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À La Une - Citoyen grognon

Descente aux enfers

Lentement, inexorablement, le pays va à la dérive, touché de plein fouet par la crise syrienne et par les haines communautaires qui s’exacerbent. Pas un jour ne passe désormais sans une alerte. Sans un enlèvement ou un assassinat par-ci. Sans un acte de vengeance ou des affrontements par-là.

Dans la nuit de jeudi, le Metn a tremblé au son de l’obus qui a frappé la région de Jamhour-Bsous. Tiré depuis Ballouneh, région chrétienne par excellence. Quelle aberration ! On est en droit de se demander par qui et pourquoi. La réponse ne viendra jamais, bien entendu. Comme toujours, les coupables se volatiliseront dans la nature. Ils ne seront jamais inquiétés.

Le pays continuera alors de s’enfoncer dans la crise, tous les jours un peu plus. Comme une longue descente aux enfers. Désormais, on ne parle plus d’actes isolés, mais de règlements de comptes entre les deux communautés chiite et sunnite, d’une haine qui va crescendo et qui ne peut que dégénérer.

Les Libanais ne veulent pas de la guerre. La guerre, ils l’ont déjà vécue, dans toute son horreur. Une guerre interminable, sanglante, fratricide, confessionnelle. Une guerre qu’ils ne sont pas près d’oublier car elle a fait d’eux des exilés, des orphelins, des victimes, des bourreaux aussi.

C’est donc avec acharnement qu’ils s’accrochent aux festivités qui marquent le début de l’été et qui les emmènent d’une fête à une autre, d’un festival à un autre, d’une ville à une autre.

C’est avec autant de ténacité qu’ils viennent, les expatriés, d’Europe, d’Amérique ou même d’Australie, passer leurs vacances auprès des leurs, emplissant de rires et de youyous le hall d’arrivée de l’aéroport de Beyrouth.
Comme pour faire la nique aux empêcheurs de tourner en rond, à ceux qui ne rêvent que d’une chose, transformer de nouveau le Liban en champ de bataille. Dérisoire illusion ! Les citoyens ont-ils seulement les moyens d’empêcher un conflit qui se précise de jour en jour ?

La jeunesse du Liban, elle, n’en peut plus. Elle n’en peut plus d’assister, impuissante, aux querelles de clochers de ses dirigeants. Elle n’en peut plus de voir le pays aller à reculons, à pas de géants. Elle n’en peut plus d’attendre des réformes qui ne viendront jamais. Elle n’en peut plus d’espérer en vain être représentée par des hommes et des femmes politiques à l’écoute du citoyen.

Alors, la jeunesse libanaise, elle s’en va. Elle s’expatrie vers des pays dignes de ce nom. Des pays qui l’accueilleront à bras ouverts, pour étudier d’abord, pour travailler ensuite. Malgré la crise mondiale qui freine l’accès des jeunes au marché de l’emploi. Découragée, dégoûtée, épuisée d’avoir essayé, sur place, sans résultat. Mais gardant l’espoir fou que le Liban saura dire non à la violence, à la haine, à la guerre.

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