Au cours de sa visite de près de cinq heures, le pape a à plusieurs reprises remercié les 6 000 habitants de Lampedusa, les organisations humanitaires et les forces de police : « Un exemple de solidarité. » Lampedusa doit être « un phare du monde entier pour que partout on ait le courage d’accueillir ceux qui cherchent une vie meilleure », selon le pape. Avant la messe, le pontife avait été conduit en vedette des gardes-côtes devant la Porte de l’Europe, un monument dressé à la mémoire des victimes des naufrages. Sur ce bateau qui a secouru 30 000 personnes en huit ans, le pape a dit une prière puis jeté une couronne de chrysanthèmes tandis que les autres embarcations faisaient retentir leurs sirènes. Le pape s’est rendu aussi sur le quai où les réfugiés sont débarqués après des périples exténuants qui commencent le plus souvent dans des zones ravagées par des conflits en Afrique (Somalie, Éthiopie) et au Moyen-Orient (Irak, Syrie, Afghanistan). « Prions pour ceux qui aujourd’hui ne sont pas là », a dit le pape à des migrants africains arrivés récemment. « Nous avons fui notre pays pour deux motifs, économique et politique », a répondu l’un d’eux en demandant « l’aide du Saint-Père après nos longues souffrances ». Toutes les cérémonies étaient marquées par la sobriété, sans personnalités politiques. C’est une vieille jeep fournie par un habitant qui a fait office de papamobile.
En ce moment, en raison d’une météo favorable, les arrivées de migrants sont incessantes. Et 166 ont encore été secourus à Lampedusa juste avant l’arrivée du pape. Depuis le début de l’année, 4 000 ont débarqué à Lampedusa, trois fois plus qu’en 2012. Lampedusa, confetti de 20 km2, est plus proche des côtes nord-africaines situées à environ 100 km que de la Sicile (plus de 200 km). En 2011, avec les printemps arabes, près de 50 000 migrants et réfugiés avait déferlé sur Lampedusa et les autorités s’étaient retrouvées débordées. Ils sont initialement accueillis dans un petit centre souvent surpeuplé, avant d’être renvoyés dans leur pays ou transférés vers un centre pour demandeurs d’asile. La présidente de la Chambre des députés et ex-porte-parole du HCR en Italie, Laura Boldrini, a souhaité que la visite du pape se traduise par des lois plus claires pour qu’aider un bateau en détresse « soit un devoir juridique et éthique ». À l’inverse, Matteo Salvini, un dirigeant de la Ligue du Nord, parti anti-immigrés, a clamé son « non à une mondialisation de la clandestinité » : « Aider les migrants chez eux est la seule réponse juste. »
(Source : AFP)