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À La Une - Liban

Le cadeau à l'armée pour le 1er août : Kahwagi et Salmane reconduits pour deux ans

Sleiman annoncera aujourd’hui officiellement la reconduction dans leurs fonctions du commandant et du chef d’état-major de l’armée.

Des cérémonies ont été organisées hier dans diverses régions à l’occasion de la fête de l’Armée libanaise, célébrée le 1er août. Photo Danièle Khayat

La mesure était pratiquement acquise, mais son annonce (officieuse) a quand même été accueillie avec soulagement dans certains milieux et elle a, surtout, clôturé un vif débat et mis un terme à une polémique fiévreuse qui avaient ajouté un nouveau facteur de tension sur la scène politique locale. Comme l’avaient indiqué des informations filtrées à la presse ces derniers jours, la mise à la retraite du commandant en chef de l’armée, le général Jean Kahwagi, et du chef d’état-major, le général Walid Salmane, a été reportée pour une période de deux ans. Le président de la République, Michel Sleiman, annoncera officiellement cette décision au cours du discours qu’il prononcera aujourd’hui à l’occasion de la fête de l’Armée, célébrée le 1er août. Les craintes d’un vide au niveau des plus hauts échelons de l’institution militaire sont ainsi définitivement dissipées.


C’est hier en fin de journée, à la veille de la fête de l’Armée, que le ministre sortant de la Défense, Fayez Ghosn, a signé un arrêté ministériel prévoyant le maintien du général Kahwagi et de son chef d’état-major à leurs postes respectifs. Cette mesure a été prise sur base de la loi de défense, notamment les articles 15, 55 et 56. Elle prendra effet le 23 septembre 2013 et s’étendra jusqu’au 22 septembre 2015 pour le commandant de l’armée, et elle sera effective du 8 août 2013 jusqu’au 7 août 2015 en ce qui concerne le chef d’état-major. Dans le sillage de cette mesure, M. Ghosn a reçu hier à son bureau du ministère le général Kahwagi pour un tour d’horizon de la situation au sein de l’institution militaire.


Dans une déclaration faite à la presse à cette occasion, le ministre devait souligner que la prorogation du mandat du commandant de l’armée ne constitue nullement une quelconque remise en question des capacités et compétences des officiers habilités à prendre en charge de hautes fonctions au sein de l’armée. « La quasi-unanimité qui s’est dégagée concernant cette décision est le fruit de la position à laquelle ont abouti les factions politiques qui ont pris conscience des dangers de la situation, mettant l’accent sur la nécessité de protéger l’institution militaire », a déclaré M. Ghosn, qui a ajouté : « Au cours de l’année écoulée, les Libanais ont vécu de graves événements qui ont été marqués par diverses tentatives de provoquer la discorde sur la scène locale. Si l’institution militaire n’avait pas pris la décision ferme de faire face à tous ceux qui cherchent à torpiller la stabilité, nous aurions été noyés aujourd’hui dans le chaos et une situation d’insécurité. »

Appui quasi unanime
Il convient d’indiquer dans ce cadre que les différents milieux politiques locaux, toutes tendances confondues, ont applaudi à l’unisson – exception faite du courant aouniste – au report de la mise à la retraite des généraux Kahwagi et Salmane, profitant aussi de l’occasion pour rendre hommage à l’institution militaire à la veille de la fête de l’Armée. Le Premier ministre désigné, Tammam Salam, a notamment déclaré à ce propos : « Pour le 67e anniversaire de la fondation de l’armée libanaise, j’adresse mes vœux les plus chaleureux aux officiers et aux soldats qui assument de lourdes responsabilités en vue de préserver les frontières du Liban et de sauvegarder sa sécurité ainsi que la cohésion de son tissu social dans des circonstances particulièrement difficiles. » En conclusion, M. Salam – qui a reçu en soirée le député Boutros Harb – a rendu hommage au souvenir des martyrs de l’armée.
De son côté, le Premier ministre sortant, Nagib Mikati, a souligné que « l’armée libanaise a apporté la preuve qu’elle sait faire face à tous les différends et aux tiraillements politiques, de même qu’elle exprime les aspirations des Libanais à une patrie souveraine et libre dont les frontières et la sécurité sont sauvegardées ». « Les Libanais ont certes des points de vue divergents, mais ils restent tous attachés à l’institution militaire en tant que garante non seulement de la sécurité, mais également de l’État dans le sens le plus large du terme », a souligné le chef du gouvernement démissionnaire. Et d’ajouter en conclusion que « la force de l’armée réside dans le soutien dont elle bénéficie de la part des Libanais ».
Quant au chef du législatif, Nabih Berry, il a mis l’accent, lors de sa rencontre hebdomadaire du mercredi avec les députés, sur la nécessité de « soutenir toute démarche susceptible de renforcer le rôle de l’institution militaire sur le plan de la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité dans le pays ».

