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Moyen Orient et Monde - Turquie

« Enfant, on me disait que les homosexuels brûleraient en enfer »

Les gays sous l’anathème espèrent briser les tabous.

Ertugrul, président de l’association « Musulmans et homosexuels », à Istanbul.OZAN KOSE/AFP

« Enfant, on me disait que les homosexuels brûleraient en enfer », raconte Ertugrul, président de l’association « Musulmans et homosexuels », qui espère « briser les tabous » en Turquie où gays et transsexuels sont souvent victimes de violences. « Il y a encore des régions où l’on tue les gays et lesbiennes pour sauver l’honneur de la famille », se désole-t-il, jugeant quasiment impossible d’aborder sereinement la question de l’homosexualité dans un pays peuplé en majorité de musulmans.


À 39 ans, Ertugrul, qui préfère garder l’anonymat, « ne sait plus vraiment » qui il est. Croyant et pratiquant, il n’arrive pas à concilier sa religion et ses sentiments. « Pour les dignitaires religieux, l’homosexualité est une épreuve », explique-t-il. Pour eux, « si vous succombez à la tentation, vous irez en enfer, si vous résistez, vous serez graciés et irez au paradis », ajoute-t-il.


L’homosexualité n’est pas condamnée en Turquie, mais les pressions sociales et policières sont fortes, et les actes homophobes nombreux. En 2010, Selma Aliye Kavaf, ministre d’État en charge de la Famille et de la Femme dans le gouvernement islamo-conservateur du Parti de la justice et du développement (AKP), avait provoqué la colère des associations en apparentant l’homosexualité à un « désordre biologique » et à une « maladie » devant être « soignée ».

Une étape...
L’association LGBT a tenté d’attirer l’attention des pouvoirs publics sur leur condition au cours du vaste mouvement de contestation antigouvernementale qui a secoué la Turquie en juin dernier. En vain. « Hier soir, le corps sans vie d’une amie transsexuelle surnommée Gaye a été retrouvé », raconte Gülsen, un homosexuel de 24 ans. « Nous ne recensons même plus les violences faites tant elles sont nombreuses », explique ce bénévole.

 

Bars, parcs, hammams ou cinémas, les lieux de rencontres sont les cibles permanentes de contrôles inopinés par la police, dont le parc Gezi, centre névralgique de la contestation contre le gouvernement. « Je discutais avec un jeune homme l’autre soir dans ce parc, lorsque j’ai été attaqué par deux hommes qui m’ont porté un coup de couteau au visage », raconte Gülsen. Peu disert, il préfère oublier cette soirée et n’envisage pas de représailles judiciaires. « Pourquoi faire ? » interroge-t-il. « Nous savons bien qu’ils auront une toute autre version des faits et qu’ils ne seront jamais condamnés », dit-il.


Pour ne pas souffrir de leur « différence », certains homosexuels vont même jusqu’à « l’effacer », persuadés qu’ils ne sont pas vraiment gays et que ce n’était « qu’une étape » dans leur vie. « Je ne pouvais pas rester homosexuel, mon entourage, ma famille ne pouvaient l’accepter », raconte Mustafa, 26 ans, psychologue. Il a entrepris une psychothérapie pour, dit-il, « mieux se cerner » et « essayer d’aimer le corps d’une femme ». Convaincu qu’il pourra changer, Mustafa s’est marié fin juin avec une jeune femme. « Elle sait que je n’ai aucune attirance pour la gent féminine, mais que j’y travaille », confesse-t-il. Lui veut « être quelqu’un de normal, comme tous ces autres pour qui tout est simple ».

 

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