Abra, les « irrégularités » et le rôle du Hezb font toujours polémique

Au lendemain de la réunion de la commission parlementaire de la Défense présidée par le ministre sortant Fayez Ghosn, les choses ne se sont pas calmées concernant les incidents de Abra qui continuent de faire polémique. Il est vrai que lors de la réunion, l’armée, selon le site nowlebanon, a projeté des vidéos prouvant que cheikh Ahmad el-Assir a bel et bien attaqué des membres de l’institution. Dans l’une d’elles, enregistrée par le dénommé Ahmad el-Hariri, un acolyte du cheikh tué à Abra, l’on voit clairement Ahmad el-Assir demander à Hariri de s’attaquer aux soldats pour éliminer le barrage de l’armée près de la mosquée Bilal ben Rabah. « Il est temps de trancher. Tuez-les. Déchiquetez-les », martèle le cheikh salafiste. Dans une autre vidéo, toujours selon nowlebanon, ses partisans tuent de sang-froid quatre soldats. Et dans un troisième visionnage, on peut clairement suivre le début de l’accrochage entre les combattant du cheikh et la troupe.
Mais malgré ces visionnages accablants contre Ahmad el-Assir, une manifestation de soutien au cheikh a eu lieu hier aux alentours de la mosquée ben Rabah, son ancien fief. Du côté de la justice, le procureur général près le tribunal militaire, le juge Sakr Sakr, a déposé un pourvoi en cassation contre la décision du juge d’instruction militaire Riad Abou Ghida de la mise en liberté de trois inculpés interrogés jeudi sur les incidents de Abra. M. Abou Ghida avait en effet poursuivi ses investigations avec neuf suspects pour ensuite en libérer trois et émettre des mandats d’arrêt contre sept autres, dont un cheikh.
La réunion parlementaire mouvementée de la commission de la Défense continue, par ailleurs, de susciter de vives réactions du côté du 14 Mars qui estime que le Hezbollah n’a pas permis que l’armée soit interrogée à propos d’une éventuelle participation du Hezb aux combats de Saïda. Le député du courant du Futur Ahmad Fatfat a estimé que les vidéos présentées par l’armée n’ont rien changé « car l’attaque d’Ahmad el-Assir contre l’armée n’a jamais été remise en question ». « Des erreurs ont été commises lors de la bataille et le Parlement a le droit de poser ces questions », a-t-il ajouté, révélant posséder des vidéos montrant l’intervention du Hezb à Abra. « Le CPL, le Hezbollah et le mouvement Amal font pression pour empêcher que les responsables ne rendent des comptes et saboter ainsi la vie démocratique », a-t-il indiqué.

Siniora, le Hezbollah et les armes
Pour sa part, l’ancien Premier ministre Fouad Sinora a affirmé hier lors d’une visite à Abra que « les habitants de Saïda souhaitent une ville sans armes ». « Nous suivons les incidents de Abra pour savoir ce qui s’est exactement passé et le rôle qu’a joué le Hezbollah dans cette opération », a-t-il déclaré, indiquant que « tant qu’il y aura des armes illégales, et incontrôlées par l’État libanais et les services de sécurité, ce genre d’incidents peut toujours arriver ». M. Siniora, qui inspectait les dégâts à Abra et les travaux de reconstruction en compagnie des habitants et du président du conseil municipal de Saïda Mohammad al-Saoudi, a souligné la nécessité de punir les coupables et de libérer les détenus innocents. « Les dégâts sont énormes », a-t-il poursuivi, saluant les efforts fournis par les volontaires pour réaménager la ville.
Par ailleurs, le député Hadi Hobeiche a assuré hier qu’« au cours de la séance de la commission parlementaire, les députés du 8 Mars ont écarté toute question sur l’implication du Hezbollah dans les combats de Abra », affirmant que « laisser ces questions sans réponses anéantit l’institution militaire et fera perdre la confiance des Libanais dans l’armée ». M. Hobeiche a de même estimé que « l’absence de preuves présentées par l’armée pour démentir l’implication des membres du Hezbollah dans la bataille de Abra confirme la véracité de cette information ». « Les forces du 14 Mars défendent l’armée, tandis que le 8 Mars lui déclare son soutien en encourageant la profusion des armes illégales », a-t-il ajouté, appelant le Hezbollah à remettre ses armes à l’État. « Ahmad el-Assir n’est qu’une réaction à la présence des armes illégales aux mains du parti de Dieu », a-t-il dit.
Sur un autre plan, M. Hobeiche a condamné l’explosion de Bir el-Abed. « Toutes les parties sont parfaitement informées du fait que le 14 Mars avait payé le prix fort des explosions et du terrorisme », a-t-il rappelé, exhortant l’État « à assumer son rôle pour dénoncer les coupables ». À propos du gouvernement, il a précisé que son camp ne refusait pas la présence du Hezbollah au sein du prochain cabinet, affirmant que « le refus de Siniora de se réunir avec le Hezbollah n’illustre nullement notre volonté d’exclure le parti de Dieu du gouvernement ».