussi : Tunisie : les islamistes font un pas vers le dialogue)

Les islamistes insistent sur la légitimité d'Ennahda

Ennahda a jusqu'à présent rejeté les revendications de l'opposition, proposant en retour d'élargir son gouvernement actuel à tous les partis. Les islamistes insistent sur sa légitimité issue de la Constituante élue en octobre 2011 mais dont les travaux ont pris près d'un an de retard faute de consensus sur la Constitution.

 

Le président Moncef Marzouki, un laïc allié des islamistes, a pour sa part exprimé une position très proche de celle d'Ennahda.

"Il faut qu'il y ait un gouvernement d'union nationale où tous les partis politiques seront représentés dans la prise de décision", a déclaré le président, dont les fonctions sont essentiellement honorifiques.

Il a aussi réclamé la reprise des travaux de la Constituante, gelés depuis une semaine par son président qui espère ainsi forcer les deux camps à négocier, sous l'égide du puissant syndicat UGTT, une sortie de crise.

 

De premiers pourparlers entre Ennahda et l'UGTT n'ont conduit lundi soir à aucune avancée.

"Nous espérons que la situation se clarifie à la fin de la semaine et qu'on arrivera à des solutions consensuelles", a estimé le Premier ministre islamiste Ali Larayedh.

 

Sa position est cependant fragilisée par l'UGTT, forte de 500.000 membres, et le patronat Utica qui sont favorables à la mise en place d'un gouvernement de technocrates tout en étant favorable au maintien de l'ANC.

 

L'équipe gouvernementale actuelle est accusée d'avoir failli sur le plan sécuritaire, l'essor de la mouvance salafiste déstabilisant régulièrement le pays depuis la révolution de janvier 2011. Un premier cabinet dirigé par Ennahda avait déjà dû démissionner après l'assassinat d'un autre opposant, Chokri Belaïd, le 6 février.

 

Par ailleurs, quatre jours après l'assassinat de Brahmi, un groupe suspecté de liens avec el-Qaëda et pourchassé par l'armée depuis décembre avait sauvagement tué huit militaires au mont Chaambi à la frontière algérienne.

 

Cette embuscade a déclenché une vaste opération "aérienne et terrestre" mais les autorités n'ont dressé aucun bilan après près de deux semaines de manoeuvres et de bombardements. Selon une source militaire sur place, six "terroristes" auraient été néanmoins tués lundi.

 

L'économie tunisienne, minée par les crises à répétition, peine aussi à se relever depuis la révolution de janvier 2011 alors que la misère et le chômage avaient été au coeur de cette révolte.

Pour mémoire

Un scénario à l’égyptienne, Le point de Christian Merville

 

Après le printemps arabe, un nouvel élan pour le jihadisme
L'opposition tunisienne a revendiqué la mobilisation de dizaines de milliers de personnes mardi soir à Tunis en pleine crise politique, leur camp cherchant à arracher la démission du gouvernement dominé par les islamistes.
Le parti de centre droit Nidaa Tounès a estimé à "plusieurs dizaines de milliers" le nombre de manifestants sur sa page officielle Facebook.
Deux députés...

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