 


Hamadé, Hélou et Houri
Notons par ailleurs que le député Marwan Hamadé a adressé au commandant de l’armée et au chef d’état-major des messages de félicitations à l’occasion de leur reconduction dans leurs fonctions respectives. Dans une déclaration à la presse, M. Hamadé a applaudi à la décision de reporter de deux ans la mise à la retraite du général Kahwagi et du général Salmane. « Nous aurions souhaité que cette mesure englobe aussi le général Achraf Rifi, qui s’est distingué par son action au cours des années écoulées à la tête des Forces de sécurité intérieure, a déclaré dans ce cadre Marwan Hamadé. Les manœuvres politiques ont toutefois abouti à sa mise à l’écart. »


Le député de Aley Henri Hélou a lui aussi exprimé sa vive satisfaction au sujet de la formule qui a été convenue pour reporter la mise à la retraite du commandant et du chef d’état-major de l’armée. « Une telle mesure, a déclaré M. Hélou, assure la stabilité au niveau du commandement de l’institution militaire qui remplit un rôle de premier plan pour la sauvegarde de la sécurité et de la stabilité au Liban. » « Cette mesure, a ajouté Henri Hélou, était nécessaire afin d’éviter tout vide au sein de l’institution qui est garante de la stabilité. »
Le député de Beyrouth Ammar Houri, membre du bloc du Futur, a relevé que la reconduction du mandat du général Kahwagi était « la seule solution possible pour éviter le vide au niveau du commandement de l’armée ».

 


Le 8 Mars
Dans le camp du 8 Mars, M. Hussein Moussaoui, membre du bloc parlementaire du Hezbollah, a déclaré que « le 1er août est l’anniversaire de la patrie et du peuple résistant libre ». Mettant l’accent sur le rôle de l’armée dans la confrontation « avec l’ennemi sioniste », le député hezbollahi a vivement dénoncé ceux qui ont lancé le slogan « si tu aimes l’armée, livre-lui tes armes ».
Le ministre aouniste Gaby Layoun a critiqué quant à lui la décision de reporter la mise à la retraite du commandant de l’armée, affirmant qu’une telle mesure « n’est pas une perte pour le chef du bloc du Changement et de la Réforme, le général Michel Aoun, mais c’est une perte pour les fondements de l’édification de l’État ».
La position du courant aouniste sur ce plan a été appuyée par l’ancien député (pro-Assad) Élie Ferzli qui a relevé que l’attitude du général Aoun sur ce plan est « juste » et reflète une « position de principe » que lui-même adopte également.


L’ancien directeur de la Sûreté générale, Jamil Sayyed, a déclaré que la prolongation du mandat du général Kahwagi « est nécessaire au plan militaire, mais elle doit constituer une mesure provisoire et elle ne devrait s’étendre que sur plusieurs semaines ».


Enfin, M. Massoud Achkar a rendu un vibrant hommage à l’institution militaire, affirmant que « les défis actuels rendent impératif l’appui à l’armée et aux services de sécurité, sur les plans politique, technique et financier ».
Signalons en conclusion que des cérémonies ont été organisées hier au siège du ministère de la Défense, à Yarzé, ainsi que dans les casernes de différentes régions du pays à l’occasion de la fête de l’Armée. Parallèlement, une délégation d’officiers supérieurs a rendu visite aux anciens commandants de l’armée, les généraux Michel Aoun et Victor Khoury, afin de leur transmettre les vœux du général Kahwagi. Dans le même temps, des officiers ont déposé des gerbes de fleurs sur les tombes des anciens commandants de l’armée Fouad Chéhab, Jean Noujeim, Adel Chéhab, Émile Boustany, Iskandar Ghanem, Hanna Saïd, et Ibrahim Tannous.

 

 

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