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Liban - Protestation

Mobilisation réussie pour le jardin des Jésuites

Près de 300 manifestants se sont rassemblés samedi après-midi contre le projet de construction d’un parking souterrain sous le jardin de Jeitaoui.

Ils étaient près de 300 à se rassembler au jardin des Jésuites pour protester contre le projet de parking de la municipalité.

Des centaines de militants et riverains se sont retrouvés samedi dernier au jardin des Jésuites afin de rappeler leur attachement à l’un des derniers espaces verts de la ville. Une protestation contre la municipalité qui souhaite construire un parking souterrain à l’emplacement du jardin historique où se côtoient une bibliothèque, des jeux pour enfants et des mosaïques centenaires.
Au cœur de la foule, alors que les orateurs se succèdent à la tribune, Benjamin Diamirjian reste assis et observe la scène, amusé. À 75 ans, ce retraité habite à quelques mètres du parc depuis des années. Aujourd’hui, il manifeste pour la première fois de sa vie. « Je viens souvent ici pour prendre l’air ou me reposer, pour passer du bon temps avec mes amis ou avec mes petits-enfants. S’ils détruisent ce jardin, nous n’aurons plus aucun endroit où aller », déplore-t-il.
Ce sentiment, ils sont nombreux à l’exprimer dans le voisinage. Et chacun participe à sa manière à cette journée de mobilisation. Aux balcons des immeubles qui entourent le parc, des banderoles ont été déployées où l’on peut lire « Prenons position pour préserver le jardin des Jésuites ».

 

(Repère : Jardin des Jésuites : Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la polémique...)


Dans les allées du jardin règne une ambiance bon enfant. Jongleurs et fanfare se succèdent sur la scène improvisée, au milieu du parc, alternant avec les discours des responsables de nombreuses ONG présentes pour l’occasion.
Symbole d’un quartier résidentiel attaché à son parc, les Khoury sont venus manifester en famille. Mona, son mari et ses deux enfants, Joe et Nadim, ne comprennent pas que l’on s’en prenne à « leur » parc quand des dizaines d’autres endroits pourraient être réquisitionnés : « Regardez ces arbres de trente mètres de haut, rien ne peut les remplacer. Il y a un problème de parking qui doit être résolu, mais pas aux dépens des jardins. Pour la municipalité, un terrain avec de la végétation est un espace vide, mais c’est très important pour nous. »


Cynthia Bou Aoun a 25 ans et n’habite pas Beyrouth. Néanmoins, elle tenait absolument à participer à la manifestation. « Aujourd’hui ce jardin est menacé de disparition mais demain ça peut être celui qui se trouve à côté de chez moi. Je suis heureuse de constater une telle mobilisation, on sent qu’il y a une énergie positive ! » sourit-elle.
À deux pas du jardin, de l’autre côté de la rue, Samia Karam est responsable d’une agence de taxis. Comme beaucoup de commerçants du voisinage, elle est opposée au projet : « Les travaux vont porter préjudice aux commerces alentour. Et niveau pollution, ça ne va rien arranger puisque toutes les voitures seront regroupées ici. »

 

 

 

 


« Un projet opaque »

Giorgo Tarraf est responsable de l’association « Save Beirut Heritage ». Il a relayé l’appel à manifester. Pour lui, la préservation du jardin des Jésuites est essentielle. « L’Organisation mondiale de la santé recommande 9 mètres carrés d’espace vert par personne dans une ville. C’est le minimum pour une vie saine. Or, à Beyrouth, on n’en compte pas plus de 0,1 par personne », explique-t-il. Il poursuit : « Un espace vert c’est aussi sacré qu’une mosquée ou une église, c’est tout aussi important. Les gens s’y retrouvent. C’est un repère dans la vie urbaine. » Face à la détermination de la municipalité, ce dernier dénonce un manque d’écoute et de transparence de la part des responsables politiques : « Le projet est opaque, la municipalité ne nous écoute pas, quels que soient nos arguments. » « Pour de tels travaux, les responsables doivent se plier à la loi libanaise et aux normes en faisant des études environnementales. Il faut que les gens aient l’opportunité de participer à un débat public, qu’ils puissent peser le pour et le contre », souligne-t-il.


 

 

 

Selon Wissam Mehanna, responsable de Greenpeace, « beaucoup d’immeubles qui tombent en ruine et de terrains abandonnés dans la région peuvent être utilisés pour la construction de parkings ». Cette mobilisation est donc très importante, le seul moyen pour les opposants « d’envoyer un message très clair à la municipalité de Beyrouth », selon lui. Confiant, il ajoute : « Cette manifestation était un premier pas vers des négociations avec les responsables du projet. »
Giorgo Tarraf, lui, préfère rappeler que la vigilance est de rigueur. « Nous devrons sûrement revenir. Et si nous ne sommes pas écoutés, nous finirons par occuper ce jardin », affirme-t-il.

 

 

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