S. Gemayel : Hassan Nasrallah a fait du Liban un champ de bataille

C’est après la réunion hebdomadaire du bureau politique du parti Kataëb que le député Samy Gemayel s’est déchaîné hier contre le Hezbollah, après le dernier discours de Hassan Nasrallah, qui a réitéré vendredi son attachement à l’intervention du parti de Dieu dans le conflit syrien.
M. Gemayel a affirmé qu’« il aurait fallu se référer au code pénal libanais en ce qui concerne le conflit syrien ». « L’article 290 de ce code stipule de façon très claire que toute personne qui mène sans le consentement du gouvernement un mouvement de mobilisation en territoire libanais, pour recruter des soldats libanais appelés à se battre au profit d’un État étranger, sera puni par une arrestation provisoire ou l’exil », a-t-il relevé. Et d’ajouter : « L’article 288 de cette même loi affirme que toute personne qui mène des actions ou publie des textes ou des discours qui n’ont pas été permis par le gouvernement doit être arrêtée provisoirement, s’il a mis en danger le Liban, ou a porté préjudice aux relations du pays avec des États étrangers, ou a exposé les Libanais aux dangers d’actes de vengeance qui portent atteinte à leur personne ou à leurs biens. »
Le député Gemayel a martelé que cette loi est libanaise et qu’elle a été approuvée pour la protection des Libanais. Il a de même rappelé que de nombreux Libanais travaillent dans les pays du Golfe. « Nous avons peur pour eux, car certaines actions et certains discours mettent leurs familles et leurs vies en péril, et cette responsabilité repose sur les épaules de ceux qui entraînent le Liban vers ce genre de dangers », a-t-il affirmé.

Appel à Sleiman et Salam
Samy Gemayel a déclaré que « le Hezbollah régit le pays, prend des décisions et impose un fait accompli par la force des armes ». « Il doit être conscient du fait que ce qui se déroule actuellement n’est pas dans son intérêt et il doit éloigner les extrémistes du Liban, a souligné le député Kataëb. Le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, a transformé le Liban en champ de bataille. De quel droit se permet-il de prendre le sort des Libanais en otage ? De quel droit prend-il la décision, de manière unilatérale, d’entraîner tout le pays dans un conflit armé ? » a-t-il clamé.
M. Gemayel a espéré que « le peuple libanais fasse preuve de patience et de persévérance et s’attache à son pays. Les phénomènes que l’on voit sont anormaux et ne sont pas représentatifs de la vraie nature du peuple libanais pacifique, lequel est devenu l’otage de certains groupes armés en l’absence de l’État qui était supposé protéger les Libanais ».
Le député Kataëb a indiqué que les Libanais sentent que « le pays n’est plus contrôlé, et qu’il n’y a plus ni loi, ni Constitution, ni reddition de comptes, et que tout est permis au pays ». M. Gemayel a aussi exhorté le président de la République, Michel Sleiman, « à frapper d’une main de fer les saboteurs, à mettre fin à l’effondrement, à profiter du vide pour rétablir ses compétences et imposer une autorité au niveau de la vie politique dans le pays ». « À tout moment, la situation sur le terrain peut dégénérer et les regrets seront alors inutiles », a-t-il dit.
M. Gemayel a ensuite appelé le Premier ministre désigné, Tammam Salam, à former le gouvernement dans les meilleurs délais « puisque le vide porte atteinte à toutes les parties », déplorant le fait que « certains ne veulent pas d’État ». « Nous représentons aujourd’hui l’opposition et nous ne pouvons qu’émettre des mises en garde. La responsabilité est aux mains du pouvoir exécutif qui se doit d’assurer le respect de la déclaration de Baabda, de protéger les frontières et de répondre à toute violation syrienne de la souveraineté libanaise », a-t-il poursuivi. M. Gemayel a enfin affirmé que « le ministre sortant des Affaires étrangères, Adnane Mansour, se comporte conformément à son appartenance communautaire ou, pire, partisane, au lieu de faire prévaloir son appartenance patriotique ». « Il est inconcevable et inadmissible que M. Mansour ne donne pas suite à la requête du président Sleiman de déposer une plainte contre la Syrie », a-t-il conclu.