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À La Une - Etats-unis

Helen Thomas, la First Lady de la presse, s'en est allée

Durant plus de 50 ans, elle a eu l’honneur d’ouvrir et de clore les conférences de presse présidentielles à la Maison-Blanche. Fin du règne d’Helen Thomas (décédée à 92 ans) qui a couvert tous les présidents américains de John F. Kennedy à George W. Bush.

Helen Thomas, dans la "Briefing Room" de la Maison Blanche, en novembre 2008. REUTERS/Joshua Roberts/Files

Un destin auquel ses parents, qui avaient émigré du Liban en 1890, n’auraient jamais pu penser. Son père, Gergios Touma, et sa mère, Marianne Rawadi, venaient de Tripoli et ne savaient ni lire ni écrire. Ils se sont d’abord installés dans le Kentucky où ils ont ouvert une épicerie puis se sont fixés à Detroit. Ils ont eu neuf enfants qu’ils ont poussés à faire des études avancées. Helen fréquente l’Université de Wayne où, en prenant en charge la rédaction de la gazette du campus, elle décide qu’elle deviendra journaliste. Après avoir obtenu son diplôme, elle se lance à l’assaut de Washington. Elle la conquiert en devenant, dès 1961, la correspondante de l’agence UPI à la Maison-Blanche et obtient le privilège de poser la première question au chef d’État US lors de ses conférences de presse. Et son «Thank you Mr. President» (Merci M. le président), pour clore la session, était devenu célèbre. Ce qui ne l’avait jamais empêchée de mettre tous les chefs d’État, sans exception, sur le grill, notamment George W. Bush dont elle avait dit qu’il était «le pire des présidents américains» (pour la guerre en Irak). C’est du Helen Thomas pur sucre. Et le président Bush avait fini par ne pas répondre à ses questions. Sa notoriété, sa personnalité et son caractère trempé n’en ont été nullement affectés. Et ses convictions non plus. Ils avaient fini par enterrer la hache de guerre lorsque le président Bush lui avait un jour souhaité un joyeux anniversaire.


«Je pense, dit-elle, que les chefs d’État doivent être continuellement interrogés, même d’une manière irrévérencieuse, pour les ramener à leur juste mesure... Par ailleurs, avoir accès à eux ne veut pas dire que l’on va obtenir la vérité.» Elle ne leur a jamais donné de répit. Elle n’avait pas hésité à interroger durement le président Richard Nixon sur le scandale du Watergate, juste après qu’il l’eut félicitée pour avoir été la première femme nommée chef de bureau de la UPI près la Maison-Blanche. Helen Thomas a aussi été la première femme à être acceptée au prestigieux Gridirion Club, jusque-là réservé aux seuls hommes. Le président John Kennedy avait refusé d’assister au dîner annuel du club s’il continuait à exclure les femmes. Son omniprésence dans la «press room» de la Maison-Blanche lui a valu les appellations du «Bouddha assis» et de la First lady de la presse.

 


Gentlemen’s agreement
Par ailleurs, Helen Thomas avait confié qu’à l’époque de Kennedy, et jusqu’au mandat du président Clinton, la presse était très rapprochée des chefs d’État et de leur famille. Cependant, même en l’absence des actuelles strictes mesures de sécurité, il y avait un gentlemen’s agreement pour que les journalistes gardent secrètes « les escapades présidentielles ». L’album de photos d’Helen Thomas témoigne combien elle a été dans les secrets des dieux de la politique, tout en ayant toujours le courage de révéler ce qui devait être révélé. On la voit notamment soufflant les bougies du gâteau d’anniversaire de Clinton et riant aux éclats avec Pat Nixon. Elle trouvait Reagan « charmant mais distant, néanmoins bien rodé par son équipe ». Elle évoque « la marche sadique » de Lyndon Johnson qui arpentait les jardins de la Maison-Blanche en s’entretenant avec la presse.


Elle n’épargnait pas non plus ses collègues journalistes: ceux qui ont soutenu la guerre contre l’Irak, après le 11-Septembre, et ceux persécutant Bill Clinton au nom de l’extrême droite. Elle n’a jamais cessé d’avoir la dent dure, poussant jusqu’à provoquer elle-même sa démission en mai 2010. En réponse à une question sur Israël, en marge d’une célébration à la Maison-Blanche, Helen Thomas avait affirmé que les Israéliens devaient «quitter la Palestine».
«Souvenez-vous que ces gens (les Palestiniens) vivent sous occupation et qu’il s’agit de leur territoire», avait-elle dit. «Ils (les juifs) peuvent rentrer chez eux, en Pologne, en Allemagne, aux États-Unis ou ailleurs.» Elle s’était ensuite excusée pour ses propos.


En 1971, elle avait épousé un collègue de l’agence rivale, AP, Douglas Cornell, décédé en 1982.
Last but not least, car on n’en finit pas de raconter Helen Thomas: la robe rouge qu’elle arborait durant les conférences de presse de Ronald Reagan (couleur favorite de son épouse Nancy) trône depuis un certain temps au « Newseum », le musée de la presse.

 

 

Pour mémoire

Helen Thomas, une vie à la Maison-Blanche (réservé aux abonnés)

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