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À La Une - Révolte

Les Ikhwane syriens réclament plus d’armes à l’Occident

Ahmad Assi Jarba, élu président de la Coalition de l’opposition ; Homs toujours bombardée.

Un quartier de Deir ez-Zor en ruine.  Khalil Ashawi/Reuters

La branche syrienne des Frères musulmans a appelé hier les États-Unis et l’Europe à livrer aux rebelles l’aide militaire promise. « Nous nous sentons abandonnés et déçus de voir que les États-Unis et l’Europe ont fait marche arrière sur l’armement de l’Armée syrienne libre et nous appelons la communauté internationale à remplir ses obligations », écrit ainsi la confrérie dans un communiqué diffusé sur son compte Twitter.
La persistance des divergences au sein de la Coalition nationale syrienne (CNS), qui se veut représentative de l’opposition, a jusqu’ici retenu les puissances occidentales de fournir des armes perfectionnées aux insurgés. Selon Melhem al-Drobi, l’un des responsables de la branche syrienne des Frères musulmans, l’élection à la tête de la CNS d’Ahmad Assi Jarba devrait à présent donner confiance à l’Occident pour envoyer l’aide promise.

Proche de l’Arabie saoudite
En effet, la Coalition de l’opposition syrienne est parvenue à surmonter ses divisions pour se choisir un nouveau chef, Ahmad Assi Jarba, qui sera chargé d’incarner l’alternative au président Bachar el-Assad aux yeux de ses soutiens arabes et occidentaux. Au troisième jour de leur réunion à Istanbul, les 114 membres du principal rassemblement des adversaires du régime à Damas ont élu à leur tête M. Jarba, considéré comme un proche de l’Arabie saoudite, qui a obtenu 55 voix contre 52 à Mustafa al-Sabbagh, un homme d’affaires considéré comme proche du Qatar.
M. Jarba, soutenu par la faction de l’opposant historique Michel Kilo, succède à Moaz al-Khatib, qui avait démissionné en mars pour dénoncer « l’inaction » de la communauté internationale dans le conflit syrien.
Né en 1969 à Qamishli, M. Jarba, un sunnite, était chargé du dossier délicat de l’armement de la rébellion au sein de la coalition et a, à ce titre, fait partie de plusieurs délégations de la coalition ayant visité des pays arabes et européens pour les convaincre d’armer les rebelles. Chef de tribu et opposant notoire au régime syrien, il a été emprisonné à la fin des années 1990, puis a été de nouveau détenu en mars 2011 quelques jours après le déclenchement de la révolte. Libéré en août 2012, M. Jarba s’est installé en Arabie saoudite et a aussitôt rejoint les instances de l’opposition.


Lors du scrutin, les membres de la coalition se sont également dotés de trois vice-présidents : Suheir Atassi, Mohammad Farouk Tayfur et Salim Muslit. Élu au poste de secrétaire général, Badr Jamous complète la nouvelle équipe dirigeante.


La France a félicité M. Jarba, estimant que son élection renforçait la coalition en tant que « représentant légitime du peuple syrien », au moment où « s’accroît la répression du régime, notamment à Homs ».
Dans un bref communiqué publié après son élection, M. Jarba a affirmé que sa « priorité est de gérer les développements sur le terrain en Syrie, surtout à Homs », cible d’une nouvelle offensive des forces du régime et du Hezbollah qui cherchent à reprendre les quartiers rebelles.


D’ailleurs, sur le terrain, les forces du régime poursuivaient hier leurs violents bombardements contre les quartiers assiégés de Homs pour la neuvième journée consécutive, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Elles bombardaient les quartiers de Khaldiyé et de Hamidiyé aux obus de mortier, aux roquettes et aux canons de char, a-t-il précisé. « Nous subissons de grandes pressions notamment sur le front de Khaldiyé. Les combats sont féroces », a affirmé le militant Abou Khaled via Internet. « Il ne nous reste quasiment plus de fuel ni d’équipements médicaux après plus d’un an de siège », a-t-il dit, en ajoutant que « le régime a fait de petits progrès ces derniers jours en prenant des édifices à la périphérie » de Khaldiyé. Selon lui, « Homs est un symbole de la révolution, et si le régime prend cette ville, il aura remporté une grande victoire ».


Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a affirmé de son côté que « 60 à 70 % du quartier de Khaldiyé est détruit et que la plupart des maisons sont inhabitables » et « les quartiers du vieux Homs en ruine ».


Sur une vidéo diffusée par des militants de Homs, on entend des bruits d’explosions et d’armes mitrailleuses durant trois minutes, alors que des nuages de fumée noire se dégagent après chaque explosion dans différents secteurs de la ville. La vidéo montre également des bâtiments et des maisons ravagés par les destructions.

 


Par ailleurs, à Damas, l’aviation a mené trois raids sur le quartier de Jobar, alors que des roquettes ont visé le camp palestinien de Yarmouk, dans la banlieue sud de la capitale. Des accrochages se sont aussi déroulés à l’aube à la périphérie du quartier de Barzé, dans une tentative du régime pour le prendre d’assaut, selon l’OSDH.
À Alep, une explosion a, en outre, frappé un poste appartenant au régime, a indiqué l’OSDH sans donner de détails.

Combats entre rebelles
Des combats meurtriers ont également opposé une unité de l’opposition syrienne liée à el-Qaëda à des combattants rebelles dans la ville d’al-Dana, dans le nord du pays, non loin de la frontière turque. Ces affrontements soulignent les divisions au sein de l’insurrection. L’« État islamique d’Irak et de Cham », mouvement islamiste lié à el-Qaëda et opérant en Syrie, cherche depuis plusieurs mois à imposer son autorité sur les zones tenues par l’opposition dans le nord du pays. Ses unités combattantes, prenant le dessus sur le Front al-Nosra de recrutement plus local, ont commencé à imposer dans les « zones libérées » les règles strictes de la loi musulmane. Des combattants rebelles accusés de corruption ont été exécutés, des partisans de M. Assad décapités et les vidéos de ces « punitions » ont été largement diffusées sur Internet.


Selon l’OSDH, les corps décapités d’un commandant militaire du bataillon Islam et de son frère ont été retrouvés dans un parc public de la ville. Au début bien accueillis par la population, les groupes islamistes, comptant dans leurs rangs des combattants étrangers forts de leur expérience en Afghanistan ou en Irak, ont été ensuite critiqués pour leur interprétation rigoriste des règles de l’islam et leur agressivité envers les récalcitrants, souvent battus, parfois exécutés.

 

 

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