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À La Une - Espagne

Catastrophe ferroviaire en Galice : la vitesse en accusation

Le pays en choc après l’accident de train qui a coûté la vie à 80 personnes.

Dans les heures qui ont suivi l’accident, plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures.  La Voz de Galicia/Xoan A. Soler/Monica Ferreiros/AFP

Saint-Jacques de Compostelle attendait hier, dans la douleur, l’identification des derniers corps au lendemain de l’accident de train qui a fait 80 morts dans cette ville du nord de l’Espagne, à la veille de la Saint-Jacques, fête traditionnelle dans cette région. Sur le site de la catastrophe, dans cette ville de pèlerinage mondialement célèbre, une grue blanche géante dégageait les wagons pulvérisés. Devant la morgue, allaient et venaient les corbillards, pendant que des familles en pleurs cherchaient un peu de réconfort auprès des psychologues dans le centre d’assistance mis à leur disposition. D’autres attendaient encore, rongés par l’angoisse : 58 corps avaient été identifiés en début de soirée, a annoncé le tribunal régional de Galice. Le chef du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, qui a rendu visite aux blessés, a annoncé trois jours de deuil national. La Galice a décidé sept jours de deuil et attendait dans la soirée la visite du roi Juan Carlos.



Faits et hypothèses
Dès mercredi soir, peu après le déraillement du train à son arrivée à Saint-Jacques, l’hypothèse d’une vitesse excessive, sur un tronçon de voie limité à 80 kilomètres/heure, a pris corps. Deux enquêtes, judiciaire et administrative, ont été ouvertes. L’un des deux conducteurs du convoi, blessé et hospitalisé, doit être entendu par la police, sur demande d’un juge. « J’espère qu’il n’y aura pas de morts parce que je les aurai sur la conscience », avait lancé cet homme, selon le quotidien El Pais mercredi dans une communication radio avec la gare, juste après le déraillement. Un peu plus tôt, il aurait reconnu avoir abordé le dangereux virage où s’est produit l’accident à 190 km/h. Le secrétaire d’État aux Transports, Rafael Catala, a presque confirmé cette hypothèse. La tragédie « paraît liée à un excès de vitesse », a-t-il affirmé sur la radio Cadena Ser. « Grande vitesse mortelle », titrait d’ailleurs dès hier le journal El Mundo, d’après lequel le convoi s’était engagé à 220 kilomètres/heure dans le délicat virage d’A Grandeira. Selon El Pais, le train roulait à 180 km/h en abordant le virage.

 

(Voir la vidéo du crash ici)


L’accident s’est produit à 20h42 (18h42 GMT) sur un tronçon de voie à grande vitesse, dans un virage très prononcé à environ quatre kilomètres de la gare de Saint-Jacques de Compostelle. Plusieurs wagons sont sortis de la voie, s’empilant les uns sur les autres. L’un d’eux a été projeté en l’air, jusque sur un terre-plein au-dessus de la voie. Dans les heures qui ont suivi l’accident, plusieurs cadavres gisaient sur les voies, recouverts de couvertures. En plus des morts, le gouvernement régional a fait état de 178 blessés, dont 94 étaient toujours hospitalisés hier soir, 35 dans un état critique. Il y aurait des étrangers parmi eux.

 

 

Des secouristes dégagent les victimes de la carcasse du train. REUTERS/Oscar Corral



Témoignages
Plusieurs témoins ont raconté avoir entendu le bruit sourd d’une violente explosion. « J’étais chez moi et j’ai entendu comme un coup de tonnerre, très fort, j’ai vu beaucoup de fumée », attestait, hier à l’aube, Maria Teresa Ramos, une femme âgée de 62 ans qui vit à quelques mètres du lieu de l’accident. « C’était un désastre. Les gens criaient. Tous le monde est parti chercher des couvertures et des serviettes pour aider les blessés. Personne n’avait jamais vu cela ici. »

 

Très vite, de longs convois d’ambulances, gyrophares allumés, se sont formés, évacuant les blessés, pendant que les secouristes se frayaient un chemin dans les tôles froissées. Un bâtiment municipal a été mis à la disposition des familles, qui pouvaient y recevoir les conseils et des informations, et les autorités locales ont lancé un appel aux dons du sang. Jesus Lopez, 69 ans, attendait seul, hier, devant le bâtiment, un parapluie accroché au bras. Il est venu de La Corogne, à cent kilomètres de là, dès qu’il a su que sa nièce, âgée de 40 ans, était dans le train. Architecte vivant à Madrid, elle se rendait en Galice pour aller chercher ses deux enfants de cinq et deux ans qui passent leurs vacances avec leurs grands-parents. Soudain, le téléphone de l’homme sonne : une amie, qui connaît une infirmière à l’hôpital Clinico de Compostelle, l’appelle pour lui dire que l’infirmière a reconnu sa nièce grâce à l’alliance sur laquelle figure le nom de son mari. Il se met à pleurer pendant l’appel : « Elle l’a vue à l’hôpital. Elle est dans un état grave, mais elle est vivante. »

 

 

La douleur des proches des victimes. AFP/CESAR MANSO

 


Au cours de la journée suivant la catastrophe, de nombreux témoignages de solidarité à l’Espagne ont fusé des quatre coins du monde, notamment depuis les États-Unis, où le président Barack Obama et sa femme, « choqués et attristés », exprimaient par la même occasion leur « gratitude au gouvernement espagnol et aux personnels des services d’urgence qui œuvrent à retrouver les disparus et soigner les blessés, parmi lesquels au moins six Américains ».


De son côté, le commissaire européen aux Transports, Slim Kallas, a évoqué de possibles « mesures au niveau européen » lorsque les autorités espagnoles auront « établi tous les faits ». Ses services ont rappelé qu’il plaidait depuis plusieurs années pour la mise en place d’un système de ralentissement automatique des trains sur le réseau ferroviaire de l’UE.

 

 

Diaporama

Les images de la catastrophe ferroviaire en Espagne

 

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