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Recherche : regard d’une boursière fraîchement diplômée

Passionnée par la recherche, Micheline el-Khoury, 27 ans, achève en mars 2013 un doctorat en biochimie à l’USJ en cotutelle avec l’Université de Montpellier, en France. Sa thèse porte sur les biopesticides.

Détentrice d’une licence en sciences de la vie et de la terre et d’un master en biochimie alimentaire de l’USJ, elle obtient en 2010 une bourse conjointe de l’AUF et du CNRS qui lui permet d’effectuer des recherches à l’Université de Montpellier sur l’étude de la production des biopesticides isolés à partir d’échantillons du sol libanais. « Ma tutrice à l’USJ, le Dr Mireille Kallassy Awad, m’a encouragée à faire ce choix de recherche. D’ailleurs le sujet m’intéresse beaucoup », confie la jeune chercheuse. Motivée donc par son intérêt pour le sujet, soutenue par sa tutrice et conseillée par le Pr Joël Chopineau, qui l’a guidée dans son travail de recherche à l’Institut Charles Gerhardt de l’Université de Montpellier, Micheline mène, durant trois ans, ses recherches de thèse entre le Liban et la France.
« Notre recherche commence par un travail qui consiste à isoler, analyser puis caractériser une souche de la bactérie Bacillus thuringiensis (Bt) afin d’obtenir des éléments précis qui sont des protéines ayant des pouvoirs biopesticides. Il n’y a pas de règles préétablies dans ce genre de travail. On commence à l’aveuglette puis on change de démarches scientifiques en cours de route, en fonction des résultats obtenus et des contraintes pratiques », explique Micheline, qui se dit très satisfaite de l’encadrement dont elle a bénéficié au cours de ses études doctorales. « Tout était très bien : le matériel de laboratoire et la mobilité du travail – voyages et déplacements –. Le support financier de l’USJ et de l’AUF m’a permis d’entreprendre deux voyages édifiants. L’un pour une formation en Tunisie, suite à une collaboration entre l’USJ et le centre de biotechnologie de Sfax, et l’autre en Argentine pour un congrès scientifique organisé par la Society of Invertebrate Pathology (SIP) ».

Les ingrédients de la réussite
« Pour réussir, il faut être motivé et chercher partout afin de trouver les réponses aux interrogations que l’on se pose. »
Que peut-elle dire de l’accès aux références documentaires pour les étudiants au Liban ? « On peut trouver quelques sources. Généralement, ce sont des articles scientifiques et des publications sur lesquelles on se base pour effectuer ses recherches ; mais l’accès à la plupart de ces documents est payant, et d’ailleurs ils ne sont pas accessibles au Liban. Par contre en France, on nous donne des codes pour pouvoir y accéder. » D’autres obstacles entravent le travail des chercheurs au Liban : « Les moyens de recherche et le matériel disponible sont un peu limités et l’État finance peu les travaux de recherches. »
Dans le domaine des recherches sur les biopesticides, Micheline considère que les USA, le Canada, l’Espagne, l’Argentine et Brésil sont des pays très avancés. « Vu les pratiques agricoles en vigueur au Liban, les gens ne semblent pas conscients du danger de l’utilisation des pesticides chimiques », affirme-t-elle avant d’ajouter : « Bien qu’il existe sur le marché libanais un biopesticide importé, il est encore peu connu. Et même les vendeurs ne sont pas assez formés pour expliquer aux gens ses bénéfices. »
Micheline trouve qu’il est nécessaire d’organiser au Liban des campagnes de sensibilisation sur l’importance des biopesticides. « Les étudiants peuvent jouer un rôle auprès du grand public afin de faire connaître les produits bio dans leurs régions. Ils peuvent en parler dans leurs universités afin de les encourager à mener des recherches sur le sujet », propose-t-elle, avant de poursuivre : « L’USJ embauche des étudiants stagiaires pour effectuer des recherches sur les biopesticides. » Par rapport aux sessions de formation offertes et aux journées scientifiques organisées par les universités, notamment l’UL, elle avance que « malheureusement, on manque d’opportunités pour les sujets de recherches au Liban. Les journées scientifiques organisées traitent de sujets très généraux. Le sujet des biopesticides n’est pas très courant encore. Il faut voyager, participer à des congrès scientifiques, et c’est très coûteux ».
Comment les agriculteurs libanais peuvent-ils bénéficier des résultats de ses recherches ?
« Nous ambitionnons de produire des biopesticides en utilisant la souche caractérisée pendant nos études, et vendre le produit final sur le marché libanais. Ce produit, avec une souche libanaise, n’existe pas encore à l’échelle industrielle », précise-t-elle, avant d’ajouter : « L’USJ a acheté de grands fermenteurs à Taanayel pour pouvoir produire en masse le biopesticide en question. »
De ses études doctorales qu’elle vient d’achever, elle dit : « Il y a des moments où l’on se sent fatigué, mais le lendemain on décide de ne pas baisser les bras et on fonce. On continue. » La prochaine étape pour la jeune chercheuse ?
« Trouver un travail qui me permettra de partager tout ce que j’ai appris. »

 

Romy RAPHAËL

Détentrice d’une licence en sciences de la vie et de la terre et d’un master en biochimie alimentaire de l’USJ, elle obtient en 2010 une bourse conjointe de l’AUF et du CNRS qui lui permet d’effectuer des recherches à l’Université de Montpellier sur l’étude de la production des biopesticides isolés à partir d’échantillons du sol libanais. « Ma tutrice à l’USJ, le Dr...

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