Des rebelles de Deir ez-Zor avant le lancement d’une roquette en direction des forces du régime.Khalil Ashawi/Reuters
Israël a mis en garde la Syrie contre la poursuite des envois d’armes sophistiquées aux militants islamistes du Hezbollah, selon le New York Times hier. « Israël est déterminé à poursuivre ses efforts pour empêcher les envois d’armes sophistiquées au Hezbollah. Le transfert de telles armes au Hezbollah va déstabiliser et mettre en danger l’ensemble de la région », a déclaré un responsable israélien au quotidien new-yorkais. « Si le président syrien Bachar el-Assad réagit en attaquant Israël, ou essaie d’atteindre Israël par le biais de terroristes, il mettra en danger son régime car Israël répondra », a ajouté ce responsable.
Toujours sur le même point, le directeur de la CIA John Brennan est arrivé hier soir à Tel-Aviv pour une visite surprise consacrée notamment à la Syrie, a-t-on indiqué de source officielle israélienne, ajoutant que M. Brennan a rencontré le ministre israélien de la Défense Moshé Yaalon. Au cours de l’entretien, ce dernier a réaffirmé qu’Israël « ne permettra pas le transfert d’armes » syriennes, notamment chimiques, au Hezbollah. La visite de M. Brennan intervient deux jours après la rencontre entre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le président russe Vladimir Poutine, qui avait mis en garde M. Netanyahu contre tout acte qui déstabiliserait davantage la situation en Syrie. Le secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon rencontrera d’ailleurs aujourd’hui le président russe, a indiqué hier le Kremlin, ainsi que le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, toujours à propos de la Syrie.
(Pour mémoire :Ces Libanais prêts à mourir pour le Hezbollah en Syrie...)
Lavrov pour une présence iranienne à Genève
Côté russe justement, M. Lavrov a estimé hier que l’Iran doit être convié à la conférence internationale proposée par Moscou et Washington et destinée à trouver une solution politique au conflit en Syrie. « Nous partons du principe que tous les participants à la réunion du 30 juin de l’an dernier, plus deux acteurs-clés, qui n’étaient pas l’an dernier à Genève, l’Iran et l’Arabie saoudite, doivent être invités », a déclaré M. Lavrov dans cet entretien à la chaîne el-Mayadine. Moscou et Washington sont de fait tombés d’accord la semaine dernière pour organiser une conférence internationale et relancer le processus de Genève, du nom d’un accord signé le 30 juin 2012 entre les grandes puissances sur une transition politique en Syrie, sans Bachar el-Assad. Mais ni la Russie ni le régime syrien n’acceptent l’idée que M. Assad soit exclu d’une telle transition. « Nous devons avoir avec la Russie cette discussion franche pour la convaincre que son intérêt, l’intérêt de la région et l’intérêt de la paix, c’est d’en terminer avec Bachar el-Assad », a de son côté estimé hier le président français François Hollande.
L’Iran a par ailleurs critiqué hier une résolution – symbolique – adoptée la veille par l’Assemblée générale de l’ONU condamnant « l’escalade continue » des attaques menées par le régime de Damas dans le conflit syrien. Cela « va non seulement ne pas aider à la résolution du conflit mais provoquera également une escalade des actes et des crimes des groupes extrémistes en Syrie », a déclaré le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères.
Le rôle turc
Toujours sur le plan diplomatique, le président américain Barack Obama et le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan ont promis hier de continuer à faire pression sur le régime de Bachar el-Assad, même si le président américain a reconnu qu’il n’existait pas de « formule magique » pour mettre fin au conflit en Syrie. « Nous allons continuer à faire monter la pression sur le régime d’Assad et à coopérer avec l’opposition syrienne. Le Premier ministre (Erdogan) a été en pointe dans les efforts de la communauté internationale pour obtenir une transition vers une Syrie démocratique, sans Bachar el-Assad », a déclaré M. Obama lors d’une conférence de presse avec son hôte, à la Maison-Blanche. Saluant la « générosité extraordinaire » des Turcs qui ont accueilli quelque 400 000 réfugiés syriens sur leur sol, M. Obama a souligné que la Turquie allait « jouer un rôle important au moment où nous réunirons des représentants du régime et de l’opposition dans les prochaines semaines », faisant allusion à l’organisation de la conférence internationale consacrée à la Syrie.
Sur le terrain, au moins 63 personnes ont été tuées hier dans les violences en Syrie selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Cette ONG a aussi révisé à la hausse, à 145 morts, le bilan du « massacre confessionnel » perpétré selon elle par les forces loyales au régime début mai dans un quartier sunnite de la ville de Banias. Un autre massacre de ce genre aurait d’ailleurs été perpétré à Douma, dans le Rif de Damas, selon des militants hier qui faisaient état d’un premier bilan de 30 morts.
Enfin, les rebelles syriens ont annoncé hier avoir lancé une contre-offensive sur une grande base militaire du sud du pays ainsi que sur des postes de contrôle à Deraa, pour tenter de regagner du terrain à la frontière avec la Jordanie. Cette contre-offensive dans le sud du pays coïncide avec une campagne des rebelles à l’est de Damas pour tenter de reprendre la ville d’Otaiba, point crucial pour le ravitaillement en armes de la capitale et de la région.
Lire aussi
Message de Moscou à Beyrouth sur le congrès international sur la Syrie
commentaires (0)
Commenter